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Entrepreneuriat innovant

La psychologie sociale à l’heure du Big Data.

Le 17 janvier 2020

Suite des échos à l’édition 2019 de TEDx Saclay à travers le témoignage de Barthélémy Bourdon Barón Muñoz, psychologue social, co-fondateur et CEO de la startup Hajime AI, que nous avons interviewé la veille du jour J puis à l’issue de son intervention.

– Pour commencer, pouvez-vous donner des nouvelles de votre start-up, qui, je le rappelle, a vocation à améliorer l’observance thérapeutique, en croisant l’apport de la psychologie sociale et le Big Data…

Depuis notre premier entretien, réalisé en mai dernier, à l’occasion de Paris-Saclay Spring, notre société a été créée officiellement. Nous avons lancé une étude en partenariat avec un hôpital pour tester notre solution, dont nous avons pu tirer beaucoup d’enseignements. D’ailleurs, nous comptons lancer une seconde étude, avec le même hôpital dans les prochaines semaines. Une preuve de la confiance du corps médical dans la solution que nous proposons. Autres signes encourageants : certains acteurs du monde de la santé viennent directement vers nous pour établir des partenariats. En juillet, nous avons gagné le concours de La Fabrique Aviva ; fin août-début septembre, nous avons emporté le prix Innov’up Faisabilité de la Région Ile-de-France.
Autant de bonne nouvelles qui nous aident dans la poursuite de notre développement : nous continuons à tester notre solution avec les patients en direct, dans des hôpitaux, des associations de patients. Bref, l’aventure se poursuit, en nous réservant de bonnes surprises.

– Le néophyte pourrait avoir le sentiment que tout cela avance, certes, mais lentement. Rappelons lui que vous avez investi un secteur, celui de la santé, qui impose des protocoles de tests stricts aux entrepreneurs innovants avant la mise sur le marché de leur solution thérapeutique…

Oui, et il n’y a rien que de plus normal, et même de souhaitable, puisqu’on touche à un domaine important, qui est celui de la santé : on ne peut rien lancer sur le marché sans passer préalablement par des phases cliniques et ce, dans l‘intérêt du patient. J’ajoute que notre solution recourt à des données numériques relatives à ce dernier. Il nous faut désormais, conformément au RGPD, en garantir la confidentialité. Mais si le secteur de la santé n’est pas facile à pénétrer pour une start-up, le challenge s’en trouve d’autant plus beau à relever. Une fois qu’on y est entré, on mesure à quel point on peut être utile. Et c’est ce qui est le plus important pour nous.

– Venons-en à l’édition 2019 de TEDx Saclay. Comment vous êtes-vous retrouvé à y participer ?

Tout est partie d’une rencontre avec Assya, le jour même où vous m’aviez interviewé [pour accéder à cette interview, cliquer ici]. C’était à l’occasion de Paris-Saclay Spring. Nicolas Reynier, d’Incuballiance, m’avait présenté à elle, juste avant d’en faire autant avec vous. Assya m’a invité à poser ma candidature – je disposais encore de quelques semaines avant la dead line. J’avoue que, sur le coup, je l’avais écoutée, mais sans réelle intention de participer. Mais Nicolas, qui m’avait entendu faire des pitchs, m’a alors encouragé, en considérant que ce ne pouvait être que du positif. J’ai quand même mis quelques jours à me décider.

– Connaissiez-vous TEDx Saclay ?

TEDx Saclay, je l’ai découvert l’an passé – on m’avait offert une place pour assister à la retransmission au SQY. J’avais vu aussi quelques vidéos TED – mais je connaissais pas plus que cela le concept. Et c’est tant mieux car cela m’a permis d’aller au bout de la démarche avec une certaine insouciance. Ma candidature, je l’ai envoyée à la dernière heure du dernier jour comme on jette une bouteille à la mer ! Ma surprise fut d’autant plus grande d’être retenu pour la sélection finale, organisée en juin, à la Terrasse Discovery +x. Nous étions vingt-cinq à concourir, à raison de cinq personnes par catégorie. Je concourais dans la catégorie « entrepreneur ».
Je me satisfaisais déjà d’être arrivé à se stade, car cela me confortait dans l’idée que notre solution intéressait. Je suis donc allé à la sélection d’autant plus décontracté, sans pression. Je ne disposais alors que de trois mn de pitch… Vous connaissez la suite : j’ai été sélectionné par le jury, mais aussi le public. Ce n’est qu’alors que j’ai mesuré ce qui m’attendait Car, entretemps, je m’étais quand même renseigné sur TEDx Saclay et j’ai découvert que ses vidéos étaient largement visionnées. Mais l’édition n’avait lieu que plusieurs mois plus tard, en novembre. J’avais le temps de m’inquiéter du défi qui m’attendait et ne m’en suis donc pas plus soucié que cela !

