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Journée ordinaire d’un journaliste à Paris-Saclay.

Le 27 septembre 2019

Un dialogue entre une éminente designer et un tout aussi éminent mathématicien, une présentation de la physique des particules à travers un programme international destiné aux lycéens, enfin, un exposé sur la naturopathie, c’est ce à quoi nous avait été donné d’assister à Paris-Saclay au cours de cette même journée marquant le début du printemps. Récit.

Avec cette journée du 21 mars, ce n’est pas seulement le printemps qui débutait. C’est une nouvelle journée de riches rencontres et d’événements à laquelle il nous était donné d’assister et devant nous conduire tour à tour au Design Spot, dans un laboratoire de l’École polytechnique, enfin, à CentraleSupélec. Le temps étant au beau fixe, nous avions pris le parti de nous déplacer rien qu’à pied, depuis le centre-ville de Palaiseau. Soit, un périple de près de 10 km dans la journée !

DialogueDesignSciencePaysage8 h 15 : nous voilà parti du centre-ville de Palaiseau, donc, direction le Design Spot, donc, qui inaugurait son premier dialogue Design & Science, en l’occurrence avec la designer Constance Guisset et le mathématicien Schoenauer, sur le thème « IA & Création ». Etant arrivé aux abords du site de Nano-INNOV, bien plus tôt que prévu, nous nous résolvons à faire un crochet à EDF Lab, pour y prendre un café. A cette heure-ci, c’est l’un des rares lieux ouverts, avec une cafétéria accessible au public extérieur. Il ne nous en coûtera qu’un contrôle de notre sac à l’entrée, par une vigile au demeurant cordiale. A signaler aussi : l’accueil impeccable de la serveuse, qui tranche avec celui que réservent tant de cafés parisiens !!!

9 h 45 : il est temps de se diriger vers le Design Spot. On reprend son souffle : l’accueil à Nano-INNOV, c’est une tout autre histoire…

10 h : nous voilà au Design Spot. Les deux invités ont juste le temps d’échanger entre eux et avec le modérateur, avant de prendre place sur l’estrade. Constance Guisset et Marc Schoenauer ont beau avoir fait tout juste connaissance, le courant passe bien entre eux, l’une n’hésitant pas à interpeller l’autre sur des questions qui la préoccupent (par exemple sur l’intérêt d’enseigner la codage à son enfant). Et vice et versa. Le public ne tarde pas à intervenir.

Il est déjà 11 h 30, sans qu’on ait vu le temps passer. Du riche « dialogue », on retiendra notamment un vision moins catastrophiste de l’IA et de ses impacts. D’abord, c’est une vieille histoire, qui débute dans les années 1950, avant même que les ordinateurs n’apparaissent. Certes, elle est susceptible de transformer le champ du design, non sans valoriser les vertus propres au designer. Nous profitons du peu de temps qu’il nous reste pour interviewer Vincent Créance, le directeur du Design Spot (entretien déjà en ligne – pour y accéder cliquer ici) et Sarah Fdili Alaoui, que nous avons eu plaisir à revoir (cliquer ici)

MasterclassIMG_177312 h : direction Polytechnique et plus précisément le Laboratoire Leprince Ringuet (LLR, UMR – CNRS / École polytechnique), qui accueille ce jour-là des lycéens dans le cadre de « Masterclass ».
Nous avons rendez-vous avec Sara Tricarico, chargée des relations presse Recherche & International, qui met à profit notre déambulation dans les couleurs du bâtiment pour nous rappeler le principe de ce programme international lancé en 2005, organisé aujourd’hui dans pas moins de 40 pays et auquel le LLR participe depuis 2009 : faire découvrir la physique des particules élémentaires et le collisionneur LHC du CERN, à des lycéens en filière scientifique, en les immergeant une journée entière dans le quotidien des chercheurs. Une nouvelle fois, le LLR accueille des élèves en terminale S du Lycée Jean-Jacques Rousseau, de Montmorency, venus avec trois de leurs enseignants. La matinée était consacrée à la découverte de la physique des particules non pas au travers d’un cours mais de travaux pratiques en forme de défi : les élèves devaient analyser les données réelles issues de l’expérience CMS au CERN afin de découvrir le Boson de Higgs.

