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Entrepreneuriat innovant

End.o, le début de la fin pour une maladie méconnue ?

Le 18 novembre 2024

Rencontre avec Axèle, Laureen, Louanne et Valentine, élèves-ingénieures de l'Institut d'Optique.

Le 24 octobre dernier, IncubAlliance organisait au 503 (Institut d’Optique), la Journée Entrepreneuriat Étudiant (JEE). En voici un premier écho avec le témoignage d’Axèle, de Laureen et Louanne et Valentine, élèves ingénieures en 1re année de FIE, qui portent le projet End.O, avec l’ambition de traiter d’une maladie méconnue bien qu’elle touche de nombreuses femmes : l’endométriose.

- Pour commencer, pouvez-vous préciser sur quoi porte votre projet ?

Louanne Brehmer : Il porte sur l’endométriose, une maladie chronique qui touche une femme sur dix en France. Elle se traduit par de fortes douleurs au niveau de la ceinture abdominale. Aujourd’hui, une huitaine d’années sont nécessaires avant de poser un diagnostic définitif. Ce qui est bien évidemment trop long pour les personnes qui en sont effectivement victimes. Quant aux traitements disponibles, ils sont de nature hormonale, avec de lourds effets secondaires. Une alternative existe : elle consiste en une opération chirurgicale. Seulement, dans un cas sur deux, des récidives sont possibles, exposant donc au risque d’autres opérations. Un traitement lourd au final.
C’est pourquoi, avec trois autres élèves ingénieures en FIE, nous avons décidé de créer End.O en souhaitant aider ces femmes à en finir (d’où le « End ») avec ces douleurs chroniques. Pour cela, nous envisageons utiliser les propriétés anti-inflammatoires de la lumière en mobilisant nos connaissances en photonique de façon à trouver la bonne longueur d’onde et la puissance adéquate de lumière à envoyer aux cellules d’endomètre. Notre solution technique serait facile et rapide d’utilisation – chez soi, à domicile, une vingtaine de minutes par jour.

- Comment expliquez-vous que d’autres n’y aient pas pensé avant, si tant est que ce soit le cas ? Qu’est-ce qui vous fait dire que vous avez vous une carte à jouer ?

Louanne Brehmer : La recherche sur l’endométriose n’est pas aussi investie qu’on pourrait le croire. Elle progresse, mais trop lentement à notre goût. En dehors des traitements médicaux que j’ai évoqués, il existe des solutions thérapeutiques sous forme de patchs. Elles sont loin d’être satisfaisantes – un patch doit être porté toute la journée, et d’après les évaluations qui en ont été faites, il ne réduit la douleur que d’environ 20%, ce qui est peu. La technologie que nous proposons n’a jamais été appliquée aux cellules d’endométriose. C’est ce qui nous fait dire que nous avons bien une carte à jouer.

- Dans quelle mesure la FIE vous paraît-elle le cadre idéal pour mener à bien votre projet ?

Axèle Fontaine : Le premier intérêt de la FIE est que nous y sommes accompagnées quotidiennement par nos enseignants-chercheurs et des entrepreneurs qui ont de l’expérience. Un autre de ses intérêts est de nous permettre de lancer notre activité sans risque réel. Enfin, nous profitons de l’écosystème de Paris-Saclay auquel participe l’Institut d’Optique, et d’événements comme celui-ci qui nous donne l’opportunité d’exposer notre projet à des personnes en interne et en externe. Bref, la FIE est le bon endroit pour vivre pleinement une expérience d’entrepreneuriat innovant.

- Sans compter le cadre lui-même : le 503 rénové, situé dans un espace arboré…

Axèle Fontaine : Il est magnifique !

- Et sur la FIE, quel est votre avis ?

Louanne Brehmer : Je trouve la réponse d’Axèle tout à fait complète : le rôle de l’écosystème, etc. C’est pas mal du tout. Je n’ajouterai donc rien !

