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Le bien-être au travail : retours d’expériences.

Le 16 juillet 2019

Le 4 juillet 2019, le WAWlab organisait son 5e séminaire d’été sur le bien-être au travail, en proposant pour l’occasion des retours d’expériences d’entreprises, mais aussi d’institutions, de collectivités et d’associations. En voici un premier écho à travers le témoignage de l’une de ses animatrices, Fatima Bakhti, qu’on ne présente plus (nous rappellerons juste qu’elle est par ailleurs Directrice du Programme global de Développement des sites de Nokia). Elle revient au passage sur le parti pris de transformer le laboratoire d’expérimentation du bien-être au travail à Paris-Saclay (la vocation du WAWlab) en une association loi 1901.

– Avant d’en venir au thème de ce séminaire, rappelons que cette édition marquait la 5e année d’existence de WAWlab. Que de chemin parcouru depuis sa création…

En effet ! Car, lorsque nous avons créé WAWlab, avec Nicolas [Dortindeguey] et Thierry [Roussel], force était de constater que la question du bien-être au travail était encore peu d’actualité ou même prise au sérieux. Pas plus d’ailleurs que l’idée de remettre l’humain au centre des organisations, à laquelle finalement elle revient. J’ai maintenant le sentiment qu’à travers nos différents rendez-vous, workshops et séminaires d’été, qui sont autant d’occasions de découvrir des pratiques et des méthodes, nous avons probablement contribué à l’acculturation de plusieurs des acteurs de Paris-Saclay à cet enjeu du bien-être au travail. Le territoire dans son ensemble commence à se l’approprier. Ce qui, bien évidemment, ne peut que nous encourager à poursuivre l’aventure.

– Mais le terreau n’était-il pas favorable, comme en témoignent d’ailleurs la création même du WAWlab, par des personnes – dont vous – qui ne se connaissaient pas nécessairement avant, et la manière dont votre initiative « a pris » ensuite, vos rendez-vous drainant assez vite un public nombreux et varié ?

Très certainement. Paris-Saclay a pour lui de concentrer une diversité de profils d’hommes et de femmes – des universitaires, des entrepreneurs, des étudiants… – qui, parce que précisément ils n’ont pas les mêmes cultures professionnelles, interagissent en étant obligés de faire l’effort de se comprendre et ce faisant, sont naturellement amenés à évoluer sur ce genre de problématique comme sur d’autres. Autrement dit, si Paris-Saclay présente un terreau favorable, ce n’est pas seulement grâce aux institutions et aux initiatives qu’elles peuvent mettre en place, que grâce à ces hommes et ces femmes, qui y travaillent au quotidien, et qui acceptent de faire un pas de côté, d’interagir, de se confronter aux points de vue différents du leur, de partager des pratiques et ce, avec bienveillance.

– Parallèlement, le WAWlab donne l’impression d’avoir constitué une communauté…

En effet. Au cours de ces cinq années, chaque fois que nous avons organisé un événement, les retours ont toujours été à peu près les mêmes : les participants nous disent combien ils sont ravis de faire partie de cette communauté de personnes, qui partagent les mêmes préoccupations et les mêmes convictions qu’eux. Au sein de leurs organisations ou institutions respectives, ils peuvent parfois se heurter au scepticisme de leur hiérarchie ou de leurs collègues, quant à importance de mettre en place des actions visant le du bien-être au travail. Moi-même ai pu constater que, de prime abord, la problématique ne suscite pas forcément engouement de tous mes interlocuteurs. Le premier intérêt de nos ateliers et de nos séminaires a donc été de rencontrer d’autres professionnels qui sont eux aussi convaincus de l’intérêt de traiter du bien-être au travail, qui se posent les mêmes questions sur le sujet ou qui ne demandent qu’à partager leur expérience ou découvrir des sujets et des pratiques à travers l’expérimentation. Bref, au WAWlab, vous pouvez ouvertement échanger à propos de votre intérêt pour le bien-être au travail, avec des personnes qui partagent vos convictions. Tout le monde est le bienvenu, qu’il soit chercheur, consultant ou praticien. Notre persévérance a semble-t-il payé. Encore une fois, de plus en plus de personnes se préoccupent du bien-être au travail. Je le constate autour de moi.

