Le campus du XXIe siècle? Plus que jamais une école de l’altérité.
Même à l’heure du numérique et de la mobilité accélérée des étudiants à l’international, un campus a encore de l’avenir, comme lieu privilégié pour une expérience véritable d’altérité. Telle est l’une des idées-forces que l’on retient de notre visite du Campus HEC, effectuée le 18 mars dernier, à l’occasion des dix ans de l’agence de l’architecte Martin Duplantier (auquel on doit notamment le bâtiment MBA), en sa présence ainsi que celle de plusieurs responsables de la Grande École de commerce.
Sur le Campus HEC, à Jouy-en-Josas, nous avons déjà eu maintes occasions de nous rendre. Jusqu’alors, c’était pour assister à un événement ou une conférence. Cette fois, nous y étions invité avec d’autres journalistes, pour une visite, en présence de l’architecte Martin Duplantier auquel on doit notamment le bâtiment MBA (conçu dix ans plus tôt avec David Chipperfield) et actuellement en charge de définir le nouveau plan guide de l’ensemble du campus.
La Grande Ecole avait pour l’occasion mis les petits plats dans les grands non pour en mettre plein la vue, mais répondre à toutes nos questions : plusieurs de ses responsables nous accompagnaient dont le Directeur Général Adjoint en charge de l’administration, des finances et des opérations, Eric Ponsonnet ; le responsable de la communication, Philippe Oster ; la responsable Relations presse francophone. Sophie Garnichat, etc.
Rendez-vous avait été préalablement donné aux journalistes à la Gare Montparnasse pour, de là, se rendre à Jouy-en-Josas au moyen d’une navette. Ah, ces chers confrères qui vivent encore un déplacement dans l’écosystème de Paris-Saclay comme une expédition ! Vivement le temps où on s’y rendra en s’en donnant les moyens, sans attendre qu’on déroule un tapis rouge. Vivement, donc, la ligne 18 du Grand Paris Express même si, en l’espèce, il n’est pas prévu qu’elle desserve le Campus HEC… (et pour des motifs qu’on apprendra plus tard). Pour notre part, nous nous y sommes rendu en transport en commun via la station Massy-Palaiseau pour récupérer la ligne C qui dessert Jouy-en-Josas, puis, de là, le bus, qui marque l’arrêt aux portes du Campus HEC. A peine une heure, de porte à porte, mais près d’une demi heure d’attente, le temps que nos confrères nous rejoignent…
Une défense et illustration du campus
Il est pratiquement 10 h : la visite peut commencer avec pour point de départ la cafétéria du bâtiment MBA. Elle débute par la présentation de l’ouvrage Le Campus HEC, un modèle d’évolution (éditions Park Books, 2018), riche de plusieurs contributions – celles des deux architectes, David Chipperfield et Martin Duplantier – et de contributeurs d’autres horizons professionnels et disciplinaires, parmi lesquels Christian Hottin, présent à la visite : Conservateur en chef du patrimoine et directeur des études de l’Institut National du Patrimoine, il y rend compte, ainsi qu’il le résume en quelques mots, de l’histoire de plusieurs campus français. Au-delà du cas d’HEC, l’ouvrage est une défense et illustration du concept même de campus, dont il souligne la dimension spatiale pour ne pas dire territoriale. Un campus, peut-on y lire, ce sont « de vastes espaces verts dans lesquels on retrouve un ensemble de bâtiments aux fonctions différentes, sous la matrice commune de la transmission du savoir et de l’enseignement ». « Selon cette définition, peut-on encore y lire, le campus apparaît comme une structure offrant une possibilité infinie de configurations, un véritable modèle adaptable en fonction des différentes exigences. » Ce qu’illustrent bien les images du photographe Cyrille Weiner, qui rythment pour le plaisir des yeux l’ensemble de l’ouvrage.
