Ecoconception des quartiers : la gestion des eaux pluviales
La gestion des eaux pluviales fait partie intégrante de la stratégie d'aménagement du Plateau de Saclay.
Le plateau de Saclay est à cheval sur plusieurs bassins versants naturels dont deux sont plus particulièrement concernés par le ruissellement des eaux pluviales du Plateau : celui de la Bièvre et celui de l’Yvette.
Comme l’EPA Paris-Saclay s’y est engagé dès l’origine du projet, au titre de l’étude globale de gestion des eaux du plateau de Saclay (cf. Praxis n°2), la régulation des eaux se fait sur les espaces privés et publics du Plateau dans le respect des exigences réglementaires. Après régulation et épuration, les eaux sont dirigées vers les rigoles mises en place au XVIIe siècle pour l’alimentation en eau du Château de Versailles.
La réflexion sur la gestion des eaux pluviales a été menée à différentes échelles afin d’anticiper au mieux les risques d’inondation :
- Parcelle : rétention « douce » pour les crues courantes
- Quartier : rétention et stockage des eaux ruisselantes en cas de pluies exceptionnelles
- Plateau : stockage d’urgence en cas de crues très exceptionnelles
Les dispositifs de gestion des eaux pluviales
L’EPA Paris-Saclay a mis en place un certain nombre de dispositifs de gestion des eaux pluviales, parmi lesquels :
- Des bassins de rétention, secs ou à ciel ouvert
- Des noues végétalisées
- Des ouvrages enterrés : lanières drainantes et structures alvéolaires ultra-légères
- Des espaces publics, comme le Jardin argenté, qui s’inondent avec des pluies exceptionnelles de l’ordre de 50 ans (2h de précipitations et 60mm de pluie)
Chaque espace est pensé pour gérer la goutte d’eau là où elle tombe, pour venir la réguler, la ralentir, et ainsi limiter les risques d’inondations.
1/ Les bassins de rétention
Les lisières
Les espaces retenus pour chacune des lisières participent à la régulation naturelle des eaux pluviales, champs naturels d’expansion des crues lors de possibles évènements exceptionnels comme les crues de 50 ou 100 ans. La présence de zones humides en leur sein, ou de noues, aident à ce rôle et permettent de tester des techniques de phytoremédiation (retenue de l’eau par les plantes). Les lisières ont un rôle actif de stabilisation du bâti, de limitation des risques d’inondation et d’alimentation et préservation des ressources en eau sur le plateau.
Au Nord du quartier de l’École Polytechnique, il est possible de trouver 5 bassins de rétentions prenant la forme de plusieurs canaux sur 600 mètres linéaires. Un système de gestion de la montée des eaux permet, plusieurs heures après l’orage, de relâcher l’eau de manière progressive et contrôlée vers la rigole historique des Granges puis la Vallée de la Bièvre.
Au-delà de sa fonction hydraulique, ce lieu est extrêmement riche d’un point de vue écologique. Des études sont réalisées régulièrement pour mesurer l’évolution des écosystèmes de ces bassins. Elles montrent un enrichissement constant de la faune et de la flore présentes.
L’Agence Michel Desvignes paysages coordonne le travail sur la lisière afin que ces aménagements hydrauliques et techniques se fondent naturellement dans le paysage.
Restauration écologique du Boisement Nord et d’un bassin d’eaux pluviales.
Le plan d'eau de l'ENS
Le plan d’eau permanent situé devant l’ENS Paris-Saclay (quartier de Moulon) est atypique car maçonné. Il stocke les eaux pluviales avant qu’elles ne repartent dans un dispositif de fossés, qui tamponnent ces eaux avant de les rejeter avec un débit limité de 0,7 L/s/ha.
Il vient se greffer au dispositif de rigoles mis en place au 17e siècle, qui permettaient autrefois de récupérer des micro-bassins versants (des petites pentes du Plateau) de façon à ce que l’eau se dirige vers Versailles pour alimenter les jardins du Château. Faire perdurer ce dispositif et le renforcer permet ainsi d’éviter de potentiels débordements de l’Yvette et de la Bièvre.
Ce système hydraulique fabrique l’image et la qualité des espaces publics, mais aussi les usages qui se développent autour. L’installation de chaises longues autour du bassin de l’ENS en est la preuve. Ces aménagements contribuent à créer des lieux où l’on peut habiter l’espace public.
Le bassin du Parc de Moulon
Le bassin Nord du Parc de Moulon a lui aussi été pensé pour stocker le surplus d’eaux pluviales et le redistribuer progressivement à la végétation alentour. Lieu d’agrément, il collabore au rafraichissement naturel des espaces publics pour lutter contre les ilots de chaleur urbains.
2/ Les ouvrages enterrés
Lorsque la gestion à ciel ouvert n’est techniquement pas possible, l’EPA Paris-Saclay recourt à deux grands types d’ouvrages enterrés :
- Les lanières drainantes (ou chaussettes drainantes), qui sont compatibles avec des plantes hautes et souvent fabriquées à partir de matériaux naturels.
- Les structures alvéolaires ultra-légères (SAUL), simples à mettre en place et dotées d’un volume utile de stockage très important (90% de vide).
3/ Les noues
Les noues participent aux îlots de fraicheur urbains et permettent de détecter rapidement les dysfonctionnements. Elles sont particulièrement présentes au sein du quartier de Moulon, mais également sur les grandes avenues du quartier de l’école Polytechnique (Vauve et M. Pelletier). Faiblement pentée, elles guident progressivement l’eau pluviale vers leurs exutoires, à l’image des rigoles historiques.
Cette strate végétale participe également au déploiement d’une biodiversité naturelle adaptée aux conditions écologiques du Plateau. Par ailleurs, elle participe pleinement à l’alimentation de la nappe souterraine.
4/ Les espaces publics
Le jardin argenté
Récompensé par la Victoire du Paysage en 2020, le Jardin Argenté se distingue par sa topologie particulière en creux et sa surface végétale peu revêtue pour assurer un maximum de perméabilité malgré un sol argileux, permettant un déplacement progressif de l’eau depuis le bâtiment de CentraleSupélec jusqu’à l’entrée du Learning Center – Lumen (avenue des sciences).
Le jardin est lui-même un bassin puisqu’il se met en charge naturellement par gravité lors d’évènement pluvieux exceptionnels. L’ensemble de sa surface s’inonde, restant toutefois praticable pour les usagers qui cherchent à le traverser grâce à un quai et une passerelle piétonne qui le surplombent. Il participe pleinement à l’idée de « ville éponge » souhaitée pour les quartiers du Plateau, afin de réguler les inondations urbaines et diminuer la vulnérabilité durant les périodes de sécheresse.