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La ZPNAF

La ZPNAF vue de la Haute Vallée de Chevreuse.

Le 17 janvier 2017

Depuis le 30 novembre 2016 et jusqu’au 12 janvier 2017, Terre & Cité anime un cycle de concertation, lancé à l’initiative de l’Etablissement public d’aménagement (EPA) Paris-Saclay autour du programme d’action de la zone de protection naturelle, agricole et forestière (ZPNAF) du Plateau de Saclay. Décliné en fiches, ce programme s’organise autour de trois axes – « Appui aux projets agricoles » (axe 1) ; « Protection et mise en valeur des espaces naturels » (axe 2) et « Développer les liens entre le plateau, les activités et les habitants » (axe 3) – qui auront fait l’objet de six ateliers (trois pour le grand public, trois pour les institutionnels qui contribuent au programme). Chargée d’études en hydrologie au Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, Karine Lefebvre a participé à plusieurs ateliers. Témoignage.

– Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis docteure en hydrologie et géochimie. J’ai fait une bonne partie de mes études supérieures sur l’actuel campus de Paris-Saclay. Ma thèse, soutenue en décembre 2015, portait sur la dynamique du bassin versant de l’Yvette amont. Elle a été financée par le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse. Lequel m’a ensuite recruté en avril 2016 comme chargée d’études pour travailler sur les problématiques de ruissellement et de risques d’inondation, notamment sur les têtes de bassin.

– Comment en êtes-vous venue à participer au cycle de concertation ?

Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, le Parc naturel régional s’étend jusque dans les communes de Châteaufort et de Gif-sur-Yvette, qui font partie de la ZPNAF. Ensuite, le programme d’action peut avoir des effets au-delà du périmètre de cette dernière. Enfin, le Parc naturel régional a des compétences dans un certain nombre de domaines qui peuvent lui être utiles. C’est donc tout naturellement qu’il a été impliqué et ce, en amont. Des collègues ont participé à son comité de pilotage qui s’est tenu au mois de septembre, avant d’être invités à participer au cycle de concertation. En interne, nous avons préalablement identifié les axes sur lesquels nous pensions pouvoir intervenir de la manière la plus pertinente. Autant le reconnaître : le choix s’est fait aussi en fonction des disponibilités des uns et des autres ! Pour ma part, j’ai assisté aux ateliers « grand public » et « institutionnels » de l’axe 1 [Appui aux projets agricoles] et de l’axe 2 [protection et mise en valeur des espaces naturels] car, dans les deux cas, il y avait des volets relatifs à l’eau.

– Quelles ont été vos principales propositions, suggestions ?

En premier lieu, il m’est apparu, comme à d’autres, que d’un axe à l’autre, des fiches se recoupaient avec, en conséquence, un risque de doublon au moment de la mise en œuvre du programme d’action, surtout si cette mise en œuvre n’était pas assurée par les mêmes acteurs. Et ce constat ne vaut pas seulement pour les axes 1 et 2. Il importait donc d’optimiser les interconnexions plutôt que de traiter certaines fiches séparément.
Après, s’agissant des thématiques relatives à l’eau, des fiches de l’axe 2 (14 à 16, en l’occurrence) se sont révélées incomplètes : si elles étaient très précises sur certains moyens déjà mis en place, elles l’étaient moins sur d’autres, ainsi que sur les actions futures. La rédaction de ces fiches avait été confiée aux acteurs directement concernés – en l’occurrence, outre le Parc naturel régional, les syndicats de l’eau. Manifestement, tous n’ont pas disposé du temps nécessaire pour le faire. Le Parc naturel régional a donc proposé, en accord avec l’ensemble des syndicats, de piloter, d’ici le 12 janvier, le recueil d’un complément d’information auprès des syndicats concernés.

– Une illustration au passage de la mobilisation à laquelle donne lieu le cycle de concertation, y compris en marge des ateliers programmés. Y-a-t-il eu d’autres apports qui ont retenu votre attention ?

