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Le plus Italien des Paris-Saclaysiens

Le 9 mai 2024

Entretien avec Jean-Claude Morel

Le 16 avril dernier, la plateforme SMAU donnait de nouveau rendez-vous à Station F, pour faire découvrir l’innovation made in Italy. Nous y étions. L’occasion d’échanger avec des startuppers italiens, mais aussi Jean-Claude Morel que nous avions déjà interviewé, en octobre 2021, lors de la journée de workshops, qui marquait le lancement de la Deeptech Alliance Paris-Saclay.

- Si vous deviez, pour commencer, pitcher ce rendez-organisé à Station F ?

Jean-Claude Morel : Il s’agit d’amener des représentants de l’écosystème italien de l’innovation – des startuppers – vers le marché français. Une cinquantaine au total, à qui nous offrons la possibilité, à travers des rendez-vous B to B, des pitches et des tables rondes, de montrer leur savoir-faire, leur technologie, d’appréhender le marché français, de trouver des interlocuteurs potentiels, pour tester leur solution et, au-delà, s’engager dans de l’innovation ouverte.

- L’innovation ouverte, le mantra de cette édition…

J.-C. M. : Nous sommes plus que jamais à l’heure de cette innovation : un grand compte ne peut plus prétendre innover tout seul, en interne, à travers sa R&D, ses bureaux d’études. Il gagne à se rapprocher de start-up. C’est désormais admis et les grands groupes ont pris l’habitude de travailler avec elles, soit en les acquérant, soit en les accompagnant dans leur développement.

- Plusieurs grands comptes français participent à votre événement…

J.-C.M. : Notre rendez-vous est aussi l’occasion pour eux de découvrir nos start-up, de prendre la mesure du dynamisme de notre écosystème d’innovation, que ce soit dans l’énergie, la santé, le digital,… En Italie, l’utilisation du réseau mobile, en particulier, est très avancé, y compris dans sa version 5G. Nos start-up sont particulièrement à la pointe dans ce secteur. Il n’est donc pas inintéressant pour les grands groupes français d’observer les tendances du marché italien, car elles peuvent annoncer le futur.

- Je ne résiste pas à l’envie de constater que pour qu’il y ait innovation ouverte, il faut encore que les partenaires éventuels se rencontrent, en présentiel, même à l’heure des plateformes Zoom, Teams ou autres, autrement dit des échanges en distanciel… Ici, les participants ont l’occasion d’échanger en vrai à l’occasion des tables rondes ou de moments plus informels,…

J.-C.M. : Oui, absolument. Un événement comme celui-ci permet de créer de l’empathie entre les participants. Ce qui est essentiel pour nouer une relation de confiance, dans la durée. L’innovation n’est pas qu’une question de technologie, c’est aussi et d’abord une affaire de relations humaines. A fortiori quand on s’inscrit dans de l’innovation ouverte. Bien sûr, cela passe par la rédaction d’un cahier des charges, mais celui-ci ne saurait suffire. Encore faut-il des rapports interpersonnels, qui donnent envie de travailler ensemble, dans un esprit collaboratif. Bien plus, je dirai qu’innover, c’est le fait d’avancer en partageant un même rêve !

- À vous entendre, même à l’heure de l’IA, il y a donc encore nécessité d’échanger entre des intelligences humaines, en prenant le temps de se parler, de se rencontrer…

J.-C.M. : Encore une fois, de l’innovation ouverte, cela suppose de partager des rêves, sinon des défis. Rêver dans son coin, c’est bien, mais cela ne mène pas très loin. Naturellement, les personnes qui collaborent ainsi dans une logique d’innovation ouverte ne se voient pas en permanence. Chacune à ses contraintes de temps, d’agenda. C’est vrai en général, ça l’est aussi en matière d’innovation ouverte. D’où l’importance de créer des moments de connexion humaine, comme celui-ci. Car si des problèmes se posent, vous les résoudrez d’autant plus facilement et plus rapidement que vous connaissez vos interlocuteurs.

- C’est le deuxième entretien que je réalise avec vous. La première fois, c’était en octobre 2021, à l’occasion d’une journée de workshops, qui marquait aussi le lancement de la DeepTech Alliance Paris-Saclay. dans le nouveau bâtiment du Playground*. Continuez-vous à suivre l’actualité de Paris-Saclay ?

J.-C.M. : Bien sûr ! C’est l’un des principaux clusters d’innovation français – il concentre de 15 à 20% des investissements en R&D du pays. Ce que je trouve intéressant, c’est qu’on y rencontre aussi bien de grands comptes qu’une myriade de start-up, mais aussi de PME-TPE. Naturellement, je m’emploie à convaincre des start-up italiennes, mais aussi extra-européennes à s’en rapprocher, car Paris-Saclay est une porte d’entrée qui permet d’accéder au reste du marché français et, donc, européen.

- Précisons qu’on croise d’ailleurs ici des acteurs de l’écosystème Paris-Saclay. Je pense en particulier à Christian Van Gysel, avec lequel vous étiez en discussion juste avant de m’accorder cet entretien…

J.-C.M. : Oui, nous avons fait connaissance lors d’une précédente édition du SMAU, et nous sommes depuis restés en contact. Ce qu’il y a d’intéressant chez lui, c’est qu’il est pleinement investi dans l’écosystème au titre d’ingénieur chez Nokia, de Business Angel, de fondateur du Hardware Accelerator…

- Sans oublier TEDx Saclay…

J.-C.M. : Sans oublier TEdxSaclay ! Naturellement, j’ai convié bien d’autres acteurs de l’écosystème Paris-Saclay à venir – certains participent même à des tables rondes. Pour les prochaines éditions, je pense qu’on pourra même envisager de prendre le temps de présenter le projet de Paris-Saclay au public de SMAU.

* Pour accéder au précédent entretien, cliquer ici.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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