– Et le thème « résonances », que vous a-t-il inspiré ?

Il m’avait aussitôt parlé, car en tant que socio-psychologue psychologue social, je suis intéressé par tout ce qui peut influencer les comportements individuels et collectifs. Même si je ne parle pas à proprement parler de résonance, j’ai perçu qu’il y avait quelque chose d’intéressant à dire là-dessus du point de vue de la psychologie sociale.

– Nous sommes à la veille de l’événement…

Je commence à réaliser… J’avoue être un peu stressé…

– Pourtant, vous paraissez décontracté…

C’est ce que tout le monde me dit – j’ai l’air zen alors qu’en réalité, je suis stressé… D’autant que j’ai appris que je passais le premier… J’ai demandé pourquoi. On a beau me dire que c’est parce que je suis bon à l’oral, que je saurais mettre ambiance, chauffer la salle… Cela dit, je m’y suis résolu en considérant qu’après tout, j’étais prêt. Il faut dire que j’ai été hyper bien coaché. D’ailleurs, si je peux profiter de cet entretien pour glisser une dédicace, je l’adresserai à Frédéric-Pascal Stein, mon coach d’Ideas on stage. Il est proprement incroyable ! Toujours disponible, il sait mettre en confiance…

– Ça a donc bien résonné entre vous… ?

Oui, c’est le mot !

– Précisons que l’entretien a été réalisé en présence de Céline Lanfranchi-Signol. [ A elle ] Que voudriez-vous lui dire pour l’encourager ?

Qu’il fasse aussi bien que le jour de la sélection !

*     *     *

Un peu plus de 24 heures plus tard, nous retrouvons Barthélémy qui a bien voulu nous livrer ses impressions à chaud…

– Alors, comment avez-vous vécu cette première expérience TEDx ? Il n’est pas donné à tout le monde de se retrouver sur la scène d’un Opéra…

Je ne me rends pas encore compte. Je rappelle que je me suis retrouvé à participer au TEDx Saclay, sans l’avoir vraiment cherché. On me dit que désormais, je suis considéré comme un TEDx speaker, ce qui, apparemment, est un privilège ! Mais encore une fois, je ne me rends pas compte de ce que cela représente. Je n’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose d’exceptionnelle…

TEDxSaclay2019Barthélémy 3– Il y a pourtant un juge de paix, c’est cette résonance qui s’est produite avec le public…

C’est vrai que ce fut une très bonne surprise. Il y eut une réelle résonance avec lui. Pour être honnête, j’avais encore un doute en montant sur scène. Etant le premier à passer, je craignais de cueillir le public à froid, ce qui a ajouté au trac. Sans compter que je comptais commencer mon talk avec une blague. Or, la réussite de la suite dépendait de la manière dont le public l’accueillerait. J’ai donc eu un peu peur qu’elle ne tombe à plat. Ce qui aurait été terrible, car le public risquait de décrocher. Finalement, il a répondu instantanément présent en riant à ma blague. A partir de là, il m’a suivi là où je voulais l’emmener. A la première question que je lui ai lancée, il a encore répondu, dans l’instant. A chaque fois que je proposais quelque chose, il a tout de suite adhéré. Bref, j’étais en confiance. Mon coach comme les organisateurs me l’avaient dit : si je réussissais mon introduction, je pourrais dérouler le reste sans encombres. J’ai donc eu la chance de la réussir. Je pouvais voir le public et constater à quel point il était attentif à ce que je disais. Je n’ai vu personne rivée sur son téléphone ou en train de discuter avec son voisin. Quand je posais des questions, tout le monde répondait. Forcément, cela m’a porté.

– Je peux témoigner du fait que tout du long de la soirée, le public s’est montré attentif et bienveillant, malgré la diversité des registres de discours, et même au moment où des incidents se sont produits…

Et manifestement, c’est une caractéristique du public de TEDx Saclay ! L’an passé, je me souviens d’un intervenant qui avait eu un trou de mémoire. Loin de s’impatienter, le public s’était aussitôt mis à l’encourager, en applaudissant. Waouh ! Cela m’avait beaucoup impressionné. C’est vraiment un public en or !

– Un mot sur le lieu : étiez-vous conscient d’intervenir sur une scène nationale d’Opéra ? Est-ce que cela a pu ajouter au trac ?

