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Entrepreneuriat innovant

Des STAPS à l’heure de l’innovation.

Le 12 février 2018

Entretien avec Agnès Olivier, entrepreneure et chercheure associée au laboratoire CIAMS, sur le campus d'Orsay.

Le 2 février 2018, les étudiants du Master 2 « Psychologie, Contrôle Moteur, Performance Sportive » de l’UFR STAPS de l’Université Paris-Sud, présentaient, au PROTO204, leurs projets innovants conçus dans le cadre d’une unité d’enseignement dédiée à l’innovation. Sa responsable, Agnès Olivier, par ailleurs chercheur associé au laboratoire CIAMS* (Université Paris-Sud Saclay – UFR STAPS), que nous avons déjà eu l’occasion d’interviewer, nous en dit plus.

– En 2016, l’unité d’enseignement « Projet innovant » était mise en place au sein du Master 2 « Psychologie, Contrôle Moteur, Performance Sportive » de l’UFR STAPS de l’Université Paris-Sud. Où en est-elle ?

Le 2 février dernier, les étudiants qui suivent cette unité d’enseignement étaient invités à présenter oralement leur projet innovant devant un jury composé de trois personnes : outre moi-même (responsable de l’unité d’enseignement), Pascal Corbel, professeur des universités en sciences de gestion, Vice-président des Relations entreprises et de la Formation tout au long de la vie, de l’Université Paris-Sud, par ailleurs coordinateur du comité de pilotage du pôle entrepreneuriat & innovation Paris-Saclay (PEIPS), et Nicolas Lecompte, en charge du Pôle Entrepreneuriat au sein de la Direction de l’Orientation Professionnelle et des Relations Entreprises. C’est dire si les étudiants étaient mis dans les conditions d’une vraie évaluation !

– Un projet a-t-il été distingué en particulier ?

Oui, un projet visant à réduire les troubles musculo-squelettiques (TMS). Il présentait l’originalité de proposer non pas une application, mais un jeu de société avec un dé à taille humaine, que les joueurs (des salariés d’entreprises a priori) déplacent en fonction des réponses aux questions figurant sur les cartes qu’ils sont invitées à tirer, ces questions étant relatives à des problèmes de santé rencontrés dans le cadre du travail. Une manière de rendre les salariés plus attentifs à leur posture et à leurs mouvements et, ainsi, acteurs de leur bien-être.

– Quelle tendance se dégage des autres projets présentés cette année ?

La plupart ont cherché à traiter d’autres enjeux de société comme les effets de la sédentarité croissante des gens (des applications pour l’essentiel) ou le vieillissement de la population (un projet en particulier proposait une nouvelle salle de sport adaptée aux personnes âgées, en mêlant des activités cognitives et physiques).
Nos étudiants ont d’autant plus de mérite qu’ils n’ont disposé en tout et pour tout que de quatre séances de deux heures. Dès la première, je les ai invités à brainstormer autour d’une idée de projet innovant et à se constituer en équipe, de deux ou trois, donc ; les séances suivantes étant l’occasion de faire un point, tout en les initiant à l’entrepreneuriat innovant. Malgré le peu de temps dont ils ont disposé et bien que le Master reste orienté vers la recherche, ils sont parvenus à des projets dignes d’intérêt.

– Est-ce à dire que l’écosystème de Paris-Saclay est favorable ? Dit autrement, vos étudiants ne bénéficient-ils pas d’un environnement qui incite à des projets innovants ?

Si, effectivement, Paris-Saclay est un écosystème très favorable. Bien qu’installé dans la vallée, l’UFR STAPS tire déjà profit de la venue de nouveaux établissements d’enseignement supérieur et de recherche sur le Plateau de Saclay.

– Au final, quel intérêt votre unité d’enseignement suscite-t-elle chez les étudiants ?

