L’écrivain François Bon sera 10 mois durant, à compter d’avril, en résidence sur le Plateau de Saclay à l’invitation de l’association Scientipôle Savoirs et Société S[cube] et avec le soutien de la CAPS et du Conseil régional Ile de France. Texte en deux parties (la seconde, la semaine prochaine).
Le 17 février dernier, François Bon intervenait à l’Institut des Hautes Etudes Scientiques (IHES), aux côtés de Didier Michel, directeur du S[cube], dans le cadre de la journée « Déclics numériques », devant les représentants des 14 médiathèques de la Communauté d’agglomération du Plateau de Saclay (CAPS) pour présenter son projet d’atelier d’écriture numérique qu’il mènera durant sa résidence. Si les contours étaient à dessein encore un peu flous pour permettre d’y intégrer les suggestions des participants potentiels, ce projet s’inscrit bien dans l’esprit d’ArtScienceFactory qui vise à développer et partager l’esprit créatif en croisant l’univers des sciences et des arts.
Une plateforme collaborative
Initiée par la CAPS et portée par S[cube] et le Centre Malraux à Sarajevo, cette démarche consiste concrètement en une plateforme collaborative ouverte tout à la fois aux artistes, aux chercheurs et aux internautes, mais également dans la mise en œuvre d’ateliers et de résidences in situ sur le territoire, enfin l’organisation d’une manifestation à l’automne (les ArtScienceFactory Days). Comme l’explique le directeur de S[cube], Didier Michel, « l’enjeu est aussi de rendre visible la science en train de se faire et ses résultats autrement qu’à travers une conférence ou une exposition classique, il s’agit de croiser les regards et d’ouvrir l’imaginaire ».
L’an passé, c’est le paysagiste Gilles Clément qui avait été accueilli en résidence. Il avait alors œuvré sur une parcelle mise à disposition par la CAPS pour mettre en œuvre sa réflexion sur le « tiers paysage ». Du tiers paysage au « tiers livre » (le thème de réflexion poursuivie par François Bon), il n’y avait qu’un pas. De fait, ceux qui connaissent l’auteur d’Après le livre (Seuil, 2011) et sa contribution aux ateliers d’écriture savent à quel point il était fait pour participer d’une façon ou d’une autre à l’aventure.
Ingénieur de formation (il a même travaillé, apprend on sur son site, « dans le soudage par faisceau d’électrons pour l’industrie aérospatiale et nucléaire »), c’est un familier des sciences et du numérique, dont il explore depuis plusieurs années le potentiel au regard des formes d’écriture et de pensée.
« En tant qu’écrivain, j’ai besoin de comprendre les concepts qui touchent à la matière, au temps, à l’infiniment lointain… De là mon intérêt pour les réflexions menées par des chercheurs comme Etienne Klein, sur le temps réversible, ou Jean-Pierre Luminet, sur l’infiniment grand et l’infiniment petit… ». Mais à ses yeux, l’apport des chercheurs permet aussi d’éclairer sous un autre jour les œuvres d’écrivains. « Par exemple, qu’est-ce que la notion de temps réversible ouvre comme perspective dans l’appréhension de l’œuvre d’un Samuel Beckett ? »
Suite de l’article la semaine prochaine.
Crédit photo : Vanessa Defrance (CAPS)
Journaliste
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