Tel est le sujet du colloque co-organisé le 11 juillet 2018 à Paris-La Défense, par la Chaire d’entreprise Paysage et Énergie de l’École nationale supérieure de Paysage (ENSP) de Versailles. Cheffe de projets, Auréline Doreau, que nous avons déjà eu l’occasion d’interviewer, nous en dit plus.
– Pouvez-vous pour commencer par rappeler l’enjeu de ce colloque ?
Il est organisé à l’occasion des trois ans d’existence de la Chaire d’entreprise Paysage et Energie dont il réunit les partenaires fondateurs – l’ENSP de Versailles, RTE (Réseau de Transport d’Electricité) et le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire (MTES) – rejoints pour les besoins de son organisation par l’ADEME et plusieurs acteurs du secteur de l’énergie : France Energie Eolienne (FEE), l’Institut des Hautes Etudes en Développement et Aménagement des Territoires en Europe (IHEDATE), enfin, le Syndicat des Energies Renouvelables (SER). Ensemble, nous souhaitons promouvoir des démarches paysagères dans la mise en œuvre de la transition énergétique sur les territoires. Non sans sortir d’une vision réductrice, qui en ferait un moyen de dissimuler les infrastructures énergétiques. La journée sera d’ailleurs l’occasion de témoigner sur les projets menés au cours des trois premières existence de la chaire et de convaincre d’autres parties prenantes de cette transition énergétique – entreprises, mais aussi collectivités – de l’intérêt d’intégrer la dimension paysagère, mais encore de travailler avec des paysagistes.
– Avez-vous déjà enregistré des changements d’attitude ?
Oui, à commencer par la manière d’envisager les enjeux paysagers d’ouvrages énergétiques. Au début, les énergéticiens nous sollicitaient davantage pour savoir comment dissimuler leurs ouvrages ou infrastructures. Au fil des ateliers pédagogiques régionaux que nous avons mis en place, leurs demandes ont évolué dans le sens d’une meilleure intégration de la démarche paysagère. Pour mémoire, ces ateliers sont l’occasion pour des étudiants paysagistes de formuler des propositions, avec les professionnels qui les encadrent, en vue d’améliorer l’inscription paysagère des équipements touchant à l’énergie. Les énergéticiens ont manifestement pris la mesure du fait que cette prise en compte du paysage n’était pas que source de contraintes, qu’elle pouvait au contraire être un levier de la transition énergétique sur les territoires. Ainsi, le dialogue, qui n’allait pas encore de soi, entre paysagistes et énergéticiens, se fait désormais plus naturellement. Les seconds prennent l’initiative d’associer plus spontanément les premiers dans le cadre de leurs projets d’aménagement et de construction d’équipements et d’infrastructures. Même constat du côté des collectivités territoriales, de plus en plus convaincues de l’intérêt de solliciter les compétences du paysagiste dans le cadre de la mise en œuvre de leur transition énergétique. Le dialogue est d’autant plus intéressant qu’il se fait au sein d’un large réseau d’acteurs, publics, privés, associatifs…
– Au plan de la formation, l’élargissement que vous recherchez concerne-t-il aussi les établissements d’enseignement ?
Oui. La meilleure illustration en est d’ailleurs fournie par Paris-Saclay où nous avons eu l’opportunité de faire progresser une approche interdisciplinaire, au travers d’un concours en forme de workshop, organisé en partenariat avec le LAGI – Land Art Generator Initiative [pour en savoir plus, cliquer ici], à l’école CentraleSupélec, en février 2018. L’objectif était d’ « imaginer le paysage énergétique du futur du plateau de Saclay » dans la perspective de l’élaboration du Plan Climat-Air- Energie Territorial (PCAET) de la Communauté Paris-Saclay. Pas moins d’une vingtaine d’écoles étaient représentées, de différentes régions françaises et relevant de différents champs disciplinaires. A défaut d’avoir débouché sur des préconisations directement applicables, ce workshop aura permis de faire ressortir des propositions particulièrement riches croisant technologie, design, architecture et paysage. Il aura aussi été l’occasion d’acculturer des élèves engagés dans divers cursus, à un travail collectif, pluridisciplinaire, à partir d’un territoire existant, le Plateau de Saclay en l’occurrence. Et puis, le jury comprenait Patrick Le Gall, le directeur adjoint du service Projets urbains de la Communauté Paris-Saclay, ce qui augure au final d’une possible traduction de résultats dans le PCAET de cette agglomération.
Quoi qu’il en soit, ce workshop aura été l’occasion de témoigner une nouvelle fois de notre souci de faire de Paris-Saclay un terrain de jeu privilégié pour la chaire, aux côtés de ses acteurs. Outre l’école CentraleSupélec, plusieurs d’entre eux y ont participé : La Diagonale Paris-Saclay, l’EPA Paris-Saclay et le CAUE de l’Essonne, l’association Terre et Cité et l’ENSA Versailles. J’ajoute que le workshop a été l’objet d’un article paru dans le dernier hors-série de la revue Urbanisme, consacré aux « nouveaux paysages de la transition énergétique ». C’est dire si nous pouvons aussi espérer des prolongements au-delà de cet écosystème.
– Revenons-en à votre rendez-vous du 11 juillet prochain. Suscite-t-il un intérêt tant du côté des paysagistes et des énergéticiens ?
Oui, à en juger par le nombre d’inscriptions que nous avons enregistrées. Plus de 200 personnes se sont inscrites, au moment où je vous parle, soit un peu plus d’une semaine avant le jour J et ce, alors que programme venait tout juste d’être diffusé. Je ne vous cacherai pas mon soulagement : compte tenu de la période de congés estivaux où nous entrons, nous aurions pu craindre une moindre assistance. Finalement, il nous faudra gérer le trop plein, la salle ne pouvant accueillir que 170 personnes… En termes de profils, nous comptons beaucoup d’énergéticiens et de paysagistes, mais aussi des représentants de collectivités et de services de l’Etat. C’est de bon augure pour la qualité et la richesse des échanges.
Pour accéder au programme, cliquer ici.
En illustration de cet article : proposition de l’équipe lauréate « Saclay-sous-bois », alliant pile microbienne et infrastructures paysagères, représentations de jour et de nuit. Crédit photo : APR ENSP / RTE 2016, Avelin-Gavrelle, S. Wotus, M. Nacéri, J. Di Stefano.
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