Entretien avec Hervé Roux, professeur de tango
Comment en vient-on à apprendre le tango puis à l’enseigner ? Une double question qui se pose quand on connaît le degré de technicité et d’exigence de cette danse. Témoignage de Hervé Roux, ingénieur dans les Télécoms, que rien ne prédestinait à la pratiquer au point de vouloir transmettre sa connaissance aux autres. Si ce n’est des circonstances fortuites qui ne sont pas autant que cela le fruit du hasard… Et un environnement, Paris-Saclay, qui compte de nombreux amateurs de tango.
- Pouvez-vous, pour commencer, rappeler les circonstances qui ont présidé à votre rencontre avec le tango ?
Hervé Roux : C’est le fruit d’une suite de circonstances fortuites même si je suis persuadé qu’on n’y vient pas par hasard. Tout a commencé il y a près d’une trentaine d’années, en 1997. Cette année-là, j’avais entrepris avec des amis un voyage en Bolivie. Nous étions partis sacs au dos, avec le guide du Routard et nos appareils photos, à la manière de baroudeurs, mais sans parler le moindre mot d’espagnol, du moins pour ce qui me concerne. Un des amis m’ayant fait observer que ce serait quand même bien d’en profiter pour apprendre la langue, je m’y suis lancé en recourant à la méthode ASSIMIL. Réussissant peu à peu à me faire comprendre durant mon séjour, j’y ai pris plaisir et ai cherché à me perfectionner. Coup de chance, à mon retour au bureau (je travaillais dans les Télécoms, chez Alcatel), mon « chef », connaissant mon tropisme pour l’Espagne, me proposa de partir à Madrid le temps de participer à un projet de R&D sur des système de télécommunications. Je précise que nous devions être un lundi et qu’en cas d’accord, je devais repartir le mercredi suivant… J’étais jeune, célibataire, sans enfants, j’ai donc dit oui ! C’était l’occasion rêvée de parfaire mon espagnol. À peine revenu de Bolivie, encore en plein décalage horaire, me voilà ainsi de nouveau reparti trois jours après… Quoique passé en plein hiver, ce séjour ne fît que décupler mon intérêt pour la langue. Les jours de semaines, je parlais espagnol avec mes collègues, en notant la moindre tournure, la moindre expression idiomatique sur un cahier. Le soir, je bossais ma grammaire, dans ma chambre d’hôtel. À l’époque, nous n’en étions qu’aux balbutiements d’Internet. On n’avait pas accès comme aujourd’hui à autant de chaines TV en langues étrangères. Je mettais donc à profit mon temps libre pour me plonger dans la littérature hispanophone, parcourir l’Espagne. C’est comme cela que je me suis pris de passion pour la culture du monde hispanophone, dans toutes ses dimensions : historique, littéraire, cinématographique…
- Mais comment en êtes-vous venu au tango ?
H.R. : J’y viens ! De retour en France, je m’étais mis à guetter la sortie ou des rétrospectives de films espagnols en consultant l’Officiel du Spectacle. J’allais voir le premier film venu, pourvu qu’il fût en VOST, pour continuer à entendre la langue.
C’est ainsi que je m’en suis allé un jour voir un film, « La Leçon de tango » [un film britannique écrit et réalisé par Sally Potter, sorti en 1997]. L’histoire se déroule entre Paris, sur les quais de Seine, et Buenos Aires. Ce fut un choc esthétique. Pratiquant de longue date la photographie, en noir et blanc de préférence, j’appréciai tout particulièrement la beauté des images, également en noir et blanc. Naturellement, j’appréciai aussi la bande son et, surtout, cette danse que je découvris par la même occasion.
Je précise que j’avais vu ce film au Latina, un cinéma situé près de l’Hôtel de ville et qui programmait des films hispanophones tout en faisant office de centre culturel latino-américain. J’avais pris l’habitude de m’y rendre tous les week-ends. La salle de projection se trouvait au dernier étage, de sorte que, pour regagner la rue, il fallait redescendre plusieurs étages par un petit escalier. C’est ainsi que je débouchai sur une salle où on donnait un cours de… tango argentin ! « Ça n’est donc pas que du cinéma, ça existe vraiment ! », c’est à peu de mots près ce que je m’étais dit. Et là, nouveau choc esthétique !