Les dix ans du « MBA »
Après quelques échanges, place à la déambulation entre les différents espaces du bâtiment. Une première impression d’ensemble se confirme : sa grande luminosité et la générosité de ses volumes. Martin Duplantier : « Nous y tenions, car c’est en réalité dans les espaces communs que tout se passe en réalité, davantage que dans les espaces dédiés aux cours ou aux conférences ». On prend par la même occasion la mesure de ce que ce bâtiment aurait perdu si le programme initial avait été respecté à la lettre… Car, au début, il ne prévoyait pas ce grand hall… La suite a donné raison aux architectes. Aujourd’hui, c’est un espace où ça circule, ça se rencontre, ça se croise et s’interpelle. Non sans donner tout son relief au propos d’un Le Corbusier qu’une personne cite opportunément. De mémoire : « Les couloirs sont les vrais lieux de vie ». Les couloirs et les recoins devrait-on dire. Ici, plusieurs ont été aménagés, en vue de permettre à ceux qui se rencontrent fortuitement de faire une halte. L’architecte ne prononce pas le mot, mais c’est lui qui nous vient spontanément à l’esprit : la sérendipité ! On profite d’un aparté pour l’interroger à ce sujet. Il l’a bien lui aussi en tête, même s’il parle plus volontiers de « fertilisation croisée ».
Aux couleurs de l’entrepreneuriat innovant
La visite se poursuit en direction de l’aile dédiée à l’entrepreneuriat innovant et dont les murs ont été repeints en jaune avec moult mots d’ordre dessus incitant à la créativité, au collaboratif, à l’innovation… On s’enquiert auprès de notre architecte de savoir ce qu’il en pense. Première réponse en forme d’éclat de rire. Puis : « Après tout, il faut accepter que les élèves s’approprient le lieu ». Qui de toute façon à été conçu pour ménager un minimum de réversibilité grâce à un système de cloisons et de plateaux suffisamment souples pour être modifiées.
On emprunte un autre couloir. D’un côté, des pièces où les élèves peuvent s’isoler seuls ou en groupe, de l’autre, des salles en forme de petits auditoriums. Côté température, il ne fait ni trop chaud ni trop frais (bref, ici, l’inertie thermique n’est pas un vain mot). Le bâtiment est décidément agréable à parcourir : où qu’on soit, il est insonorisé. Malgré ses dix ans, il ne semble pas avoir pris une ride. Traversant, il s’est même imposé comme un des bâtiments les plus emblématiques du Campus HEC pour ne pas dire un lieu névralgique.
Une école à l’heure de l’internationalisation de l’enseignement supérieur
« Study Room », peut-on lire sur une porte… Au fil de la déambulation, on pourra mesurer qu’ici, c’est l’anglais qui prime. Un visiteur s’en émeut : « A force d’anglicismes, Le français serait-il appelé à disparaître ? » Eric Ponssonnet rappelle que nous sommes ici dans une école internationale, de surcroît de commerce. Nous aurions pu, de notre côté, évoquer une étude récente de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui rappelle que le français est la seule langue, avec l’anglais précisément, présente sur tous les continents et que le nombre de ses locuteurs devrait continuer à croître dans le demi siècle à venir.
Mais revenons-en à nos moutons, si l’on peut dire. Nous voilà à l’extérieur au milieu des résidences étudiantes : des bâtiments revus et corrigés par Martin Duplantier. Manifestement, les locataires s’y plaisent au point, pour certains d’entre eux, de prendre leurs aises sur les balcons en y laissant qui une chaise, qui un vélo, qui… leurs poubelles. La rénovation a porté aussi bien sur l’extérieur que l’intérieur, en respectant l’esprit des bâtiments conçus sur pilotis, avec des façades profondes, une volumétrie sur R + 4. A l’extérieur, l’architecte a procédé au remplacement des boiseries par des éléments en aluminium et ce, à des fins esthétiques, mais aussi d’efficacité énergétique (conçus avant le premier choc pétrolier, les bâtiments étaient de vrais passoires thermiques). A l’intérieur, des rez-de-chaussée ont été repensés toujours dans l’esprit de favoriser les rencontres fortuites, tandis que les chambres ont été réaménagées pour optimiser l’espace. Toutes ont leur kitchenette. Le maintien de celle-ci a fait débat : faut-il y renoncer pour inciter les élèves à partager leur repas ? D’un autre côté, le campus ne dispose pas de restauration le week-end… Elles ont donc été maintenues. Visite d’une chambre encore inoccupée. Elle fait 16m2 mais donne l’impression d’en faire plus. Sa baie vitrée en guise de fenêtre donne sur l’environnement arboré.
