C’est le thème sur lequel devront plancher des équipes étudiantes dans le cadre du workshop/concours organisé du 27 février au 2 mars 2018, par la Chaire Paysage et Énergie de l’ENSP Versailles, l’ENSAV, La Diagonale Paris-Saclay et CentraleSupélec, sur le plateau de Saclay. Les deux premières équipes se verront remettre un prix par un jury composé de spécialistes de différents champs professionnels. Chef de projet à la chaire Paysage et Energie, Auréline Doreau, que nous avons déjà eu l’occasion d’interviewer, nous en dit plus.
– Si vous deviez pitcher ce workshop/concours ?
Le principe est de croiser l’approche de paysagistes avec celles d’ingénieurs, d’architectes et de designers. Les candidats réunis par équipes pluridisciplinaires seront invités à imaginer le futur du paysage énergétique du Plateau de Saclay en partant des filières énergétiques qui y sont déjà présentes ou en devenir. Ce workshop, organisé dans les tous nouveaux locaux de CentraleSupélec, part de la double hypothèse suivante : magnifier la forme des infrastructures énergétiques est un moteur de projet pour le paysage ; inversement, le paysage inspire autant la dimension technique des énergies renouvelables que la forme des infrastructures. Comment opérer la transition du territoire, de façon désirable, par la mise en scène de la production d’énergies renouvelables et par une réflexion sur les multiples usages de l’énergie ? C’est ce à quoi les étudiants seront donc amenés à réfléchir. Ils bénéficieront du concours d’intervenants de différents horizons professionnels, dont Elisabeth Monoian et Robert Ferry, les directeurs du concours international d’architecture Land Art Generator Initiative (LAGI), qui projettent d’en organiser l’édition 2020 à Paris.
– Dans le précédent entretien que vous nous avez accordé, vous précisiez que l’ambition de la chaire est d’aller au-delà d’un embellissement paysager des infrastructures énergétiques. Est-ce aussi le cas avec ce workshop/concours ?
Oui, bien sûr. Il ne s’agit pas d’enjoliver les infrastructures énergétiques pour en améliorer l’acceptabilité par la population ni de formuler de simples propositions esthétiques comme des agences d’architecture peuvent parfois le faire. Des propositions qui ne sont pas inintéressantes en soi, mais qui ne contribuent pas toujours à des transitions réelles des territoires, qui produisent et consomment de l’énergie. Elles interrogent aussi quant au coût de leur mise en œuvre. Je pense en particulier aux fermes verticales, censées renforcer les capacités des villes à produire leurs besoins alimentaires : en plus de se révéler coûteuses (y compris au plan énergétique), elles font passer à côté du vrai sujet, à savoir la promotion d’une agriculture de proximité (dont ces fermes risquent de compromettre la survie) et, au-delà, d’une transition plurielle des territoires (ces mêmes fermes exposent à une standardisation des modèles énergétiques et de leur insertion dans les paysages urbains). [En illustration, une proposition retenue pour le Concours LAGI : Shifting Algae Forest, de l’équipe J. Wolff, P. Richot, A. Sharm et E. Pattamasattayasonthie, pour le Freshkills park, à New York, en 2012].
– Revenons au workshop/concours : quelles sont les conditions à remplir pour y participer ?
Le nombre de place est limité à 35 étudiants. Dès la première journée, après la séance d’introduction, les candidats retenus seront invités à présenter une première idée, avant de se constituer par équipes, de 3 à 5 personnes, celles-ci devant compter au moins un paysagiste, un architecte et un ingénieur.
– Les deux meilleures équipes se voyant décerner un prix…
Oui, de 1 500 et 500 euros. Des prix qui seront remis le 2 mars, après présentation des projets lors d’une séance publique, par un jury final composé d’Elisabeth Monoian et de Robert Ferry, Bertrand Folléa (paysagiste), Vincent Créance (designer) et probablement de représentants de l’Ademe et de l’EPA Paris-Saclay. Précisons qu’un jury intermédiaire se réunira dès le 2e jour pour évaluer les projets proposés par les équipes.
– Comment le principe du workshop/concours s’est-il imposé ?
Suite à une suggestion de Cristina Ottaviano, designeuse industrielle et auteure d’un mémoire sur la « Requalification de la carrière de Fontvieille », réalisé dans le cadre du certificat d’études supérieures en paysage de l’ENSP de Versailles. L’an passé, elle avait proposé de faire le lien entre cette dernière et Elisabeth Monoian et Robert Ferry. Eux-mêmes étaient intéressés par un partenariat avec notre chaire dans la perspective de l’édition 2020 de leur concours. Nous sommes convenus d’organiser ce workshop/concours comme une préfiguration de ce dernier, si d’aventure le projet devait se confirmer.
– Profitons de cet entretien pour prendre des nouvelles de la chaire…
Elle fêtera son troisième d’anniversaire en juin prochain – un colloque anniversaire sera organisé à cette occasion à La Défense, avec le Réseau de Transport d’Electricité (RTE) et le Ministère de la Transition Ecologique et Sociale (MTES). Ses trois premières années d’existence auront été riches en projets menés avec un nombre toujours plus important de partenaires. [En illustration, une autre proposition retenue pour le Concours LAGI : des turbines d’éoliennes compactes, de Laura Mesa Arango et Rafael Sanchez Herrera, Copenhague, 2014].
D’ici juin, nous vous donnons d’autres rendez-vous. Outre le workshop/concours, se tiendra le 8 mars prochain, le colloque annuel de la chaire avec pour thème cette année les « stratégies paysagères pour catalyser le métabolisme territorial ». Il s’agira d’entrer dans la boite noire de la valorisation des flux de matières et d’énergie en allant au-delà des considérations purement techniques pour en appréhender les aspects les plus directement spatiaux et opérationnels. Nous solliciterons de nouveau des acteurs de différents horizons professionnels et disciplinaires : des services techniques de collectivités territoriales, des chercheurs, des paysagistes, qui seront invités à explorer le sujet en témoignant de leur expérience. Il s’agira aussi de prendre en considération le poids des représentations de façon à faciliter l’appropriation des nouveaux paysages de l’énergie par les habitants et les usagers.
Pour…
… en savoir plus sur le workshop / concours et s’y inscrire, cliquer ici.
… accéder au précédent entretien avec Auréline Doreau, cliquer ici.
Légende de la première photo (ci-dessus) : une autre proposition retenue pour le concours LAGI : Carbon Dioxide Scrubber, de l’équipe composée de Matthew Rosenberg (designer), Matt Melnyk (bureau d’études), Emmy Maruta et Robbie Eleazer (assistants de production), pour le Freshkills park, à New York, en 2012.
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