- Vous y êtes-vous aussitôt inscrit ?
H.R. : Non ! Il m’aura fallu attendre encore sept ans, avant de me lancer.
- Qu’est-ce qui vous aura fait hésiter aussi longtemps ?
H.R. : Tout simplement la peur du ridicule, d’être gauche. À tort, je pensais qu’au tango, c’était à l’homme de mener la danse. Pourquoi ne pas le dire ? Je craignais aussi cette rencontre de l’autre dans une aussi grande proximité physique.
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- Vous souvenez-vous du moment où vous avez sauté le pas ?
H.R. : Oui, c’était en 2004. J’étais À Vélizy, dans un centre commercial qui accueillait une journée des associations locales. L’une d’elle proposait des cours de tango argentin… Je m’arrête, je regarde… On me propose de me rendre aux journées portes ouvertes qui devaient se dérouler au cours du mois de septembre suivant. Quelques semaines plus tard me voici donc à cette journée portes ouvertes, pour assister à un cours de découverte. Autant vous dire que je m’étais préparé à toute éventualité, y compris celle de prendre mes jambes à mon cou… Finalement, je suis resté. La suite de l’histoire, vous la devinez…
- Des mois voire des années d’apprentissage d’une danse particulièrement difficile car on n’apprend pas le tango du jour au lendemain…
H.R. : Non, en effet ! Mais l’avantage, avec cette danse, c’est que quand on s’y met, on ne sait pas ce qui nous attend ! (Rire). On ne se préoccupe donc pas de savoir si ce sera difficile ou pas. On se laisse porter par la fascination qu’elle ne manque pas d’exercer. Et puis quand vous vous retrouvez au milieu de danseurs aguerris, cela paraît si naturel que vous n’avez qu’une envie : parvenir à la même fluidité dont ils font preuve. Pour peu que la fascination ne se démente pas, on s’accroche et on y va ! (Rire). Et puis, j’aime ce qui est élégant, raffiné, distingué… Or, précisément, le tango est une danse élégante, raffinée, distinguée. C’est du moins l’idée que je m’en fais.
Au début, je n’en étais pas moins terrorisé – c’est le mot – à l’idée de ne pas être à la hauteur, de mettre ma virilité en jeu. Du tango, on dit que c’est une danse où l’homme guide, la femme suit. C’est totalement faux, mais au début, je m’en étais laissé convaincre. Avec le recul, je mesure à quel point j’étais prisonnier d’une vision genrée des rapports hommes/femmes. Et pour moi à cette époque-là, un homme qui pratiquait la danse donnait de lui une image un peu efféminée. Cette idée a beau relever du cliché, elle est encore plus prégnante qu’on ne le pense. D’un autre côté, danseurs et danseuses semblaient assumer ces stéréotypes : les hommes avaient toute l’apparence d’hommes, les femmes, de femmes.
- Cette peur n’aura-t-elle pas eu l’avantage de relativiser les difficultés purement techniques ?
H.R. : Ces difficultés techniques sont bien réelles. Quelles que soient ses aptitudes, l’apprentissage demande beaucoup de concentration, de capacité à maîtriser les mouvements du corps au point qu’au début, le tango peut paraître n’être qu’un exercice cérébral. Ce n’est que progressivement qu’on découvre qu’il s’agit non pas tant de maîtriser son corps que de savoir être à son écoute. C’est alors qu’on éprouve la sensation de ne plus faire qu’un avec lui et, donc, avec soi-même.
Quant à la technique, elle s’acquiert en travaillant, en faisant ses gammes. Au début, comme l’apprenti pianiste ou violoniste qui ne sait comment poser ses mains sur le clavier ou tenir son archet, on ne sait comment placer ses jambes, ses bras. Jusqu’à ce que, petit à petit, tout cela devienne naturel. C’est alors qu’on entre dans la possibilité de l’interprétation et que la pratique du tango devient d’autant plus jouissive.