Oui, y compris au plan personnel. Les ateliers de l’axe 1, relatif aux projets agricoles, m’ont permis de mieux comprendre les contraintes qui pèsent sur les agriculteurs. Naturellement, je n’ignorais pas l’existence de ces contraintes, mais le simple fait d’en discuter directement avec ces derniers, m’a aidée à mieux cerner certains aspects que l’on a plus de mal à aborder dans d’autres contextes. Sans doute que cela pourra être utile à notre dialogue avec les agriculteurs qui opèrent sur le Parc naturel régional.
Cela étant dit, si le cycle de concertation a offert l’opportunité d’amorcer de vrais échanges, il n’évite pas les écueils inhérents à tout dispositif de ce genre. Mobiliser des personnes aussi différentes pendant trois heures, cela ne va pas de soi, compte tenu des contraintes d’agenda des uns et des autres. Pour avoir assisté aux ateliers « grand public », en parallèle à ceux destinés aux institutionnels, j’ai le sentiment qu’y étaient surtout présents des acteurs que nous avons l’habitude de croiser en d’autres circonstances. En même temps, si nous avions été encore plus nombreux, probablement que les discussions auraient été plus restreintes ! Et puis, je n’ai pu assister à l’atelier « grand public » de l’axe 3, qui a été décalé pour répondre aux contraintes horaires des gens. Je ne serai donc pas étonnée qu’il ait été plus suivi, en bénéficiant des échos favorables des précédents.

– Regretter la moindre participation du grand public, est-ce une manière de rappeler que la ZPNAF ne pourra vivre en tant que telle que si les hommes et les femmes qui y résident ou y travaillent, se l’approprient, à travers justement une participation à un cycle de concertation comme celui-ci ?

Oui. Et, en cela, la problématique de la ZPNAF ne diffère pas de celle d’un Parc naturel régional comme le nôtre. Nous travaillons en principe pour que les gens qui y vivent et/ou y travaillent puissent continuer à disposer d’un cadre de vie et de travail agréable, où les activités humaines évoluent en phase avec la protection de notre patrimoine naturel. Seulement, mobiliser la population n’est pas simple. Sans doute est-ce justement de notre responsabilité que de continuer à aller au devant des gens, à les motiver. Pour en revenir au programme d’action de la ZPNAF, il importe qu’il n’apparaisse pas à leurs yeux comme le fruit d’une démarche institutionnelle, poursuivie sans eux.

– Mais peut-être que cette mobilisation apparemment faible du grand public – si tant est qu’elle est confirmée – témoigne aussi du fait que les gens ont intégré l’existence d’institutions comme la vôtre, Terre et Cité ou encore l’EPA Paris-Saclay, avec le sentiment que les enjeux sont pris en main par des gens suffisamment experts et impliqués, de par leur formation, leur expérience professionnelle ou leur engagement associatif ?

C’est effectivement possible. Ce qui ne doit pas cependant nous empêcher de continuer à communiquer sur nos actions, mais aussi sur l’interconnexion des enjeux de façon à provoquer une prise de conscience collective de ce qui va se passer sur le Plateau de Saclay dans les années à venir. Si, donc, j’ai une ultime proposition à faire, c’est de mettre l’accent sur l’effort de sensibilisation au-delà du temps de la concertation. Sans perdre de vue la nécessité d’évaluer les effets des actions menées en ce sens. Trop souvent, ce travail est maintenu au second plan au profit des actions proprement dites. Je ne doute pas cependant que le cycle de concertation, au vu du nombre d’acteurs mobilisés, va impulser quelque chose d’intéressant, y compris sur ce plan-là. D’ores et déjà, il aura permis à des acteurs de mieux se connaître, de saisir d’autres points de vue et de les convaincre d’inscrire leurs actions à l’échelle de la ZPNAF et même au-delà. Rien que pour cela, c’est une avancée prometteuse.

 A lire aussi : le témoignage de Jacques de Givry, Président des Amis du Grand Parc de Versailles (AGPV) et membre du Conseil d’Administration de Terre & Cité (pour y accéder, cliquer ici).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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