Le 27 mai 2021, se déroule une demi-journée autour de l’innovation bio-inspirée, doublée du concours IBIS à l’attention des étudiants de Paris-Saclay. Respectivement président et directeur général d’Ile-de-Science, la structure organisatrice, François Molho (par ailleurs président de la Fondation de l’Université Paris-Saclay) et Philippe Masson nous en disent plus sur le choix de cette thématique et les conditions d’organisation des deux rendez-vous dans le contexte que l’on sait.
– Pouvez-vous pour commencer rappeler la vocation d’Ile de Science ?
Philippe Masson : Ile de Science a vocation à participer à l’animation scientifique du plateau de Saclay, à contribuer au rapprochement des différents établissements d’enseignement supérieur et de recherche au travers de manifestations d’intérêt général : des colloques et des séminaires ; le Village des Sciences, dans le cadre de la Fête de la Science. Ses partenaires sont aussi bien des établissements d’enseignement supérieur (Université Paris-Saclay, CentraleSupélec, etc.) et des organismes de recherche (CEA, CNRS,…) que des entreprises et des associations présents sur le plateau de Saclay.
Rappelons encore qu’elle a été créée en 1978, consécutivement à l’arrivée de Polytechnique et de Supélec sur le plateau, en vue de contribuer au développement de celui-ci : elle se positionnait alors comme l’interlocutrice des élus locaux du district de l’époque, pour ce qui concernait les enjeux scientifiques. La structure s’appelait alors l’Association des établissements scientifiques (AES). Le nom Ile de Science a été repris d’un discours prononcé en 1991 à Polytechnique, par le président de la République de l’époque, François Mitterrand.
– En surfant sur votre site, j’ai découvert que la mention de Paris-Saclay était désormais accolée à l’appellation Ile de Science…
Philippe Masson : Effectivement. Ayant assisté à la genèse de l’Université Paris-Saclay, j’avais pu constater que les établissements qui s’installaient les uns après les autres sur le plateau de Saclay, adoptaient tous cette référence à l’écosystème dans leur appellations respectives (EDF Lab Paris-Saclay, ENS Paris-Saclay, etc.). Naturellement, nous ne pouvions pas nous-mêmes rester à l’écart de ce mouvement. Nos activités étaient de toute évidence liées au développement de l’écosystème. En 2018, j’ai donc soumis la proposition au bureau de l’association, qui l’a actée. Le temps de nous enquérir des modalités d’utilisation auprès de l’Université Paris-Saclay (alors présidée par Gilles Bloch) et de l’EPA Paris-Saclay, la marque Paris-Saclay a été ajoutée. Depuis lors, c’est bien ainsi que s’appelle notre association : Ile de Science Paris-Saclay, ce dont nous nous réjouissons car cela exprime bien notre volonté d’être partie prenante de l’ensemble de l’écosystème, que ce soit du côté des quartiers de Moulon et de Polytechnique ou de celui de Satory.
– Je note que l’adoption de la mention Paris-Saclay par Ile de Science a coïncidé avec votre arrivée, François Molho à la présidence de la structure…
François Molho : La décision avait été actée peu de temps avant. Ce dont je ne pouvais que me réjouir du fait de mon propre engagement au sein de l’écosystème : en plus de ma fonction de Directeur de l’action régionale EDF R&D et de la coordination territoriale EDF SA Paris-Saclay, j’ai été élu en septembre dernier président de la Fondation de l’Université Paris-Saclay. Dès sa création, notre EDF Lab affichait la mention Paris-Saclay. Le campus a d’ailleurs été conçu comme un espace en grande partie ouvert sur l’extérieur : tout visiteur peut y accéder, moyennant un contrôle, et même accéder à sa cafétéria.
– Pouvez-vous commencer par rappeler la genèse du colloque sur la bio-inspiration, ce qui vous a amenés à vous saisir de cet enjeu ?
Philippe Masson : La thématique de chacun de nos colloques est proposée par notre groupe « Veille Innovation Entreprise (VIE), composé de représentants de nos partenaires. Il se réunit tous les ans pour échanger sur une thématique aussi transversale que possible.
Le colloque à venir fait suite à un précédent, organisé l’an passé sur la même thématique. C’est un des membres du VIE, Pascal Bradu (qui, quoique désormais à la DGA à Paris, a encore des attaches avec le plateau de Saclay – il a été notamment dix ans délégué à la valorisation de la recherche à l’École polytechnique), qui nous avait alerté sur son actualité grandissante et le fait qu’elle pouvait intéresser nombre d’acteurs du plateau. Il ne crut pas si bien dire. Organisée le 16 avril 2019, à EDF Lab, avec la participation de plusieurs spécialistes, du plateau de Saclay ou extérieurs, la première édition fut un succès. Tant et si bien que l’idée s’est imposée d’en proposer une suite. Histoire cependant de ne pas épuiser le sujet et abuser de la disponibilité des participants, nous avons pris le parti de nous limiter à une demi-journée (difficile aujourd’hui de mobiliser des intervenants sur toute une journée !). Elle fut programmée en 2020 quand arriva ce que vous savez…
– Dans quelle mesure ce contexte vous a-t-il compliqué la tâche ?
Philippe Masson : Le fait est, il nous a bien compliqué la tâche, comme à tout le monde. Nous ne voulions pas pour autant reporter de nouveau la date du colloque. Même si nous aurions préféré l’organiser en présentiel, nous avons fait le choix du distanciel pour le public, les intervenants étant présents sur place, c’est-à-dire dans le grand auditorium d’EDF lab, si les conditions le permettent. A défaut d’être lui-même sur place, le public pourra néanmoins interagir avec eux, en s’inscrivant et en se connectant sur le site dédié. Je tiens d’ailleurs à remercier les équipes d’EDF Lab pour leur mobilisation dans l’organisation technique de l’événement.