- Qu’en est-il du rapport à la partenaire ?
H.R. : J’ai fini par comprendre qu’il me fallait nous considérer, elle et moi, comme des concertistes, au sens où nous devons nous concerter. C’est bien de là d’ailleurs que vient le mot concerto. Encore une fois, il n’y en a pas un qui a le privilège de dicter charge à l’autre (la femme, en l’occurrence) de suivre. L’un sollicite l’autre qui va répondre à son tour par une autre sollicitation et ainsi de suite. Un dialogue s’instaure entre les deux danseurs par-delà les mots, car le corps est extraordinairement bavard. Plus juste me paraît donc cette idée suivant laquelle au tango, l’homme propose tandis que la femme dispose.
- Est-ce à dire que vous avez définitivement dépassé cette vision genrée qui vous faisait redouter l’idée de pratiquer le tango ?
H.R. : Oui, indéniablement ! Du tango, on dit encore que c’est une danse sensuelle. Personnellement, je ne trouve pas. En tout cas, ce n’est pas le premier terme qui me viendrait à l’esprit pour le caractériser. Je parlerais plutôt d’une parade nuptiale fantasmée, codifiée. Du moins quand c’est un couple mixte. En revanche, quand ce sont deux hommes qui dansent – ce qui était à l’origine le cas : le tango a d’abord été une danse d’hommes -, alors cela change du tout au tout : Entre deux hommes, le tango argentin s’apparente plus à une danse virile et guerrière. Bien sûr, pas plus que la parade nuptiale, la violence ne se traduit en acte. Il apparait alors dans cette danse quelque chose de l’ordre du hakka ou de ces combats que feignent de se livrer des animaux.
- Pour en revenir à vous, quand vous êtes-vous dit « j’y suis ! Je sais danser le tango » ? Ou est-ce un défi à relever dès l’instant où vous entrez en piste ? Pour poser la question autrement : éprouvez-vous encore de l’inquiétude, une forme d’intranquillité chaque fois que vous vous apprêtez à danser ?
H.R. : (Il réfléchit) : De l’inquiétude ? De l’intranquillité ? Oui, peut-être, quand je suis dans la position de l’élève.
- Vous prenez encore des cours ?
H.R. : Oui, bien sûr ! Certes, ce ne sont que des cours ponctuels et pour me perfectionner dans tel ou tel aspect de la danse. Mais c’est indispensable, y compris quand on enseigne. Sans quoi on court le risque de « diverger » par rapport aux principes de base. Ces cours ont donc pour fonction de « recadrer » l’enseignant en le replaçant dans la posture de l’élève, en toute humilité. Il n’en va par autrement avec la musique, du moins pour ce que j’en sais par les témoignages d’amis musiciens. Car, malheureusement je ne joue d’aucun instrument. Mais si j’en suis venu au tango, c’est probablement qu’il a été un substitut à la pratique de la musique.
- Concernant ce rapport du tango à la musique, on ne peut qu’être surpris par la richesse du répertoire entre les morceaux classiques et les plus actuels. C’est du moins ce dont j’ai pris la mesure en assistant à la milonga* à laquelle vous m’avez convié.
H.R. : En effet et cela tient à l’histoire même du tango et à sa diffusion à travers le monde. En Argentine même, il y eut une première génération de compositeurs tous plus talentueux les uns que les autres, qui se côtoyaient, se fréquentaient, passant d’un groupe à l’autre, comme élèves ou enseignants, de sorte qu’à pu se constituer une véritable école, comme cela a pu se produire durant la Renaissance italienne avec tous ces illustrent artistes – peintres, sculpteurs – qui se côtoyaient : les de Vinci, Michel-Ange et autres Fra Angelico non sans s’influencer mutuellement au point de donner naissance à un courant artistique. Et comme cela s’est ensuite produit avec la musique baroque, autour de Vivaldi, Bach, Telemann et de tant d’autres.