En fait, c’est vous qui m’apprenez que c’est une scène nationale… Dans mon esprit, j’intervenais juste à Massy ! (Rire). Cela dit, je savais qu’il s’agissait d’un opéra, ce qui a sans doute ajouté au stress. Pour moi, l’opéra, c’est comme le théâtre : quand on monte sur scène, c’est rarement seul, il y a d’autres chanteurs ou comédiens. Sauf que là, j’étais seul. En plus, je passais le premier ! Je n’avais pas la possibilité d’observer le public, la manière dont il se comportait… Après, que ce soit une scène nationale ou pas, je doute que cela change quoi que ce soit si ce n’est de pouvoir intervenir avec une équipe de professionnels. Moi, je venais juste avec l’idée de le faire devant des personnes, pour essayer de leur procurer du plaisir ou plus précisément encore, de les intriguer. C’est le mot : je voulais intriguer les gens en leur faisant découvrir des choses qui ne connaîtraient pas. En cela, je me retrouvais bien dans l’esprit TEDx, qui est justement de partager des idées à même de transformer le monde, sinon les gens. En l’occurrence, je voulais leur faire découvrir pourquoi on se retrouve à se comporter comme ceci plutôt que comme cela, qu’est-ce qui influence nos comportements.
Et bien sûr, c’était aussi une belle opportunité de leur faire découvrir le projet entrepreneurial auquel je participe au travers de Hajime AI. Non pas pour en faire la publicité – j’ai bien compris que ce n’est pas le propos de TEDx Saclay – d’ailleurs, je n’ai à aucun moment prononcé le nom de ma société.
TEDx Saclay m’aura au moins permis de partager une problématique qui m’est chère, à savoir : les comportements que l’on adopte de manière plus ou moins consciente et ce qui les influence. Problématique à laquelle j’ai été formé et pour laquelle je consacre aujourd’hui ma vie professionnelle. Au final, j’ai parlé de la finalité de mon projet, mais sans avoir besoin de le vendre. En cela, TEDx Saclay a été une expérience intéressante, qui m’a fait sortir des pitchs habituels.

– Vos recherches en psychologie sociale ne vous avaient-elles pas donné l’occasion d’intervenir devant un public, fût-il de pairs ?

N’ayant pas fait de thèse, je ne prétendrai pas être intervenu comme chercheur. Je suis juste psychologue social, ce qui suffit à mon bonheur, car c’est un domaine qui me passionne. Je m’intéresse également beaucoup à ce que le numérique peut apporter dans la compréhension des comportements. Je m’estime heureux de pouvoir vivre de mes passions et d’aider les gens à en faire de même.
Ma conférence TEDx Saclay est donc la première qui m’ait donné l’occasion de parler de mon champ disciplinaire. Jusqu’alors, je n’ai fait que pitcher devant des spécialistes de la santé – un exercice que j’aime bien au demeurant. Certes, je ne disposais que de douze minutes, mais c’est déjà beaucoup, comparé à la durée d’un pitch (au plus trois minutes !).

– Au final, qu’est-ce que cette expérience TEDx Saclay aura inspiré au psychologue social que vous êtes quant à l’influence que le public peut exercer en retour sur lui ou tout autre intervenant ?

Je comprends bien le sens de votre question, qui en somme revient à renverser la perspective en interrogeant non plus seulement la manière dont on peut l’influencer, lui ou une foule (un thème classique de la psychologie sociale), mais dont lui (ou elle) peut influencer. Mais pour l’heure, il est encore trop tôt pour vous donner une réponse étayée, comme ça, à chaud. J’en suis encore à savourer le plaisir que j’ai eu à participer à cette aventure. Je pense aussi qu’il va me falloir me reposer un peu car, pour tout dire, cela fait quand même deux trois jours que je ne dors pas beaucoup. J’ai hâte de rentrer chez moi ! Je me donne jusqu’au début de la semaine prochaine pour réaliser et repenser à ce que j’ai fait. Sachant que j’ai aussi l’intention de revoir les autres intervenants, avec qui j’ai eu plaisir à vivre cette aventure. Ils sont tous plus sympas les uns que les autres.

– Je considère votre réponse comme la promesse de vérifier l’adage suivant lequel « jamais deux sans trois »…

Volontiers ! Je m’engage même à vous réserver un entretien exclusif à l’occasion de mon premier TED car, comme je l’ai dit à mon coach, c’est désormais le prochain objectif que je me fixe. Si l’avant TEDx Saclay m’a mis dans un état de stress, le pendant et l’après m’ont procuré beaucoup de joie. Je me dis qu’il doit en être de même avec un TED !

Et l’entretien de se clore dans un éclat de rire !

Pour accéder aux autres échos à l’édition 2019 du TEDx Saclay, cliquer ici.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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