Suite de nos échos à l’édition 2017 de Paris-Saclay Connexion à travers une rencontre avec Frédéric Brèce (à droite), fondateur de la start-up Home Potager, qui propose un potager connecté, permettant de jardiner chez soi en toute simplicité. Lui comme nous ignorions alors qu’il serait lauréat du prix Showroom Innovation…
– Si vous deviez pitcher Home Potager…
Home Potager est né de plusieurs convictions : l’accès à des aliments frais, sains et naturels doit être un droit fondamental et il y a nécessité à pouvoir permettre à tout un chacun de produire une partie de ces aliments, y compris quand on habite en ville, dans un appartement. Nous proposons pour cela un produit accessible, ludique et qui simplifie la pratique du jardinage.
– Concrètement, en quoi consiste votre produit et que permet-il ?
Comme vous pouvez le voir, il s’agit de plusieurs pots (jusqu’à dix-huit) répartis sur une colonne et qui permettent de cultiver autant de plantes. L’ensemble occupe une surface de 0,5 m2 là il faudrait en temps normal une surface au sol de 12 m2. La culture se fait selon les principes de l’hydroponie, une pratique particulièrement adaptée en milieu restreint au plan de la surface et des ressources.
– De l’hydroponie alliée à du numérique…
Oui. Home Potager est un objet intelligent au sens où, encore une fois, il est conçu pour simplifier la vie de l’utilisateur. Concrètement, le produit est équipé d’outils numériques, qui permettent de faire remonter des données relatives à l’état de chaque plante, le tout sur une application qui va les analyser grâce à un algorithme. L’utilisateur saura ainsi quand il devra arroser, ajouter des nutriments, déplacer son « potager ». Ce qui garantit un développement optimal des plantes.
– Mais à trop simplifier la vie des utilisateurs, ne les empêchez-vous pas de devenir de vrais jardiniers ?
Non, pas du tout. Nous faisons juste nous adapter aux conditions de vie des citadins qui veulent se nourrir sainement, mais sans disposer du temps et de l’espace nécessaires, ni disposer de compétences particulières en jardinage. Home Potager leur propose de le faire a minima. Ce qu’on attend avant tout quand on jardine, c’est le contact avec le végétal, de voir grandir ses plantes et d’en récolter les « fruits ». Les manières d’y parvenir sont diverses et c’est tant mieux. Home Potager a été spécialement designer pour permettre au plus novice de devenir un peu plus expert en jardinage et dans la compréhension des plantes.
– On devine que votre solution a dû mobiliser une grande variété de compétences pour sa conception. Comment êtes vous parvenu à les combiner ? Est-ce parce que vous êtes vous-même un être hybride ou parce que vous avez su vous entourer d’une équipe pluridisciplinaire ?
Je suis quelqu’un d’une nature très curieuse : je m’intéresse à beaucoup de choses et je suis aussi bricoleur dans l’âme. A l’origine du projet de Home Potager, il y a d’abord eu un goût pour… la cuisine. Mais comme je voulais travailler à partir de produits sains, j’en suis venu à remonter la chaîne jusqu’à me demander comment le citoyen lambda pouvait les cultiver chez lui sans background technique. Tel a été le challenge que je me suis lancé et qui a débouché sur Home Potager.
– En vous entourant d’autres compétences ?
Non. Ma start-up, je l’ai créée tout seul. La personne présente sur le stand n’est autre que ma fille Clarisse, qui m’a rejoint le temps d’un stage.
– Que dites-vous à ceux qui considèrent qu’une start-up, c’est d’abord une histoire d’équipe ? Seriez-vous un contre-exemple ?
Exactement ! Selon moi, il n’y a pas de règle. De même qu’il y a plusieurs manières de jardiner, il y a plusieurs manières d’entreprendre. L’important est la vision qu’on a de son projet. Certes, seul, on ne pourra pas gérer tous les enjeux de son entreprise ; il faudra donc savoir s’entourer d’autres compétences que les siennes. Pour autant, il ne faut pas voir cela d’emblée comme une contrainte, mais plus comme une commodité, en s’entourant des compétences au fur et à mesure des besoins qui se présentent. Autrement dit, une start-up, c’est bien plus qu’une équipe, c’est un écosystème ; son business model, le startupper le trouve en s’appuyant sur des compétences aussi bien internes qu’externes.
Le plus important, c’es son degré de motivation : est-ce qu’il est capable d’embarquer des partenaires, des investisseurs et des clients au bout de l’histoire ? Je crois que oui en ce qui me concerne, car je crois beaucoup à Home Potager et je veux aller au bout de l’histoire que j’ai commencé à écrire.
– D’où vient cet esprit entrepreneurial ? D’une prédisposition familiale ou de cette proximité entre l’univers végétal et celui des start-up qui emprunte beaucoup de termes au premier (cf « jeune pousse », « pépinière »,…) ?
(Sourire). J’ai toujours cherché à faire ce que ne font pas les autres ! J’ajoute que j’ai une formation d’ingénieur et une longue expérience professionnelle dans l’informatique : j’ai travaillé dix ans dans plusieurs cabinets conseil et dix autres années comme DSI [Directeur du Système Informatique] dans une entreprise industrielle. Ce qui m’a permis d’avoir une vision à 360° sur la supply chain et les process de conception et de production. Fort de ce background, j’ai eu envie de revenir à de l’innovation produit. J’ai donc renoncé à mon statut de salarié pour me lancer dans un projet entrepreneurial en créant ma propre start-up.
– A quel stade en êtes-vous ?
Au stade de l’amorçage industriel : l’objet que vous avez sous les yeux est bien plus qu’un prototype, puisque proche de celui qui sera industrialisé. A cette fin, je suis également en cours de levée de fonds.
– Etes-vous incubé ?
Oui, à l’IMT Starter, à Evry…
– L’IMT Starter dont nous nous avons interviewé récemment le directeur, Sébastien Cauwet [pour accéder à l’entretien, cliquer ici]. Pourquoi était-ce important pour vous de participer à Paris-Saclay Connexion ?
Cet événement m’a offert la première opportunité de présenter mon produit au public. Et puis, pour moi, Paris-Saclay, c’est plus qu’un territoire d’innovation. C’est un vivier de personnes toutes plus passionnées et passionnantes les unes que les autres. Il est facile d’y rencontrer des startuppers, des chercheurs, des investisseurs, bref des gens curieux, qui prennent des risques.
– Permettez-nous de poser la dernière question à votre stagiaire qui se trouve, donc, être votre fille. Clarisse, juste avant d’entamer cet entretien, vous m’avez dit avoir essayé le produit et que l’essai s’était révélé plus que concluant. Mais, votre regard n’est-il pas un peu biaisé ?
Non pas du tout ! Certes, j’ai beaucoup d’admiration pour mon père, car il faut être courageux pour se lancer à son âge dans une aventure entrepreneuriale (il a 50 ans). Mais, indépendamment de cela, je trouve que sa solution correspond à un réel besoin, notamment chez les jeunes citadins, qui, en plus d’être contraints d’habiter dans de petits appartements, n’ont pas beaucoup de connaissances en botanique et en jardinage. Il est clair que j’achèterai donc ce produit. Je demanderai juste à mon père de me faire un prix !
Pour en savoir plus sur Home Potager, cliquer ici.
A lire aussi : les échos à l’édition 2017 de Paris-Saclay Connexion et Paris-Saclay Invest (pour y accéder, cliquer ici).
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