Laureen Pradel : Comme Axèle, je trouve précieux le fait d’être accompagnées comme nous le sommes, de bénéficier du réseau de l’Institut d’Optique, de pouvoir vivre des journées comme celle-ci. Je trouve bien aussi de bénéficier d’aménagements en dehors des heures de cours, pour mener à bien notre projet entrepreneurial.

- Je ne résiste pas à l’envie de relever le fait que vous êtes quatre, toutes de jeunes femmes. Est-ce le fruit du hasard ?

Axèle Fontaine : Oui, je pense que c’est le fruit du hasard. La thématique de l’endométriose ne s’est pas imposée d’emblée à nous. Pour tout dire, au début, nous n’avions pas d’idée précise de ce que nous voulions faire. C’est en sondant nos appétences et centres d’intérêt, que nous en sommes venues à travailler sur cette maladie. Comme l’a justement rappelé Louanne, elle concerne beaucoup de femmes. Avoir le sentiment de porter un projet qui leur soit utile ne pouvait que nous motiver.

Louanne Brehmer
: Avec un minimum de bonne volonté, tout le monde, les hommes comme les femmes, peut s’intéresser à ce problème de l’endométriose. Il suffit de sonder autour de soi pour se rendre compte que c’est un vrai sujet. Pas besoin non plus d’en être atteint. Nous-mêmes n’en souffrons pas. Et pourtant, nous nous saisissons du sujet.
Cela étant dit, nous voyons une vraie chance dans le fait d’être quatre jeunes femmes. Cela nous donne accès à des concours et des prix réservés aux entrepreneurs féminins.

Laureen Pradel : Comme Louanne, je pense qu’il n’y a pas besoin d’être une femme pour traiter d’un sujet tel que l’endométriose, mais le fait que nous soyons quatre filles, et que nous l’ayons choisi n’est pas anodin. Car force est de constater que jusqu’à une période récente, la recherche médicale était assurée principalement par des hommes et a eu donc tendance à ne pas prêter autant d’attention aux maladies propres aux femmes. Même si des technologies étaient disponibles, elles n’étaient pas appliquées à leur traitement. Heureusement, la situation évolue. Le fait qu’il y ait maintenant de plus en plus de femmes scientifiques ou en médecine favorise l’exploration des problématiques de santé féminine et le développement de technologies adaptées. Pouvoir contribuer à cette évolution ne peut qu’être motivant.

- Je trouve intéressant votre approche en termes de genre, qui suggère bien que l’endométriose a toujours existé, mais sans être visibilisée du fait d’une recherche médicale « dominée » par des hommes… [À Valentine]. Et vous qu’en pensez-vous ?

Valentine Bot : Je suis tout à fait d’accord avec tout ce qui vient d’être dit. J’ajouterai juste le fait que l’endométriose est encore une maladie taboue. On en parle très peu dans les médias. Dans nos propres cercles familiaux ou amicaux, nous connaissons de nombreuses femmes qui en souffrent, mais en se gardant d’en parler à leur conjoint. Résultat : les hommes sont encore peu informés et, donc, moins enclins à faire leur propre recherche sur le sujet. La situation des femmes atteintes de cette maladie n’en devient que plus invisible. Si, donc, ce sujet nous tient à cœur, c’est aussi parce qu’il reflète une situation plus générale touchant à la santé des femmes.

- Quelle est la prochaine étape de votre projet ?

Valentine Bot : Nous sommes en contact avec des médecins, experts dans l’utilisation des effets anti-inflammatoires de la lumière pour réduire les douleurs – la technologie que nous comptons exploiter. Ils sont disposés à nous aider pour une application à la endométriose, à partir de simulations.

- Êtes-vous confiantes ?

Valentine Bot : Des thèses ont été menées qui attesteraient de l’efficacité de cette application. Il nous reste à évaluer les doses de lumière optimales à envoyer aux cellules douloureuses, selon le gabarit de la femme et d’autres variables.

- À vous entendre, vous formez une belle équipe. Ce qui doit être probablement lié aussi au fait que vous avez pu faire connaissance lors de l’année de tronc commun, qui précède les deux années en FIE…

Elles opinent toutes du chef avec le sourire.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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