Le CMS et Super-Kamiokande en réalité virtuelle

Au moment de notre arrivée, en début d’après-midi, ils planchaient dans une salle informatique sur de vraies collisions protons-protons enregistrées par le CERN. En parallèle, ils se voyaient proposer d’explorer par petits groupes des équipements – le détecteur CMS en et Super-Kamiokande – en réalité virtuelle. Ils étaient pour cela équipés de casques VR conçus par la société Manzalab  en partenariat avec le LLR, dans le cadre d’un projet financé par le PIA (Programme d’Investissements d’Avenir). Tandis que la première a fourni le matériel, le LLR, a mis à disposition les éléments nécessaires au contenu. Pas moins de trois représentants de la société sont là pour assurer le bon fonctionnement du dispositif, et recueillir les impressions des élèves au travers d’un questionnaire. C’est que les casques sont encore en cours de développement. Manifestement, ces derniers ont été conquis. Nous aussi ! Car nous avons pu nous glisser dans un groupe. Découvrir le CMS et Super-Kamiokande de l’intérieur, à taille réelle, c’est forcément impressionnant.
Il faut aussi tirer notre chapeau aux trois chercheurs, qui assurent à tour de rôle l’animation de ces séquences tant ils se montrent talentueux en matière de pédagogie. Parmi eux : Olivier Drapier, directeur de recherche, que nous avions déjà rencontré lors de la journée de présentation des laboratoires de Polytechnique, le 16 octobre 2018 (pour en savoir plus, voir le compte rendu que nous avions fait de cette journée – pour y accéder, cliquer ici). On se risque à lui proposer un micro-entretien entre deux pauses. Bien nous en a pris : on apprend qu’il a la médiation scientifique chevillée au corps, au point de bidouiller des équipements pour les besoins de ses explications, comme celui qu’il nous montre avec une démonstration à la clé (pour accéder à l’entretien, cliquer ici).
On approche des 16 h : les lycéens sont invités à s’installer dans l’amphithéâtre Becquerel pour partager leurs résultats en visioconférence avec trois autres lycées européens (1 italien, 1 grec et 1 géorgien). Malheureusement, la technologie est capricieuse, mais pas au point de décourager l’équipe du LLR, les élèves et leurs enseignants. La connexion finie d’ailleurs pas être établie. Trois des élèves du lycée de Montmorency ont été désignés pour rapporter les résultats de leurs observations et ce, en anglais s’il vous plaît. On est impressionné. Leurs camarades suivent les échanges, dans un silence de cathédrale.

Un atelier WAWlab sur la naturopathie

Nous nous résolvons à partir pour nous rendre à notre troisième rendez-vous de la journée : l’atelier du WAWlab, qui se tient de l’autre côté de la N118, à l’école Centrale-Supélec. Au programme : la naturopathie, à travers une présentation de Marie Ros-Guézet, qu’on ne présente plus si ce n’est pour rappeler à ceux qui l’ignoreraient qu’elle a plusieurs cordes à son arc sinon centres d’intérêt. La naturopathie est l’un d’eux. Déjà, nous avions eu plaisir de l’entendre lors d’une intervention qu’elle avait faite dans les murs de l’EPA Paris-Saclay. C’était il y a quelques mois. Qu’il y avait-il de nouveau ? C’est ce que nous voulions savoir en plus du plaisir de revoir l’équipe du WAWlab, enfin, cet amphithéâtre où elle avait élu domicile (d’ordinaire, les ateliers se déroulent au PROTO204).
Une fois encore, on arrive bien en avance. Mais qu’à cela ne tienne, nous comptons mettre à profit notre avance pour faire une escale à Yvette, le nouveau lieu de vie du quartier du Moulon, aménagé dans l’ancien Point F. Sauf que malheureusement, on trouve portes clauses. Une affiche indique pourtant qu’aux beaux jours, il y a changement d’horaire avec une ouverture à 17 h… Une heure plus heure plus tard, les portes seront toujours aussi closes. On ne fera pas plus de commentaires, mais on n’en pense pas moins (si les rares lieux de vie existant dans le quartier sont fermés aux heures d’ouverture ?!). Depuis, on a appris que le lieu était définitivement fermé. Quelle tristesse ! Nous en souhaitons vivement la réouverture, en faisant cette suggestion : en confier l’animation aux BDE des écoles des alentours, dans une logique de mutualisation.
Mais revenons à notre récit…
Yvette fermée, on se replie à la cafét’ du bâtiment Bouygues de CentraleSupélec. On se résout à prendre un croque-monsieur des plus sommaires. C’est que, marcher, cela creuse l’appétit. Et puis l’ambiance étudiante qui règne ici nous rend moins regardant, même si, autant l’avouer, on pressent que c’est tout sauf naturopathique…

