Suite de nos échos à l’exposition Observeur du Design qu’EDF Lab Paris-Saclay avait accueillie au cours du mois de septembre, à travers le témoignage de Gilles Rougon, Collective Innovation Catalyst au sein d’EDF. Il précise l’intérêt pour EDF Lab Paris Saclay d’accueillir cette exposition itinérante.
– Si vous deviez commencer par nous dire l’enjeu de cette exposition que vous accueillez pour la première fois…
C’est effectivement la première fois que nous accueillons, pendant un mois, l’exposition itinérante de l’Observeur du design conçue par l’Agence pour la Promotion de la Création Industrielle (APCI ), dans le tout nouveau centre de R&D EDF Lab Paris-Saclay. Cette exposition présente au moyen d’un dispositif digital les 137 projets français qu’un jury indépendant a considérés comme remarquables en 2017 – des projets portés aussi bien par des centres de R&D, des collectivités et des entreprises, de la PME au grand Groupe. Parmi ces 137 projets labellisés, 31 ont été distingués par une Etoile de l’Observeur 2017.
A noter que cette exposition met en lumière non seulement la qualité du design final d’un produit ou service, mais aussi la démarche inclusive d’innovation par le design tout au long du projet, de l’idée initiale à l’offre finale !
– Qu’est-ce qui vous a motivé à l’accueillir ?
L’accueillir ici faisait sens et ce, pour au moins trois raisons. Premièrement parce qu’EDF est arrivée sur le Plateau de Saclay dans un bâtiment conçu sur des principes d’ouverture, d’interdisciplinarité, de travail collaboratif et d’anticipation… Autant d’ingrédients que le design active pour délivrer des solutions pertinentes…
-… L’architecte Francis Soler, auquel on doit EDF Lab Paris Saclay, était d’ailleurs présent à l’inauguration de cette exposition, signe de sa propre appétence pour le design…
Oui, tout à fait. La deuxième raison tient à l’intérêt ancien de la R&D d’EDF pour le design. Les deux premiers ingénieur-designers ont été recrutés en 1999 au sein de la R&D, l’activité de design intégrée s’est développée jusqu’à la création en 2013 du Design Lab I2R, piloté par Guillaume Foissac avec Etienne Vallet et Léa Longis, sur le site EDF Lab Renardières, près de Fontainebleau. Enfin, aujourd’hui plus que jamais, nous conjuguons le design avec de nombreuses compétences du groupe de la R&D, de nos métiers et avec des partenaires externes, dont ceux de Paris-Saclay. La démarche de design s’attache aussi bien à proposer des produits et services pertinents centrés sur l’utilisateur, et à explorer le potentiel de nouvelles activités industrielles.
– Quel est votre propre rôle dans cette promotion du design au sein de la R&D ?
Recruté il y a dix-huit ans avec Katie Cotellon, j’ai pendant plusieurs années accompagné le développement de l’activité de design industriel sur notre site des Renardières, avant de passer le témoin à l’équipe de Guillaume Foissac. Aujourd’hui, j’ai pour responsabilité de mobiliser les méthodologies du design au service de laboratoires innovants et agiles présents sur EDF Lab Paris-Saclay, en particulier dans le domaine du digital, de l’internet des objets aux réalités virtuelle et augmentée, en passant par les data sciences orchestrées par le Data Innovation Lab. Accueillir ici des illustrations exemplaires et reconnues de ce que le design peut apporter à tout type d’organisation est une manière de susciter de nouvelles collaborations. Rappelons que le design ne vise pas un simple embellissement esthétique s’étalant dans des magazines spécialisés. Bien au-delà, cette discipline de création industrielle s’affirme dans le monde entier comme un levier stratégique de transformation et d’adaptation des organisations.
– Etant entendu que sur les 31 projets étoilés, deux émanent de la R&D d’EDF…
Oui. Ces deux Etoiles de l’Observeur mettent en avant deux projets très différents impliquant EDF. L’Etoile du Développement Durable a été remis par l’Ademe à la communauté énergie digitale City Opt, projet piloté au sein d’EDF R&D par Elise Prieur. La seconde Etoile distingue une gamme prototype de vêtements solaires producteur d’énergie pour nos appareils mobiles. Combinées à l’ensemble des labels et Etoiles 2017, elles contribuent à mettre en lumière la diversité des plus-values obtenues par des organisations ayant collaboré avec des designers.
– 2 étoiles sur 31, cela n’est pas si mal…
En fonction de nos flux d’innovation, nous pouvons soumettre des projets au prix de l’Observeur du Design, dès lors que nous considérons qu’ils sont un reflet d’innovation par le design ayant impliqué nos équipes internes et partenaires de manière vertueuse et pour un résultat juste.
– Un mot encore sur les considérations de Jean-Louis Frechin à propos du design thinking dont il invitait à tourner la page…
Je réagirai à la fois en tant que praticien du design et en tant que membre élu du conseil d’administration de la World Design Organization. Le design thinking, d’un côté, s’est révélé un concept marketing efficace auprès de nombreuses Directions Générales, pour diffuser des démarches centrées sur l’utilisateur et des cycles itératifs d’observation/idéation/prototypage/expérimentation. En cela, il a joué un rôle positif.
Néanmoins, et comme Jean-Louis Frechin l’a très justement rappelé, pour un designer, penser sans faire, c’est comme ne marcher que sur une seule jambe. Au regard de notre expérience, nous ne saurions trop inviter à ne pas recourir au design thinking sans designer, au risque sinon d’ajouter dans les tiroirs de formidables quantités de post-its… sans résultats.
A lire aussi les entretien avec Jean-Louis Frechin, designer et architecte, directeur de l’agence Nodesign.net (pour y accéder, cliquer ici) ; Guillaume Foissac, responsable de l’I2R, le laboratoire accélérateur d’innovation créé au sein d’EDF R&D Enerbat, sur le site des Renardières (cliquer ici) et Olaf Maxant, délégué innovation adjoint à EDF Lab (cliquer ici).
Journaliste
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