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Le plateau de Saclay en mode arpentage.

Le 9 février 2021

Le 22 janvier 2021, nous avons arpenté à pied le plateau de Saclay, depuis le site de l’Onera jusqu’au quartier de Moulon en passant par le quartier Polytechnique et en longeant la rigole de Corbeville. Voici un premier écho de cette « balade » au milieu de chantiers, de bâtiments flambant neuf et d’éléments du patrimoine ancien, de zones pavillonnaires et d’espaces naturels, agricoles forestiers, à travers le témoignage d’une des personnes qui nous accompagnaient ce jour-là et qui connaît bien le projet pour avoir été en stage un an durant au sein de la direction du développement économique de l’EPA Paris-Saclay. C’était en 2016-2017. Depuis lors, que de changements, aujourd’hui encore, malgré le contexte de crise sanitaire…

– Pouvez-vous, pour commencer, rappeler les circonstances qui vous ont amené à travailler au sein de l’EPA Paris-Saclay ?

Après des études à Sciences Po Aix, j’ai eu l’opportunité d’y faire un stage d’application en 2016-17. J’avais rejoint la direction qui s’appelait alors « Stratégie et Innovation », au sein du pôle Développement économique. Une première expérience professionnelle, qui fut pour moi l’occasion d’évoluer entre le monde académique, à dominante sciences dures (l’université de Paris-Saclay se constituait autour notamment de l’université Paris-Sud et d’écoles d’ingénieur), le monde industriel et cette nébuleuse de l’innovation que je découvrais avec ses start-up et sa culture du pitch. Entre choses, il m’est arrivé de présenter le projet de Paris-Saclay à des délégations étrangères. Je leur expliquais les enjeux et les échéances (à l’époque, nous évoquions encore l’année 2024 pour l’arrivée du métro automatique !). L’expérience fut en tout cas suffisamment marquante pour orienter la suite de mon cursus : depuis, je n’ai cessé de m’intéresser aux questions d’aménagement du territoire, d’écosystèmes industriels et d’innovation. Et pourquoi ne pas le dire, avec le recul, je ressens une certaine fierté à avoir participé à cette aventure, qui va dans le sens de l’histoire dans la mesure où elle contribue à la nécessaire ré-industrialisation du pays et au tout aussi nécessaire renforcement de ses capacités de recherche et d’innovation.

– Un mot sur vos expériences ultérieures, notamment ce séminaire organisé en 2018 au Centre culturel international de Cerisy sur le thème « Crises de la ville, futurs de l’urbain », au montage duquel vous avez participé en 2018…

D’autant plus volontiers qu’il s’inscrivait dans la continuité de mon expérience au sein de l’EPA Paris-Saclay au sens où il fut l’occasion de de croiser l’expertise d’universitaires, d’opérateurs de l’urbain (à commencer par Suez qui fut à l’initiative de ce séminaire), de praticiens et même d’artistes. Puis, en 2019 j’ai rejoint l’Agence nationale de cohésion des territoires, le temps d’une étude prospective sur le territoire de Saint-Pierre de Miquelon. Un tout autre contexte, mais qui fut l’occasion de prendre encore la mesure de l’importance de l’intelligence collective. Si d’ailleurs un mot clé devait caractériser mon parcours, ce serait cet intérêt pour les conditions d’une intelligence collective entre les acteurs d’un même territoire, attachés à en renforcer le développement économique et l’attractivité.

– Etiez-vous revenu sur le plateau de Saclay depuis votre départ de l’EPA Paris-Saclay ?

Oui, j’y suis revenu au moins deux fois, pour voir comment le territoire évoluait, comment les habitants et usagers se l’appropriaient. Cela faisait cependant près de deux ans que je n’y étais pas venu.

– Et alors, quelles ont été vos impressions, sachant que notre arpentage s’est limité aux ZAC de Polytechnique et de Moulon, de surcroît dans ce contexte particulier de la crise sanitaire ?

J’ai été impressionné de voir comment des chantiers avaient avancé et par tous ces nouveaux bâtiments qui avaient poussé depuis. Cela étant dit, reconnaissons que l’ambiance qui y règne n’est pas celle à laquelle on s’attend. Le campus pâtit du contexte de crise sanitaire. On se désole de voir les étudiants contraints de rester dans leurs résidences sans pouvoir profiter pleinement des nouveaux équipements. Nous en avons croisés ici et là, mais on imagine combien ce doit être pesant pour eux de vivre leurs études sans pouvoir suivre tous leurs cours en présentiel.

– Parmi tous les bâtiments que nous avons pu voir de près, quels sont ceux qui ont plus particulièrement retenu votre attention ?

J’ai eu plaisir à revoir CentraleSupélec, que j’avais déjà eu l’occasion de voir achevée. Un ensemble de bâtiments dessiné par OMA et emblématiques s’il en est du nouveau campus…

– Et l’ENS Paris-Saclay ?

Une toute autre architecture, que j’ai pu enfin voir de près, avec son jardin, son atrium. Nous y avons croisés des étudiants, dont on imagine cette fois le plaisir qu’ils ont à étudier malgré tout dans un tel contexte.

– Nous avons pu visiter d’autres bâtiments dont l’EDF Lab, du moins la partie accessible au public extérieur. Preuve s’il en était besoin que le campus est parvenu à trouver le juste équilibre entre l’exigence de confidentialité et, donc, de limitation des accès, et l’ouverture, de façon à favoriser les synergies, les rencontres fortuites… Malgré le contexte de crise sanitaire, nous avons pu toucher du doigt l’esprit de Paris-Saclay…

Effectivement. L’enjeu est bien de parvenir à faciliter les interactions, à créer une porosité entre les laboratoires, les centres de R&D, les établissements d’enseignement. Sur le papier, cela peut paraître évident, dans la pratique, ça l’est moins, car cela demande du temps. If faut encore faire tomber des barrières mentales. Manifestement, la plupart des bâtiments sont ouverts. A EDF Lab, on peut entrer en passant juste un contrôle. La cafétéria est accessible au public extérieur. Nous sommes effectivement bien dans l’esprit de Paris-Saclay.

– Vous m’avez fait part de votre intérêt pour les tiers-lieux. En quoi cette visite vous a-t-elle conforté dans cet intérêt ?

Les tiers-lieux recouvrent des réalités très diverses. Ils partagent cependant ce point commun d’avoir vocation à faire interagir des personnes de différents horizons, d’accueillir des publics divers. Ils sont pour certains l’occasion de donner une nouvelle vie à des délaissés, en les investissant pour d’autres usages, susceptibles d’inspirer d’autres manières de faire la ville. M’y intéresser, avec Théo [qui a également pris part à la visite] est pour moi l’occasion de poursuivre la réflexion initiée à Paris-Saclay dans d’autres milieux et pas seulement urbains. Force est en effet de constater que la notion trouve à s’incarner dans des espaces moins denses, en milieu périurbain ou même rural, où ces tiers-lieux permettent d’imaginer d’autres manières de s’alimenter, de se déplacer, d’innover… C’est dire si Paris-Saclay, de par la diversité de ces espaces – urbains, naturels, agricoles, forestiers… – peut s’inspirer de ce qui se passe sur d’autres territoires, dans le sens d’une innovation plus frugale.

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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