18 h 30 : l’atelier va débuter. En préambule, Fatima Bakhti, qu’on ne présente plus non plus, prend soin d’accueillir le public, de rappeler la vocation de WAWlab. Dans l’une des diapositives qui illustrent son propos, figure désormais la fameuse tirelire en forme de cochon. Histoire de rappeler que tout cela – à commencer par le buffet collaboratif, qui va suivre – n’est possible que grâce à la bonne volonté et générosité des uns et des autres. On apprendra plus tard, à l’occasion du séminaire d’été, le choix de l’équipe d’adopter un statut associatif pour asseoir le modèle économique de leur « laboratoire du bien-être au travail » (voir l’entretien accordé plus tard par Fatima Bakhti – pour y accéder, cliquer ici).
Mais revenons au workshop de ce 21 mars, qui va commencer. Voilà Marie partie pour… 1 h 30 de conférence sans interruption et avec moult diapositives. Impossible de la restituer dans son intégralité. On en rapportera ici juste l’utile distinguo entre naturopathie et naturothérapie. Ou encore le fait que la naturopathie ne prétend pas être une alternative à la médecine (Marie insiste bien là-dessus), mais une démarche complémentaire, destinée à prévenir, en entretenant sa santé, plutôt qu’à guérir.
WAWlab Marie Ros Guezet 2019Voilà pour un simple aperçu d’une conférence dont la restitution fidèle demanderait des pages et des pages. Mieux vaut de toute façon entendre Marie, qui parle avec le cœur : loin d’être un hobby, la naturopathie a été pour elle une planche de salut, dont elle ne veut que faire profiter les autres. Non sans être allée jusqu’au bout de la démarche en suivant une formation et en décrochant le diplôme qui lui permet aujourd’hui de la pratiquer en libéral. En parallèle à ses multiples autres activités. Rappelons que Marie est détachée auprès de l’Académie de Versailles, dans le cadre du dispositif «Ingénieurs pour l’école » (pour en savoir plus, cliquer ici), qu’elle porte aussi un projet de ferme dédiée à la permaculture. Bref, le cluster de Paris-Saclay fait femme !
Malgré la richesse de l’exposé, le public en redemande avec une rafale de questions. Pour notre part, on fait part de notre difficulté à imaginer de devoir renoncer au chocolat. Le café, passe encore, mais le chocolat ?! Et d’ailleurs, l’appareil alimentaire des humains ne s’est-il pas habitué depuis les premières générations ayant pu savourer ce genre de produit ? C’est le sens de notre question qui revient à demander s’il n’y aurait pas lieu d’adapter les principes de la naturopathie aux latitudes où on se trouve… Marie compatit (elle aussi aime le chocolat), mais insiste : pas de chocolat, en tout cas dans la foulée d’un repas. La naturopathie a beau ne pas se réduire à des enjeux alimentaires, la plupart des questions focalisent sur eux. Raison de plus pour envisager une autre conférence sur ce thème – cela tombe bien, Marie nous dit en avoir une toute prête sur ce qu’est une alimentation saine.
En attendant, l’heure est venue de se retrouver autour du buffet collaboratif. Au menu : du fromage, des fraises, biscuits,… L’appétit a suffisamment été creusé pour qu’on ne s’aventure pas à se demander si tout cela est très « naturopathe »… Plusieurs personnes s’attardent, dont des connaissances que nous avons plaisir à revoir : outre l’équipe du WAWlab Philippe Elias, du CEA, Béatrice Bianchini d’EDF, etc.

21 h 30 : il est en temps de retrouver nos pénates. Reste à trouver une bonne âme qui accepterait de nous rapprocher en voiture de notre destination. Une personne y consent de bonne grâce – c’est sur sa route. Nous faisons ainsi connaissance avec Patricia Hilaire, qui n’est autre que l’Ingénieur sécurité environnement du site EDF Lab Paris-Saclay. Encore un motif d’entretien pour Paris-Saclay Le Média, qui s’ajoutera à notre besace déjà pleine de ceux réalisés la veille avec des entrepreneurs ayant participé aux Business Meeting organisé par Le 30, le nouvel espace de coworking de Massy, en amont de la Fête ses entrepreneurs (pour en savoir plus sur cet espace, cliquer ici). Sans compter tous ceux qui seront immanquablement réalisés à l’occasion du DigiHall Day (cliquer ici), de mobilité@VEDECOM (cliquer ici), de DRIM’in Saclay (cliquer ici), de Paris-Saclay SPRING (cliquer ici) ou encore des prochains Entretiens Enseignants-Entreprises (EEE) de l’Institut de l’Entreprise, qui se tiennent les 27 et 28 août prochains, à l’École polytechnique.

 

 

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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