Toutes nos publications
Entrepreneuriat innovant

Giva ou comment faire des économies en s’assurant

Le 15 avril 2024

Entretien avec Tristan de La Martinière et Damien Mordaque, cofondateurs de Giva

Suite de nos échos Demo Day du programme Discovery (un concours de pitchs de startuppeurs devant un jury d’investisseurs), qui se déroulait le 14 mars dernier, à la Terrasse Discovery +x, avec, cette fois, le témoignage de Tristan de La Martinière (CEO) et Damien Mordaque, de Giva . Une start-up se propose de vous aider à y voir plus clair sur les sommes que vous dépensez pour vous assurer, et de vous faire réaliser des économies.

- Si vous deviez, pour commencer, pitcher Giva…

Tristan de La Martinière : J’ai créé Giva en 2022 en partant du constat suivant : les particuliers sont amenés à souscrire à plusieurs contrats d’assurance (pour leur habitat, leur véhicule, un emprunt,…), mais sans avoir d’idée précise sur ce qu’il leur en coûte au final, ces contrats étant souscris le plus souvent chez différents assureurs. Or, cet éparpillement ne correspond pas à un choix volontaire, mais est le fruit des circonstances. L’idée est donc de leur proposer de les regrouper chez un seul assureur. Les bénéfices qu’ils en tirent : c’est plus simple à gérer – vous n’avez plus qu’un seul interlocuteur -, plus transparent – depuis votre espace client, vous avez une vue d’ensemble sur l’ensemble de vos comptes -, enfin, vous réalisez des économies – en proposant l’ensemble de vos contrats à un seul assureur, celui-ci sera plus à même de vous proposer des tarifs attractifs. Avec nos clients actuels, nous parvenons ainsi à faire des économies de l’ordre de 20 à 30% de leur budget global, soit des centaines voire des milliers d’euros tous les ans – un de nos clients a « gagné » jusqu’à 3 500 euros par an -, et ce, sans perte de garanties, c’est important de le préciser.

- Manifestement, vous avez su lever le voile sur un véritable angle mort, une réalité qui pèse sur nos budgets mais dont on ne parle pas… Quel défi avez-vous dû néanmoins relever ?

T. de La M. : Chaque assureur a tendance à demander beaucoup d’informations à son assuré. Si celui-ci voulait confier lui-même ses contrats à un seul assureur, il lui faudrait réunir entre 500 et 600 données pour chacun. Ce qu’il n’est pas disposé à faire, faute de temps. Avec Giva, nous proposons une solution consistant à solliciter l’assuré au minimum en nous appuyant sur les données déjà fournies dans les contrats existants. On parvient ainsi à proposer un parcours aussi peu chronophage que possible.

- Comment vous rémunérez-vous ? Auprès de l’assureur vers lequel vous rapatriez les contrats ? Dans cette éventualité, quel degré de transparence assurez-vous quant à votre relation avec lui ? L’assuré conserve-t-il la maîtrise du choix ?

T. de La M. : Ce choix se fait en fonction de plusieurs critères à commencer par l’équivalence des garanties, j’y reviens. Nous analysons l’ensemble des contrats pour, ensuite, identifier le ou les assureurs qui sera/ont en mesure de faire l’offre la plus proche de la situation de l’assuré, sans perte de garanties. Notre rémunération consiste dans les commissions que l’agent général d’assurance bénéficiaire de l’opération nous verse. Quant à savoir si nous privilégions un assureur plutôt qu’un autre, la réponse est non et ce, pour une bonne et simple raison : nous touchons la même commission, de chacun des assureurs avec lesquels nous avons signés une relation partenariale – Allianz, Axa, Abeille, MMA et SwissLife -, de sorte qu’il ne peut y avoir de soupçon de conflit d’intérêt, si c’est bien le risque que vous aviez en tête.

- En effet. Précisons que nous faisons l’entretien à la Terrasse Discovery +x, où vous avez pitché. Nous sommes donc au cœur de l’écosystème Paris-Saclay. Est-ce que celui-ci fait sens pour vous ? Quel est l’intérêt pour vous d’évoluer dans un tel écosystème ?

T. de La M. : Autant le reconnaître, je découvre cet écosystème à l’occasion de ce programme. Bien sûr, j’en avais entendu parler, notamment du volet universitaire, mais je n’avais pas eu l’occasion de m’y rendre. Nous sommes incubés au Swave, un incubateur spécialisé dans les finTech, lancé par Paris&Co et situé dans la Grande Arche de la Défense. Nous avons été par ailleurs lauréats du Réseau Entreprendre. C’est par ces deux canaux que nous avons entendu parler du programme Discovery de Banque Populaire Val de France. C’est ainsi que je me retrouve enfin au cœur de Paris-Saclay ! Je suis impressionné par la taille de cet écosystème et le nombre d’entreprises qui y sont installées. J’ai cependant pris aussi la mesure du temps nécessaire pour s’y rendre depuis chez moi… (Sourire). Vivement l’arrivée de la ligne 18 !