– La preuve que la question du bien-être au travail est prise au sérieux, ce sont tous ces nombreux retours d’expérience que vous avez pu réunir à l’occasion de cette 5e édition, aussi bien d’entreprises que d’institutions ou d’associations…

Exactement ! Jusqu’alors, nous avions, au cours de nos ateliers ou séminaires, davantage mis l’accent sur les méthodes existantes ou les conseils. Cette année, nous souhaitions voir comment des projets liés du bien-être au travail se mettaient concrètement en place et avec quels résultats, sans pour autant nous limiter au monde de l’entreprise. Nous voulions aussi donner la parole à des hommes et des femmes qui mènent des expérimentations concrètes au sein d’institutions ou d’associations. A cet égard, je suis très reconnaissante aux représentants des STAPS de Paris-Sud, de la Communauté Paris-Saclay (partenaire de l’événement) ou encore de la mission locale ViTaCiTé de nous avoir fait profiter de leur propre retour d’expérience.
Les premiers nous ont utilement rappelé que l’éducation physique et sportive n’avait pas pour seule vocation de valoriser le culte de la performance, mais le bien-être des personnes en leur apprenant à écouter davantage leur corps, pour savoir s’arrêter à temps, plutôt que de persévérer à tout prix dans des efforts qui risqueraient de nuire à leur santé.
Le témoignage de la Communauté Paris-Saclay a été particulièrement apprécié car il a bien montré que les agents de la fonction publique étaient non seulement concernés, mais encore en mesure d’innover tant dans la manière de dresser un état des lieux, que dans la mise en place de nouvelles méthodes de travail, plus transversales, collaboratives, prenant en compte le degré d’aspiration des agents à la mobilité professionnelle – il est vrai que l’enjeu est d’importance depuis la création de cette communauté à partir de la fusion de deux précédentes agglomérations, qui avaient leurs spécificités, leurs cultures et leurs modes d’organisation. Bien plus, ils nous ont utilement rappelé qu’une organisation, quelle qu’elle soit, ne peut prétendre innover si elle ne se préoccupe pas de la qualité de vie au travail de ses équipes.

– Quant au témoignage de ViTaCiTé, il était porté par sa directrice, Fabienne Schremp, accompagnée pour l’occasion d’une stagiaire, Nasyba, étudiante en Langues étrangères et appliquées, qui a témoigné de son premier stage en entreprise. Preuve s’il en était besoin que le bien-être est l’affaire de tous et ce, dès le plus jeune âge. Preuve aussi qu’on gagne à entendre les nouveaux venus sur le marché du travail…

Oui, le témoignage de Nasyba était précieux. Elle a su bien exprimer ses attentes en tant que future salariée, déjà mère de deux enfants. Nous avons d’autant plus intérêt à écouter les jeunes, qu’ils ne sont plus aussi prêts à endurer les conditions de travail de leurs ainés et recherchent du sens et du bien-être.
En bref, par la diversité des témoignages, ce séminaire a permis à chacun de trouver des exemples concrets, adaptés à sa propre situation. Or, rien de tel que l’échange d’expériences pour faire grandir une communauté. Comme je vous le disais dans un précédent entretien, un écosystème qui fonctionne bien est un écosystème où les gens se rendent des services, en commençant par partager leurs retours d’expériences. Ce séminaire-çi a été plus que jamais l’occasion de le faire.