Le même phénomène s’est donc produit en Argentine autour du tango qui a nourri un répertoire classique, lequel s’est ensuite naturellement diversifié en rayonnant à travers le monde. Car tout argentin qu’il fût, le tango a été un grand voyageur ! C’est ce que montre bien Nardo Zalko dans son livre Un siècle de tango. Paris-Buenos Aires [éditions du félin, 2016]. En Europe, rappelle-t-il, il est arrivé fortuitement par un bateau en provenance d’Argentine, qui a accosté sur le port de Marseille, un jour de 1906. Des matelots argentins se sont aventurés jusqu’à Paris où ils ont fait connaître la musique et leur danse, qui ont plu à la bonne société parisienne. On peut en sourire quand on sait qu’à l’origine, le tango venait des bas fonds de la société argentine. C’était la musique et la danse des miséreux, des quartiers malfamés.
- Et le mot même de tango, d’où vient-il ?
H.R. : On l’ignore ! Plusieurs hypothèses existent, mais toutes plus incertaines voire farfelues les unes que les autres. D’après certains, le mot serait d’origine latine – ce qui est le plus probable – mais d’autres avancent qu’il aurait une origine asiatique. Il en va finalement du mot tango comme du mot jazz dont l’origine est, aussi incroyable que ce puisse être, également incertaine.
- Pour ce qui vous concerne, tout aura donc commencé par un voyage en Bolivie. Depuis, êtes vous allé en « pèlerinage » en Argentine ?
H.R. : Non et, au risque de vous surprendre encore, je n’en ai pas forcément envie. Peut-être parce que les Argentins se font à mes yeux une idée élitiste d’eux-mêmes et exclusive au regard du tango ! C’est une impression toute subjective, j’en conviens, qu’ils me font dans les milongas parisiennes auxquelles j’ai pu assister.
- Venons-en à l’enseignement du tango. À quel moment vous êtes vous « autorisé » à penser que vous pouviez le transmettre à d’autres ?
H.R. : Transmettre est le mot. J’ai toujours aimé transmettre au point d’avoir eu un temps la vocation d’enseigner. Enfant, j’étais toujours le premier, en classe, à prendre la parole non pas pour montrer que, moi, je savais, mais pour le plaisir de partager ce que je savais. Plus tard, étudiant en classe prépa, je donnais des cours en math et physique pour me faire un peu d’argent, mais aussi parce que j’aimais ça. Tant et si bien qu’à l’issue de mes études d’ingénieur, j’ai hésité entre travailler en entreprise ou faire carrière comme enseignant-chercheur. Finalement, j’ai opté pour l’industrie où les salaires étaient, reconnaissons-le, plus attractifs. Au cours de ma vie professionnelle, j’aurais pu transmettre mon savoir dans le cadre de la formation continue ou de l’apprentissage, mais l’occasion ne s’est pas présentée. Il en aura donc été de l’enseignement comme de la musique : je suis non seulement un musicien, mais encore un professeur contrarié ! Cette fibre pour l’enseignement ne m’a pas quitté pour autant. Dès qu’une occasion s’est présentée à moi de donner des cours, je l’ai saisie. Et cette occasion, c’est le tango qui me l’aura donnée.
- À quel moment êtes-vous passé à l’acte ?
H.R. : J’ai donné mon premier cours en 2016. Quelques années auparavant, j’avais fait savoir que j’étais disposé à donner des cours. Une association essonnienne me l’avait proposé en 2012, mais j’ai décliné considérant que je n’étais pas encore prêt. Perfectionniste comme je le suis, je ne voulais pas rater mon entrée ! Au début, je donnais des cours gratuitement, d’une manière désintéressée, histoire de me tester. Au moins, je conservais la liberté de les interrompre du jour au lendemain au cas où finalement ils ne donneraient pas satisfaction. J’ai eu la chance de faire connaissance avec un couple de profs fabuleux qui m’a donné définitivement confiance.
- Les circonstances n’étaient-elles pas favorables au sens où le tango compte de nombreux amateurs sur le territoire de Paris-Saclay ?