La visite se poursuit à travers le parc en imaginant le spectacle qu’il doit offrir au printemps. Le chant d’oiseaux confirme que nous sommes loin de la capitale. Une construction en bois, peinturlurée de rouge retient notre attention : c’est une œuvre artistique, qui dialogue opportunément avec les bâtiments en béton. Juste une fausse note à déplorer : la signalétique, d’un autre âge. Eric Ponsonnet acquiesce d’autant plus qu’elle sera revue et corrigée. On en profite d’être à ses côtés pour revenir sur l’internationalisation de l’école. Elle a, précise-t-il, débuté réellement dans les années 1990 sous la houlette de Bernard Ramanantsoa, le précédent directeur (l’actuel est le Canadien Peter Todd). Elle s’inscrivait alors dans une approche stratégique. Le même : « Aujourd’hui, elle est une réalité pour les élèves et ce, dès leurs années dans le secondaire – ils n’hésitent plus à comparer les établissements les uns avec les autres. » Une évolution que la Grande Ecole a dû prendre en considération.
Direction le bâtiment historique. On y fait une première halte dans l’amphithéâtre de 425 places, toujours utilisé quoique resté dans son jus. C’est un lieu que nos hôtes ont manifestement plaisir à montrer, à commencer par le directeur de l’immobilier, également présent, et quoique nous y soyons plongé dans l’obscurité. Un alumnus se souvient : « Pas un soir sans qu’il ne s’y passe quelque chose – une conférence, une pièce de théâtre… »
On poursuit en traversant la galerie, qui débouche sur le hall d’honneur où figure en bonne place le tableau des donateurs. Furtive plongée dans l’histoire à la vue de la plaque immortalisant l’inauguration en juillet 1964 en présence du général de Gaulle, en personne. Des escaliers passeraient presque inaperçus. Pourtant, ce sont eux qui mènent à ce qui devrait être un des poumons du campus : sa bibliothèque. On s’y rend. A l’entrée, une élève prête à peine attention à la cohorte qui surgit. Elle est plongée dans L’Economie du bien et du mal. Sur une étagère trône bien en évidence un album de Lucky Luke, Un Cow Boy à Paris.
Une bibliothèque ouverte 24 h sur 24
Mais, très vite, plus de doute : on est bien dans le temple de la connaissance avec des rayonnages en voulez–vous en voilà, arborant tous les domaines susceptibles d’intéresser le futur cadre dirigeant ou entrepreneur : « management control », « capital markets », « social sciences »… Directement inspirée du modèle anglo-saxon, la bibliothèque fonctionne 7 jours sur 7, 24 h sur 24… Elle aussi a été restaurée, mais, apprend-on, par des équipes en interne. Le résultat, c’est une ambiance agréablement surannée dans un espace des plus lumineux et fonctionnels, avec des salles de lecture ou pour les travaux collectifs.
Il est midi plus que passé. Direction un bâtiment qui abrite une « cantine » très cosy. C’est le moment que choisissent des confrères pour nous quitter déjà. Ah, cet empressement à regagner la capitale alors que nos hôtes prennent autant de temps à nous recevoir ! Le déjeuner terminé, on aborde la dernière ligne droite : une conversation à bâtons rompus avec l’architecte et l’équipe d’HEC. Les questions fusent. Elles sont l’occasion de revenir sur plusieurs sujets abordés de manière éparse et informelle au cours de la visite.
Par exemple, sur l’interaction avec l’environnement immédiat. L’architecte reconnaît la difficulté : « Relativement récent, le campus a été construit sur une décision politique, dans l’esprit du modèle américain, à l’écart de la ville ». Mais le même d’observer : « Les élèves d’aujourd’hui se préoccupent de plus en plus des questions environnementales et alimentaires, ce qui les inclinent à interagir davantage avec le territoire. » Rappelons que la Ferme de Viltain est toute proche, ce qui devrait les y encourager, de même qu’à se nourrir autrement, si ce n’est déjà fait.