- Revenons-en à vous. Qu’est-ce qui vous a prédisposé à investir comme vous le faites dans ce monde de l’assurance ?

T. de La M. : J’ai fait toute ma carrière dans l’assurance, un univers qui, aussi étrange que cela puisse vous paraître, me passionne ! Parmi les nombreux collègues ou professionnels du secteur que j’ai rencontrés, il y en a peu qui m’aient dit « j’ai toujours rêvé travailler dans l’assurance ! » La plupart disent y être venus par hasard avant, finalement, de trouver le métier passionnant. De fait, c’est un domaine où il y a beaucoup à apprendre, du point de vue technique, du marketing, de la réglementation ou encore juridique. C’est aussi, il faut l’ajouter, un secteur qui brasse beaucoup d’argent et qui est, on l’a dit, un poste de dépenses plus important qu’on ne le pense pour les particuliers comme pour les entreprises. C’est dire si l’assurance est aussi un enjeu social et économique. J’ajoute que c’est un univers m’est d’autant plus familier que plusieurs de mes proches y ont travaillé ou y travaillent.

- Pour peu qu’on s’y intéresse, on mesure à quel point c’est aussi une longue histoire – les métiers de l’assurance ont commencé à apparaître pour répondre aux besoins des armateurs et explorateurs…

T. de La M. : En effet, les premiers assureurs sont apparus dans l’Italie de la Renaissance. C’est pourtant une personnalité d’un tout autre univers que je citerai, Henry Ford, qui, balayant du regard New York a dit : « rien de tout ceci n’aurait été possible sans les assureurs ! ». De fait, aucun ouvrier ayant participé à la construction de ses buildings n’aurait accepté de risquer sa vie pour les construire en se suspendant au dessus du vide !

- Vous êtes décidément un amateur de citations. Pouvez-vous rappeler celle faite lors de votre pitch ?

T. de La M. : Oui, volontiers. Il s’agit d’une citation de Churchill qui a dit « L’histoire me sera indulgente car j’ai l’intention de l’écrire ». En me gardant de me comparer à lui, nous avons l’intention d’écrire l’histoire de Giva et celle de l’assurance !

- « Nous », c’est à dire vous et votre associé, Damien, qui assiste à l’entretien et que je laisse se présenter…

Damien Mordaque : J’ai rejoint Tristan en 2022, il y a un an et demi. À la différence de lui, je ne viens pas de l’Assurance, mais de la Tech. J’ai eu l’occasion de créer une start-up dans le domaine des sociétés de services. Dix ans plus tard, j’ai rencontré Tristan qui m’a convaincu de l’intérêt de l’Assurance et d’écrire la suite de l’histoire avec lui. C’est effectivement un secteur passionnant, même si, je l’avoue, j’étais à mille lieues de l’imaginer (rire). J’accompagne Giva sur le volet technologique pour automatiser le traitement des dossiers de client. Évidemment, compte tenu de la masse des données et de l’ensemble des opérations à faire, il faut industrialiser les tâches et pour cela recourir à l’IA. Avec l’ambition de conquérir le marché français, pour commencer, puis européen.

T. de La M. : Damien et moi ne nous connaissions pas avant de nous rencontrer pour discuter du projet. Je lui avais posé trois questions sur ses contrats d’assurance. Avec la même franchise dont il vient de faire preuve, il m’a d’abord répondu que c’est plus au titre de client que de startuppeur qu’il s’intéressait aux questions d’assurance ; que pour avoir plusieurs contrats éparses, il voyait bien l’intérêt de les regrouper auprès d’un seul assureur. Depuis, on a regroupé les contrats de mon associé, j’ai commencé à faire un premier client heureux ! (Sourire).

D. M. : J’achète toujours les services sur lesquels je travaille. C’est comme avec un restaurateur : s’il ne mange pas de sa propre cuisine, il faut se poser des questions (rire).

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

En savoir plus
Afficher plus de contenus
Tout sauf un mouton de Panurge
Entrepreneuriat innovant

Tout sauf un mouton de Panurge

Entretien avec Christophe Dagallier, directeur de Mérinos France

Publié le 22 avril 2024
HuG, pour être au Top !
Entrepreneuriat innovant

HuG, pour être au Top !

Entretien avec Arnold Migan, fondateur de HuG

Publié le 19 avril 2024
Armélio, entre recherche fondamentale et R&D
Entrepreneuriat innovant

Armélio, entre recherche fondamentale et R&D

Entretien avec Catherine Sanjeu, directrice et fondatrice d’Armélio

Publié le 12 avril 2024
Afficher plus de contenus