Le 5 juillet 2016, se déroulait donc la première édition de Paris-Saclay Connexion, à l’EDF Lab Paris-Saclay. Quelle ne fut pas notre surprise d’y croiser Sébastien Manganneau, un entrepreneur rencontré il y a deux ans au cours de journées organisées à Cherbourg, sur le thème de l’hydrogène. Il explique les motifs de sa présence ici, mais aussi ses attaches au Plateau de Saclay.
– Mais que faites-vous donc ici, à Paris-Saclay Connexion ?
J’ai été contacté par les organisateurs qui m’ont proposé de participer à la convention d’affaires. En marge de mon activité de conseil, j’ai, avec mon frère informaticien et un autre associé, créé une start-up, Noomen. Elle propose un algorithme destiné à améliorer les recherches sur les sites de e-commerce, non sans inverser le rapport. Ce n’est plus le moteur de recherche, qui oriente les choix de l’utilisateur, mais celui-ci qui redevient maître de ses recherches : il définit ce dont il a besoin en fixant ses priorités. L’algorithme traite les données au prisme de ses attentes : il identifie tous les produits au plus proche des besoins explicités par l’utilisateur. Une réponse au dépit que beaucoup d’entre nous pouvons éprouver face aux résultats proposés par les moteurs de recherche.
– Où en êtes-vous dans le développement de cette start-up ?
La société vient tout juste d’être constituée. Nous disposons du fameux KBIS, une étape plus que symbolique, s’il en est. Notre produit est fonctionnel et nos premiers démonstrateurs sont déployés. Les développeurs sont installés à Tours. J’assure, de mon côté, la prospection commerciale pendant cette première phase. Plusieurs de nos interlocuteurs se montrent intéressés. Etant en phase de négociation, je ne peux en divulguer les noms. Tout ce que je peux en dire, c’est qu’ils ont des produits de qualité, mais sans parvenir à tirer vraiment profit du e-commerce compte tenu de l’emprise des moteurs de recherche. Nous pensons décrocher nos premiers gros contrats tout prochainement.
– Connaissiez-vous ce territoire de Paris-Saclay ?
Oui. Je suis Polytechnicien de formation. J’ai donc fréquenté le campus, mais c’était il y a une vingtaine d’années. Que de changement depuis ! A l’emplacement où nous nous trouvons (l’EDF Lab de Paris-Saclay), je crois me souvenir qu’il y avait des vaches ! On sent encore l’odeur d’engrais, liés à l’activité agricole qu’on perçoit au loin, mais le paysage est à peine reconnaissable. J’étais à mille lieues de penser que le campus puisse connaître une telle transformation. A mon époque, nous traînions notre ennui dans les rares bars du plateau, saisissant la moindre opportunité de le fuir. Maintenant, on sent qu’il y a un peu plus de vie et qu’il y en aura encore plus dans les années à venir. Je suis même presque un peu jaloux des soirées étudiantes qui peuvent y être organisées, aujourd’hui, comparées à celles que j’y ai vécues.
– Un mot sur les témoignages des entrepreneurs relatifs au rôle de Paris-Saclay dans le développement de leurs sociétés respectives ?
Des témoignages très divers, entre le fondateur de Spartan, qui propose des boxers protégeant contre les ondes de smart-phones ou du WIFI ; celui de Leosphere, une start-up devenue PME, que nous connaissions déjà pour avoir nous-même investi le secteur de l’énergie ; ou encore celui d’EOS innovation, qui conçoit des robots mobiles autonomes s’adaptant à leur environnement. Autant d’exemples de réussites, qui illustrent bien aussi les difficultés susceptibles d’être rencontrées pour développer et pérenniser une société.
– Avez-vous été sensible à la diversité des profils des autres intervenants ?
Oui. Que des responsables d’institutions et des élus manifestent leur volonté d’avancer dans la même direction, ce ne peut être qu’une bonne chose pour les investisseurs et les porteurs de projet. La démarche est bonne et louable. Je me permettrai juste de faire part de mon étonnement devant le décalage entre les intentions affichées en faveur de l’innovation et la forme très classique des modes d’intervention, avec ces plénières, tables rondes aux effectifs pléthoriques et autres exposés ex-cathedra. Je verrais bien des ateliers où les participants pourraient se retrouver en petits groupes sur des thématiques précises. Preuve s’il en était besoin que l’innovation concerne aussi la manière d’en parler et d’échanger à son sujet.
– La question des transports de l’accessibilité du Plateau de Saclay a également été évoquée. Un enjeu, selon vous ?
Oui, bien sûr, et un enjeu dont je peux témoigner. Pour avoir fait mes études à Polytechnique, je connais bien les 280 marches qu’il faut gravir depuis la station Lozère de la ligne B du RER. Cela dit, j’ai cru comprendre que la situation était appelée à s’améliorer avec la construction de la ligne 18 du métro automatique, en plus de l’aménagement du bus en site propre, mais aussi toutes les innovations en matière de mobilité durable.
– Est-ce le spécialiste de l’hydrogène qui parle ?
Oui, aussi. Force est de constater que la plupart des constructeurs automobiles investissent désormais dans ce vecteur d’énergie électrique. Compte tenu du poids de la filière automobile au sein du cluster de Paris-Saclay, je ne saurais trop encourager à faire de celui-ci un démonstrateur, en la matière.
– Quand vous regagnerez Tours pour y retrouver vos associés, sera-ce pour les convaincre de venir s’installer ici ?
Pourquoi pas !
A lire aussi : les témoignages d’Alexandre Evain, ostéopathe en reprise d’études, membre de Start in Saclay, qui a participé à l’édition 2016 d’Innovation Summer Camp (cliquer ici) et de Grace Mehrabe, étudiante et entrepreneure (cliquer ici) ; le rendu de la première édition de Paris-Saclay Connexion (cliquer ici) et l’entretien avec Alexandre Hamroun, chef de projet de l’édition 2016 de l’Innovation Summer Camp (cliquer ici).
Journaliste
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