Le camps comme école de l’altérité
Une autre question porte plus crûment sur l’intérêt qu’il y a encore à construire sinon rénover des bâtiments d’enseignement supérieur et plus globalement un campus à l’heure du numérique et autres MOOC… C’est Eric Ponsonnet, qui introduit lui-même le sujet, pour mieux nous convaincre de l’importance de tels équipements : « Aujourd’hui encore, on a besoin de faire l’expérience d’une véritable rencontre avec l’autre et, si possible, différent de soi, culturellement et socialement. Si, donc, un campus a encore un avenir, c’est dans sa capacité à nous faire vivre l’altérité au quotidien ». Ce qu’il résume dans une jolie formule : « Dans un tel endroit, le mot d’ordre est l’inverse du fameux “ Connais-toi toi-même ”. C’est plutôt “ Oublis qui tu es le temps de faire connaissance avec l’autre ”. »
Une expérience de l’altérité, donc, et au sens fort, puisque le campus a pour lui de drainer des étudiants de différents horizons géographiques (aujourd’hui, 40% de ceux qui le fréquentent sont étrangers), mais aussi sociaux (grâce au système de bourses). Et Eric Ponsonnet de souligner l’avantage du campus par rapport à l’enseignement en ligne : il permet de bâtir des relations d’autant plus enrichissantes, qu’elles sont marquées du sceau de la diversité. « Sur un campus, en effet, on rencontre des personnes que l’on n’aurait pas pu croiser sur les réseaux sociaux qui, par définition et le jeu des algorithmes, sont enclins à favoriser les interactions avec d’autres, qui nous ressemblent. »
Reste que le campus du XXIe siècle ne peut plus ressembler à celui conçu dans la seconde moitié du XXe siècle. Du fait de l’internationalisation, déjà évoquée, et de la transformation de la scolarité (à HEC comme dans la plupart des Grandes Ecoles, chaque élève passe une de ses années d’études à l’étranger). Eric Ponsonnet observe encore le rôle primordial que revêt désormais, dans ce contexte, les lieux de vie, ceux-là même que l’on avait plutôt tendance à reléguer au second plan : le restaurant, la cafétéria, les halls… « Ces lieux sont désormais aussi importants que les amphithéâtres et les classes. » Dès lors, l’enjeu est de changer de paradigme : au campus organisé autour des lieux d’enseignements, on passe à un campus organisé autour des lieux propices aux rencontres fortuites. On y revient.
L’avantage d’un campus résidentiel
Le même reconnaît qu’en l’état actuel des choses, le Campus HEC manque singulièrement de polarité centrale, d’une forme d’agora, qui en relierait clairement les différentes composantes. De là à regretter sa localisation même, loin de la ville, il n’y a qu’un pas qu’il ne franchit pas. Il souligne au contraire l’avantage du campus résidentiel (incarné par celui d’HEC) par rapport au campus urbain (où les étudiants, résidant ailleurs, ont moins de probabilité de se rencontrer en dehors des cours). Sans compter le calme sinon la qualité sonore, qui règnent ici, à l’extérieur comme à l’intérieur, et qu’on a pu apprécier tout au long de la visite. Au point de nous interroger à voix haute : et si le premier avantage comparatif du campus du XXIe siècle était d’être un refuge contre les bruits et autres nuisances sonores des lieux densément peuplés ?
Une autre interrogation trotte dans notre esprit : et si le campus était un lieu d’ancrage, où on se pose pour mieux se projeter et revenir (l’ancrage ne veut pas dire enracinement) ? Ce qui suppose un attachement des alumni à leur campus. Pas de souci à avoir de ce côté-là, pour le Campus HEC où ils ont plusieurs motifs de revenir : pour recruter, au nom de l’entreprise qu’ils ont intégrée ou fondée ; tutorer les étudiants dans leur projet entrepreneurial ; participer à une formation exécutive ou aux journées portes ouvertes – Eric Ponsonnet : « Nos alumni ne sont pas peu fiers de faire découvrir leurs anciennes écoles à leur conjoint et leur progéniture. » Certes, le temps où on passait toute sa scolarité supérieure dans le même campus, en continu, est révolu – comme indiqué, les élèves d’HEC s’en absentent durant l’année à passer à l’étranger, mais aussi leurs stages. Ils n’en restent pas moins attachés à leur ancien campus.
Des campus qui se posent tous les mêmes questions
Naturellement, l’équipe dirigeante et l’architecte ont observé et continuent d’observer ce qui se fait ailleurs, quand ils n’ont pas déjà des exemples en tête. Le directeur de l’immobilier a lui-même fait un long séjour aux Etats-Unis durant lequel il a pu voir de près les campus de Yale University, de la Kellogg School of Management (« un véritable cœur de ville »), etc. Le benchmark, puisque c’est de cela qu’il s’agit, réserve cependant des surprises : toutes les prestigieuses universités anglo-saxonnes sont loin d’être aussi numérisées qu’on le pense. Il est aussi l’occasion de constater que chaque campus se pose en vérité les mêmes questions, ainsi que le relève Eric Ponsonnet : comment repenser la pédagogie ? Faire évoluer les espaces d’enseignement ?… Autant de questions qui sont loin d’appeler des réponses standards. Ce qui n’est pas plus mal. A entendre Eric Ponsonnet comme nos autres interlocuteurs, « un campus ne cesse de devoir s’adapter à un environnement en constante évolution. » C’est dire si c’est une réalité vivante et un reflet de la société. Ce qui place devant un autre défi : être en mesure de lancer des programmes immobiliers qui soient encore pertinents quand ils sortent de terre… Or, rappelle Marc Duplantier, il faut compter plusieurs années entre le début de la conception d’un bâtiment comme le et son entrée en fonction… Raison de plus de se garder de transposer tels quels des modèles clés en main.