– Pour être né dans l’écosystème de Paris-Saclay, le WAWlab n’en est pas moins ouvert sur l’extérieur. Ce dont témoignait une nouvelle fois la participation d’intervenants extérieurs au territoire…

Oui, pour être ancrés dans Paris-Saclay, nous n’en sommes pas moins, bien sûr, intéressés par ce qui se passe ailleurs. Nos intervenants sont d’abord choisis en fonction de leur expertise, pas du territoire dont ils viennent. Cette année, nous avons sollicité les animateurs de la revue Opium Philosophie. Mais tout au long de l’année, nous avons sollicité des auteurs, professionnels et praticiens, venant de Paris ou d’ailleurs…

– … et même du monde, au sens où ces intervenants travaillent pour beaucoup d’entre eux au sein d’organisations internationales. Je pense à Lynn Chauveau, votre collègue de Nokia, qui nous a fait voyager avec la présentation de « Helping Hands », un programme permettant aux collaborateurs de Nokia de proposer des actions caritatives et d’être accompagnés dans leur mise en œuvre, et de témoigner ainsi de la responsabilité sociale de leur entreprise, dans divers pays, du Sud comme du Nord…

En effet. Comme elle l’a bien montré, ce programme permet en plus d’incarner la responsabilité sociale de l’entreprise, de contribuer au bien-être au travail des collaborateurs car, bien évidemment, ceux qui y participent en tirent des motifs de fierté et de satisfaction. Certes, à chaque contexte, ses spécificités quant à la manière de favoriser le bien-être au travail, mais force est de constater qu’il existe des valeurs communes, autour desquelles on peut se retrouver, quelle que soit sa nationalité ou l’écosystème dans lequel on travaille.

– Revenons-en au WAWlab et au changement que vous avez annoncé, à savoir l’adoption d’un statut associatif (jusqu’ici, ce laboratoire d’expérimentation fonctionnait de manière informelle). Qu’est-ce qui vous a décidés à sauter le pas ?

Au fur et à mesure que nous avancions dans son développement, nous nous heurtions à des freins sinon des problèmes pratico-pratiques comme, par exemple, l’impossibilité d’émettre une facture. Compte tenu des ambitions que nous avons pour le WAWlab, il nous fallait passer à une autre étape, sans renier pour autant notre ADN, fait de bienveillance et d’esprit d’ouverture. Nous nous sommes donc résolus à adopter le statut associatif qui offre il est vrai de nombreux avantages à commencer par celui de pouvoir postuler à des subventions, en plus de faciliter l’organisation de nos événements. Nous pourrons aussi intervenir au sein d’entreprises ou d’institutions pour faire profiter de notre expertise, étant entendu que les gains ainsi réalisés seront systématiquement réinvestis au bénéficie de notre communauté.
Au-delà de l’adoption d’un statut associatif, notre volonté est de nous tourner davantage vers les établissements d’enseignement supérieur et les étudiants. Beaucoup y apprennent déjà à gérer des projets et des principes de management. Il nous semble fondamental de les former aussi à la notion de bien-être et de leur faire découvrir de nouvelles méthodes de travail…

… en tant que futurs salariés ou dirigeants, mais aussi en tant qu’étudiants ? Je pose d’autant plus la question que beaucoup d’entre eux sont amenés à poursuivre leurs études dans des conditions pas toujours propices au bien-être…

Oui, il s’agit bien de les sensibiliser à cet enjeu dans la perspective de leur futur professionnel, mais aussi, sans attendre, pour les besoins de leur formation. Les étudiants seront d’autant plus sensibles à leurs conditions de travail en tant que salariés ou dirigeants. Au WAWlab, nous sommes convaincus que le bien-être au travail doit être enseigné et faire l’objet de davantage de travaux de recherche au sein des grandes écoles de Paris-Saclay. Il y va de l’intérêt de tout un chacun pris individuellement, mais aussi de la société dans son ensemble et, pourquoi ne pas le dire, de la santé économique du pays.

A lire aussi les entretiens avec Alexandre Parodi, contributeur de la revue Opium Philosophie (pour y accéder, cliquer ici) et Nicolas Dortindeguey, cofondateur du WAWlab (mise en ligne à venir).

Un grand merci à Mona Dortindeguey pour les photographies qui illustrent cet article.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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