– Un mot sur les intervenants ?
Philippe Masson : Nous aurons la chance d’accueillir Kalina Raskin, CEO et cofondatrice de CEEBIOS, le Centre d’études et d’expertises en bio-mimétisme de Senlis, spécialiste reconnue de la bio-inspiration. Elle clôturera la journée.
– Aviez-vous validé le choix de cette thématique en connaissance de cause des recherches que cette innovation inspirait (si je puis dire) sur le plateau de Saclay ? Ou est-ce la programmation de la première journée qui vous a permis d’en prendre la mesure…
Philippe Masson : C’est à l’occasion du lancement de l’appel à communications que nous nous sommes aperçus que l’écosystème était riche de travaux de recherche dans ce domaine, que des chercheurs et ingénieurs, autour de nous, travaillaient déjà sur le sujet.
– Y compris du côté d’EDF Lab ?
François Molho : Oui, des travaux de recherche s’en inspirent. Le premier colloque avait d’ailleurs donné lieu à d’intéressantes réflexions sur la manière dont nous pourrions concevoir des pales d’éoliennes bio-inspirées. Je saisis l’occasion de votre question pour rappeler que le Groupe EDF s’est doté en janvier dernier d’un Conseil des Parties Prenantes, qui est co-présidé par Jean-Bernard Lévy, Président-Directeur Général d’EDF, et Kalina Raskin ! Je précise au passage que ce Conseil, consultatif, paritaire et multidisciplinaire, compte treize personnalités de la société civile, invitées à apporter leur regard sur les orientations stratégiques du Groupe : il s’agit de spécialistes de l’environnement, du climat, d’universitaires, de représentants de collectifs d’étudiants, de consommateurs, d’économistes et d’acteurs des solidarités.
– Un mot sur la nouveauté introduite à l’occasion de cette édition 2021 du colloque Ile de Science, à savoir : l’organisation d’un concours étudiant…
Philippe Masson : La bio-inspiration étant une thématique en émergence, il nous a paru utile de solliciter des idées nouvelles. Or qu’y a-t-il de mieux que des étudiants pour en recueillir, fût-ce avec le risque qu’elles soient « décalées », utopiques. De là ce concours pour susciter des idées qui, comme nous l’espérons, pourront trouver des prolongements tant en termes d’innovation que de recherche. Ce concours est ouvert à tous les étudiants et élèves d’établissements d’enseignement supérieur du plateau de Saclay, sans exclusive, et même au-delà. D’ailleurs, une école implantée à Villejuif nous a demandé l’autorisation d’y faire participer ses élèves. Ce que nous avons bien sûr accepté, étant entendu que nous ne pourrons pas élargir indéfiniment le périmètre de notre champ d’action !
– Là encore, dans quelle mesure avez-vous dû vous adapter au contexte sanitaire ?
Philippe Masson : Ce fut plus compliqué que pour le colloque, car il s’agit de permettre aux étudiants de faire équipe à distance, depuis chez eux ou de leur campus. Les inscriptions étant à ce stade moins nombreuses que prévues, nous avons lancé une seconde campagne d’information via les réseaux sociaux ; un stagiaire est spécialement affecté à cette mission. Les résultats sont plus qu’encourageants.
– Gageons que la mise en ligne de notre entretien contribuera encore à booster les inscriptions ! En tout cas, on ne peut vous reprocher de faire preuve d’agilité et de résilience, autant de notions qui ont d’ailleurs à voir avec l’innovation bio-inspirée. A se demander d’ailleurs si votre demi-journée n’est pas elle-même bio-inspirée dans sa conception…
François Molho : Force est d’admettre que le digital fait désormais partie de notre quotidien, personnel et professionnel. Les outils qui ont été mis en place en réponse à la crise sanitaire risquent bien de devenir pérennes. Déjà, nous envisageons d’en tirer les conséquences pour l’autre grand événement majeur d’Ile de Science, le Village des Sciences Paris-Saclay, organisé lors de la Fête de la Science. En plus, si les conditions sanitaires le permettent, d’une organisation en présentiel, à CentraleSupélec, nous devrions y introduire davantage de participation en mode distanciel. Il y a un acquis digital avec lequel il faut désormais composer. Et tant mieux, serais-je tenté de dire, car il ménage la possibilité de combiner présence physique et présence virtuelle, tout en permettant d’élargir l’audience d’un événement bien au-delà de Paris-Saclay.
– En attendant, je ne résiste pas à l’envie de revenir sur ce que le site web d’Ile de Science affiche ostensiblement, à savoir : le mot cluster (scientifique). Loin de moi de vouloir bannir ce terme. Reste qu’il connote désormais plus que négativement…
Philippe Masson et François Molho en chœur : Ah !
Philippe Masson : Cette référence au cluster avait été adoptée à l’occasion de la refonte du site intervenue en 2018. A l’évoque, nous étions loin d’imaginer qu’un virus provoquerait des clusters aussi préoccupants.
François Molho : La question ne se pose pas qu’à Ile de Science. Si vous parvenez à trouver un substitut, nous sommes preneurs. Même si, comme vous, je ne crois pas qu’il faille renoncer trop vite à cette notion de cluster. Elle a le mérite d’être compréhensible aussi bien par un francophone que par un anglophone. C’est précieux dès lors qu’on a l’ambition de se projeter au plan international.
Pour en savoir plus sur le colloque et le concours IBIS, cliquer ici.
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