Petit en effectif mais grand par la taille
Si, comparé à d’autres, le Campus HEC est petit en effectif, il est encore grand en superficie : pas moins de 138 ha, ce qui en fait un des plus grands d’Europe, parmi les Business Schools, et encore sans compter les locaux de la Porte de Champerret et les espaces loués à Station F. Des ha arborés comme on l’a dit, qui justifient une approche qui ne soit pas exclusivement architecturale, mais paysagère. Ce dont l’architecte Martin Duplantier est convaincu : « Un campus, c’est aussi des vides qu’il faut apprécier comme tels. Et si quelque chose permet de les valoriser, c’est justement l’approche paysagère. » Martin Duplantier Architectes se veut d’ailleurs une agence aussi bien d’architecture et d’urbanisme que de paysage. Et naturellement, notre architecte n’ignore rien du travail du paysagiste Michel Desvigne, mandataire du groupement qui a été en charge de définir les grandes orientations de l’aménagement du Plateau de Saclay, et dans le prolongement duquel il veut s’inscrire, en travaillant sur « les porosités du Campus HEC avec le reste du territoire ».
Un architecte « hybride »
Les échanges se focalisent sur son propre parcours, qui présente une particularité : il est lui-même un ancien d’HEC, en plus d’être diplômé de l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSA) de Paris-Malaquais. Un profil hybride, peu courant, qui l’a plutôt desservi au moment de la construction du bâtiment MBA, ainsi qu’il nous le précise dans l’entretien qu’il nous a accordé ultérieurement (mise en ligne à venir). Mais sans que manifestement cela ne lui porte plus préjudice que cela – c’est à lui qu’a été confié la définition du futur plan masse (qu’il préfère appeler plan guide) du campus.
Plan guide qui doit composer avec une problématique liée à une particularité du site, à savoir : son dénivelé de 65 m, qui contrarie fortement l’homogénéité de l’ensemble (non sans en accentuer aussi la singularité) et les possibilités d’interactions avec l’extérieur. Les idées n’ont pas manqué par le passé pour palier cette situation comme celle de construire un funiculaire… Au-delà, l’ambition du plan guide est de mettre le campus à l’heure du développement durable, du numérique ou encore de la « glocalisation » (un ancrage local combiné à une projection à l’international). Parallèlement au plan guide, la suite, c’est aussi plus de capacité d’hébergements et plus de salles de cours.
Et la Ligne 18 du Grand Paris Express ?
Aussi curieux que cela puisse paraître, l’accessibilité du site depuis Paris, autrement qu’en voiture, n’a guère été évoquée, pas plus que la Ligne 18 du Grand Paris Express, encore moins le fait qu’aucune station n’ait été prévue pour le desservir spécifiquement. On finit par mettre les pieds dans le plat. Un participant confie alors : au moment où le projet Paris-Saclay a été lancé, en 2008, la direction de la CCI de Paris de l’époque n’y croyait peut-être pas autant que cela et n’a donc pas cherché à obtenir une station à Jouy-en-Josas. La confidence est faite sur le ton du regret. Même si des alternatives existent, entre la mise en place de navettes supplémentaires et les mobilités douces. Y compris les pistes cyclables dont le directeur de l’immobilier rêve à haute voix pour raccorder un peu plus le campus au Plateau de Saclay.
Il est 14 h 30. Il est temps de repartir. Pourtant, on est loin d’avoir tout vu : les terrains de sport, le gymnase, « Le Château »,… Qu’à cela ne tienne, on reviendra. Fût-ce en mettant à profit le premier événement auquel on assistera. En attendant, rendez-vous a été convenu avec Martin Duplantier pour une interview en bonne et du forme. Ainsi, nous en saurons plus sur sa vocation d’architecte, son cursus et le plan guide. A suivre, donc.
Crédit photo : Cyrille Weiner.
Journaliste
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