HD Rain, de la prévision et mesure pluviométrique à très haute définition.
Suite de nos échos à la célébration des « 20 ans d’innovations en Ile-de-France », organisée le 8 novembre dernier à Supélec, à travers le témoignage de Ruben Hallali, co-fondateur et CEO de HD Rain, une start-up, qui réalise de la prévision et mesure pluviométriques à très haute définition.
– Si vous deviez pitcher pour commencer le concept de votre société ?
Nous faisons de la prévision et de la mesure pluviométrique à très haute définition pour des structures qui ont besoin d’anticiper les risques d’inondation ou de grêle dans différents secteurs géographiques : des coopératives agricoles, leurs prestataires de services en milieu rural ou encore les compagnies d’assurance en milieu urbain. Nous avons d’ores et déjà deux systèmes opérationnels, l’un à Toulouse, l’autre commercialisé à Manaus, dans le Nord Ouest du Brésil.
– Quelles compétences avez-vous mobilisées pour parvenir à cette innovation ?
HD Rain compte trois associés. Deux – dont moi – ont fait un doctorat de l’Université Paris-Saclay en météorologie, au sein du Latmos (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations spatiale), de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Le 3e associé, nous l’avons rencontré à Toulouse. Nous travaillions à Météo France, lui, à la DGAC [Direction générale de l’aviation civile], en tant qu’ingénieur électronicien – il a vingt ans d’expérience professionnelle. C’est lui qui a conçu la brique hardware des outils que nous commercialisons aujourd’hui – outils qui comptent également deux briques software qui permettent de faire l’analyse du champ de pluie et de la prévision jusqu’à deux heures d’anticipation pour une zone donnée.
– Votre solution aurait-elle pu contribuer à anticiper les inondations intervenues à la mi-octobre dans l’Aude ?
Rappelons pour commencer que la gestion d’un risque d’inondation repose sur une chaîne de décisions, que je connais bien pour avoir été ingénieur chez Météo France. Cette chaîne de décision a été en l’espèce respectée dans son ensemble. Seulement, d’après les témoignages recueillis auprès d’anciens collègues, il y eut des doutes légitimes sur l’état de fonctionnement d’un radar. Les mesures qu’il enregistrait étaient particulièrement inhabituelles. Naturellement, le doute s’est dissipé avec les premières informations remontées du terrain, qui faisaient état de personnes ayant dû se mettre à l’abri sur les toits de leur maison. Entre-temps, on avait perdu quelques minutes, ce qui est malheureusement assez pour perturber la chaîne d’alerte et hypothéquer les chances de porter secours à temps à toutes les personnes en danger.
– Qu’aurait apporté de plus votre solution ?
Elle offre l’avantage de s’appuyer sur un réseau de capteurs suffisamment nombreux pour recouper l’information et en tirer plus rapidement des conclusions quant à la décision à prendre. Pour autant, nous n’avons pas vocation à nous substituer aux services de l’Etat, mais de travailler en bonne intelligence avec eux.
– Qu’en est-il de son coût ?
J’allais y venir, car c’est une autre caractéristique de notre solution, qui est loin d’être coûteuse à mettre en place. C’est pourquoi, d’ailleurs, elle s’adresse en réalité d’abord aux pays qui ne disposent pas des moyens financiers pour acquérir des équipements classiques. Lesquelles se chiffrent à plusieurs dizaines de millions d’euros : 3 à 5 millions par instrument et 30 à 40 instruments pour un pays comme la France. C’est même plusieurs centaines de millions en comptant la maintenance. Les mesures relatives à la pluviométrie sont cruciales pour anticiper les effets du changement climatique. Seulement, nombre de pays directement impactés n’en disposent pas de qualité ni en quantité suffisante. Notre volonté est donc de les aider à palier ce manque.
– Où en êtes-vous dans votre développement ?
Nous avons eu des financements pour le démarrage et la mise en place d’un premier produit (Bourse French Tech, ESA). Nous préparons une levée de fonds en seed (ie en amorçage) pour début 2019.
– Un mot sur PEPITE PEIPS. En quoi ce dispositif a-t-il été utile au développement de votre projet entrepreneurial ?
Nous avons été lauréats du prix régional, ce qui nous a permis, en plus d’un financement et d’un chèque expert, de gagner en visibilité – nous avons été associés à plusieurs événements comme VivaTech, la JEE (Journée des Etudiants Entrepreneurs) ou encore le Toulouse Space Show, et pu ainsi acquérir des prospects qualifiés. Tant et si bien que je pense pouvoir être en mesure de vous annoncer d’ici quelque temps des nouveaux déploiements de systèmes HD Rain [en illustration ci-contre : Ruben Hallali, en pleine installation d’un équipement à Toulouse].
– Et la plateforme Paris-Saclay Start-Up qui a été mise en place, en quoi est-elle susceptible de vous intéresser ?
Elle nous intéresse et ce, dans la perspective de la levée de fonds que j’évoquais. Nous nous y sommes d’ailleurs inscrits aujourd’hui même, à l’occasion de l’événement des 20 ans d’innovations en Ile-de-France, en profitant de la possibilité de le faire depuis l’une des tablettes qui circulaient de stand en stand.
A lire aussi les entretiens avec Jérémy Hervé, Chef de projets Attractivité et Entrepreneuriat, qui a porté, au sein de l’EPA Paris-Saclay, celui de la plateforme Paris-Saclay Start-Up (pour y accéder, cliquer ici) ; Marc Laperche, cofondateur de CocoPlant, une start-up qui a mis au point une solution de filtration naturelle de l’eau pour aquarium, à base de… noix de coco (cliquer ici) ; Amandine Negoti, qui, en plus d’être chargée de partenariats de Start in Saclay, participe à l’aventure WeCashUp, la première plateforme de paiement mobile panafricaine (cliquer ici) ; Aude Nyadanu, fondatrice de Lowpital, une entreprise de l’économie sociale et solidaire, qui a mis au point une méthodologie pour impliquer les citoyens dans l’amélioration de l’expérience patient en milieu hospitalier (cliquer ici) ; enfin, Laurent Goulenok et Sanna Zdoudou, cofondateurs de la coopérative Muuz, qui conçoit des produits à base de lait fermeté (cliquer ici).
Pour en savoir plus sur HD Rain, cliquer ici.
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