Suite de nos échos à l’édition 2020 du Forum 503 à travers le témoignage d’Inès Bréchignac, élève en 3e année à l’Institut d’Optique (sur la photo avec trois membres de son équipe) où elle porte «Gain», un projet de scénographie laser, entre arts et sciences.
– Si vous deviez d’abord pitcher votre projet ?
Nous voulons proposer de la scénographie de lumière aux artistes du monde du spectacle vivant, en exploitant les technologies laser les plus récentes et auxquelles nous avons accès grâce à notre formation d’ingénieur au sein de l’Institut d’Optique. Le principe n’est pas nouveau et on a tous en tête des exemples de shows technos, avec leur laser en ligne droite, qui balaie la scène. Nous, nous souhaitons cependant nous démarquer de l’offre existante en proposant un laser plus doux, plus sensible, bref, plus organique.
– Un projet entre arts et sciences, donc. Comment y êtes-vous venus ?
Nous avons saisi l’opportunité offerte par l’Institut d’Optique de poursuivre dès la première année, avec trois autres élèves, un projet bénéficiant de l’encadrement de l’artiste lumière Eric Michel. Enthousiasmés par cette expérience, nous avons voulu poursuivre notre projet dans le cadre de la FIE en lançant, donc, Gain.
– Quand vous dites « nous », de qui s’agit-il ?
D’Arthur Soutenain, de Nestor Laborier et de Guillaume Le Gall, que j’ai rencontrés en 2018, lors de notre première année à l’IOGS, dans le cadre du projet Arts et Sciences. L’année suivante, ils ont comme moi choisi d’intégrer la FIE pour lancer le projet GAIN scenography. Cette année, nous avons été rejoints par un quatrième élève de l’IOGS, Hippolyte Dupont.
– Où en êtes-vous dans le développement de votre projet ?
Nous avons déjà réalisé « Aurora », une œuvre lumineuse. Le principe : le laser passe par un filtre diffusant, qui donne ainsi au spectateur l’impression d’être face à un organisme lumineux en 3D. C’est tout simplement très beau à voir ! Aurora nous a valu d’être lauréats de Créart’Up 2020, un concours dédié aux jeunes entrepreneurs investissant le domaine de la culture. Le prix, décerné par la ville de Paris, nous a permis de bénéficier d’un accompagnement pendant un an par des professionnels du monde de la culture, qui se révèle très complémentaire avec la formation que nous poursuivons ici. Cet accompagnement était censé se clore par la participation à un festival programmé en mars dernier pour y présenter Aurora. Confinement oblige, ce festival a dû être reporté à l’autonome 2020 [rappelons que l’entretien a été réalisé la veille de l’annonce du second confinement]. Ce serait pour nous l’opportunité de prospecter des clients potentiels. Malgré l’incertitude liée au contexte, nous restons motivés.
– Malgré les apparents retards, force est de constater la rapidité avec laquelle vous avez non seulement maturé votre projet, mais encore débouché sur bien plus qu’un prototype… Comment l’expliquez-vous ?
Je crois que la réussite de notre projet, la qualité de l’accueil qui lui a été réservé, tiennent à nos profils atypiques : nous sommes ingénieurs tout en ayant une fibre artistique. Pour nous, l’innovation technologique n’est pas une fin en soi. Elle doit d’abord être au service de la création. Nous apportons ainsi à notre façon la démonstration d’un dialogue possible entre arts et sciences. Il n’y a pas lieu d’opposer les deux : les scientifiques sont aussi des artistes à leur façon.
– On devine votre intérêt pour le dialogue entretenu en ce sens par La Diagonale Paris-Saclay…
En effet. A travers ses initiatives, comme le festival Curiositas, La Diagonale Paris-Saclay témoigne d’une nouvelle dynamique dans ce dialogue arts et sciences, à même de faire découvrir les uns et les autres sous d’autres facettes. Comme on peut déjà le voir, des choses inattendues émergent de la collaboration entre artistes et scientifiques, a fortiori quand ils sont dans une logique de co-création.
– Cet intérêt pour La Diagonale Paris-Saclay signifie-t-il que vous poursuivez vos études sur le site de Palaiseau ?
Non, moi, je suis à Bordeaux. Mais ce n’est pas en soi un problème. Cette ville n’est qu’à deux heures d’ici, grâce à la gare Massy TGV. Personnellement, il m’arrive de faire souvent l’aller-retour dans la journée, ne serait-ce que pour rencontrer des partenaires. Bref, il n’y a pas que les Parisiens qui sont mobiles !
– Quel est l’enjeu du Forum 503 pour vous ?
C’est l’occasion de découvrir les projets « arts et sciences » lancés par les élèves de la nouvelle promotion. Ils sont motivés et cela fait plaisir à voir. Nous, nous n’avons qu’une envie, c’est de les aider, partager avec eux notre expérience. C’est agréable de voir là où nous en étions un an plus tôt et le chemin parcouru depuis. Il y a beaucoup de choses qui se sont passées et, forcément, c’est encourageant pour la suite. Et je ne parle pas que de notre projet : cela vaut aussi pour ceux de nos camarades de promotion.
– Au-delà de ce forum, comment, justement, envisagez-vous la suite ? Comptez-vous vous poursuivre dans l’entrepreneuriat innovant ?
Oui, j’aimerais bien continuer dans cette voie entrepreneuriale, car c’est proprement passionnant. On peut entreprendre en mixant arts et sciences. Mais peut-être est-il encore trop tôt pour définir précisément les choses. Du fait du contexte de pandémie, des projets ont été suspendus. Mais nous gardons bon espoir, en mettant à profit cette dernière année d’études pour continuer à emmagasiner des connaissances et repartir de plus belle.
A lire aussi l’entretien avec David-Olivier Bouchez et Pierre Mauriac, respectivement coordinateur national de la FIE et intervenant référent (pour y accéder, cliquer ici).
Journaliste
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