H.R. : En effet, il y a ici un terreau d’autant plus fertile que le territoire compte de très nombreux chercheurs, enseignants et enseignants-chercheurs, des profils ayant une prédilection pour le tango car, comme je le disais, cette danse exige beaucoup de concentration, de rigueur et pour tout dire d’opiniâtreté. Autant de vertus, de traits de caractère que l’on retrouve chez ces chercheurs et enseignants. Quand ils commencent à se saisir d’un problème, ils s’y investissent à fond, vont au bout de leur intuition. Ils se retrouvent donc dans cette dimension cérébrale de la danse, étant entendu qu’il faut la dépasser en renouant avec une autre dimension, plus physique, plus corporelle. C’est précisément ce qu’ils apprécient et recherchent aussi. Certes, il en va ainsi de toutes les danses de couple qui, par définition, mettent en contact deux corps. Mais dans le tango, le langage corporel est d’autant plus développé, intense, qu’à la différence de la plupart des autres danses de couple, les danseurs ne se regardent pas ! « L’abrazo », cette prise dans les bras si caractéristique est fermée de sorte que les danseurs ne se voient pas et ne peuvent donc s’accrocher au langage non verbal du visage de leur partenaire. Tout va passer par des postures, des appuis dans le sol, le rythme de la respiration… D’ailleurs, on ne danse jamais mieux le tango que lorsque l’un et l’autre gardent les yeux fermés. Mais naturellement – je m’empresse de le préciser -, ce n’est guère possible lors d’une milonga : il importe de garder les yeux ouverts pour ne serait-ce ne pas heurter d’autres couples !
- J’imagine qu’une fois qu’on parvient à ce niveau là, ce doit être… comment dire…
H.R. : Magique !
- Précisons encore que vous enseignez dans une école, à Palaiseau…
H.R. : En effet, après avoir enseigné au sein d’associations palaisiennes, j’ai désormais la chance de le faire, en plus de cours particuliers, au sein d’une école de danse, « Belle Fée Danse ». J’y enseigne le tango à des personnes débutantes (niveau 1), voire à des personnes qui n’ont jamais dansé de leur vie (cela a été mon cas, faut-il le rappeler) ; à des personnes qui en ont déjà un peu l’expérience (niveau 2), enfin, à des personnes qui le pratiquent déjà de longue date (niveau 3). Mes élèves se répartissent grosso modo en trois catégories : enseignants (à dominante scientifique) ; chercheurs et ingénieurs ; enfin, professions médicales et paramédicales : médecins, kinésithérapeutes,… Est-ce lié aux vertus thérapeutiques du tango ? Cette danse en a indéniablement et cela tient sans doute à cette manière de prendre l’autre dans ses bras, de partager des émotions.
- L’écosystème concentre aussi beaucoup de chercheurs en sciences humaines et sociales, sciences cognitives, neurosciences ou même à l’interface de la danse et du numérique (je pense notamment à Sarah Fdili Alaoui, enseignante-chercheure au Laboratoire de Recherche Informatique – LRI – de l’Université Paris-Sud). Vous êtes-vous déjà dit que le tango pourrait y être un objet de recherche pluridisciplinaire ?
H.R. : Je ne m’étais jamais fait cette réflexion, mais c’est une piste intéressante à creuser, indéniablement. Je serais intéressé d’en savoir plus sur la sociologie du tango à Paris-Saclay ou ailleurs. Curieusement, je constate que parmi mes élèves, je ne compte encore aucun artiste – peintre, musicien ou autre. D’après une de mes élèves, enseignante-chercheuse en mathématique, les artistes se recruteraient plus du côté du flamenco.
- Si vous deviez un ultime conseil à mes lecteurs, ou mettre en avant une autre caractéristique du tango… ?
H.R. : Plus on progresse au tango, plus on acquiert de l’expérience, plus on tend à en revenir aux fondamentaux vers l’essence même de cette danse. En cela, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec Bach…
- ?!
H.R. : Voyez ou plutôt écoutez ses compositions pour des instruments solos, comme ses suites pour violoncelle ou ses Partitas pour flûte. C’est une musique d’une grande pureté, à un point… (Il lève les bras et les yeux au ciel).
* Un bal où l’on danse exclusivement le tango argentin et ses deux danses cousines, la valse argentine et… la milonga.
Journaliste
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