Un intérêt positif si j’en juge par l’augmentation du nombre d’inscriptions que nous avons enregistrées. Lors des deux premières sessions, nous avions constitué cinq à six équipes. Cette année, nous en avons compté jusqu’à dix, totalisant une vingtaine d’étudiants. Comme pour les promotions précédentes, ceux de cette année sont issus de formations STAPS, mais aussi d’écoles de kiné ou d’ostéopathie. Un « melting pot », qui leur ouvre nécessairement de nouveaux horizons professionnels.
Reste que le Master est orienté recherche. Pour certains étudiants, il n’était donc pas simple de se projeter en entrepreneur innovant ou startupper. Mais de fil en aiguille, la plupart se sont prêtés à ce jeu de rôle. Pascal Corbel et Nicolas Lecompte leur font il est vrai profiter de leur expérience de l’entrepreneuriat innovant. Certains ont pu ainsi se rendre compte que leur idée était prometteuse, qu’elle pouvait déboucher sur une vraie innovation. Bref, l’unité d’enseignement leur offre de nouvelles perspectives…

– Y compris celle de faire de la recherche et d’en valoriser les résultats en s’associant à des entrepreneurs ?

Oui. Il ne s’agit pas de transformer tous les chercheurs en entrepreneurs ! La plupart de ceux qui se sont inscrits dans ce Master veulent d’abord faire de la recherche. Et loin de nous de vouloir les détourner de cet objectif. Mais si nous parvenons à les convaincre qu’en s’associant à d’autres compétences (des ingénieurs et des manageurs), ils pourront valoriser des résultats de recherche, tant mieux. La vocation d’un chercheur ne se limite pas à la publication d’articles dans des revues scientifiques ! Elle peut aussi consister à accompagner un projet entrepreneurial.

– Un mot sur le PROTO204 où vous avez organisé votre évaluation ?

C’est la première fois que nous l’y organisions. Pour moi, c’est une manière de valoriser la prestation orale des étudiants. Manifestement, ils ont apprécié. Un grand merci à Ronan James, son gestionnaire, qui nous a très bien accueillis. Il a pris le temps de présenter le PROTO204 et invité les étudiants aux prochaines animations « innovation » de l’Université Paris-Sud.

– Et la suite pour vos étudiants, quelle est-elle ?

Ils peuvent, s’ils le souhaitent, participer à divers concours ou challenges organisés dans l’écosystème de Paris-Saclay. C’est d’ailleurs pourquoi, cette année, nous avons organisé notre évaluation plus tôt que les années précédentes. Encore une fois, ils pourront compter sur les conseils de Pascal Corbel et Nicolas Lecompte.

– Avez-vous des nouvelles des promotions précédentes ?

Parmi nos « anciens », un étudiant a rejoint Kinvent, une start-up spécialisée dans la conception et la fabrication de solutions en biomécanique. Un autre a intégré l’Ifsttar (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux), tourné vers la recherche appliquée. Les autres ont pour la plupart poursuivi en thèse.

– Et pour l’unité d’enseignement, quelle suite ?

L’année prochaine, des maquettes de Master de l’UFR STAPS seront appelées à être révisées. Il est probable que l’unité d’enseignement soit transformée en un « 24h innovation » et que des enseignements soient dispensés en partenariat avec des intervenants de l’innovation de l’université. Cela reste à discuter. Cette unité d’enseignement (UE) suscite déjà un certain engouement, en contribuant à ancrer davantage notre Master dans l’écosystème de Paris-Saclay. Ce qui est indispensable, car, si nous avons tout pour réussir, il reste encore à renforcer le maillage entre les acteurs et, donc, à leur permettre de se rencontrer. C’est aussi pour cela que je tenais à ce que l’évaluation se fasse au PROTO204, un lieu emblématique à cet égard. Mais je ne cache pas que nous aimerions bien emmener nos étudiants dans un autre de ces nombreux lieux qui font Paris-Saclay. A nous de nous en rapprocher et de nous les approprier pour promouvoir encore davantage l’innovation dans le domaine des STAPS !

– Et vous-même, où en êtes-vous dans votre propre démarche entrepreneuriale ?

En septembre dernier, j’ai intégré le Groupe Voltaire, comme Responsable Recherche & Innovation. A ce titre, j’aspire naturellement à développer des relations avec l’Université Paris-Sud et son UFR STAPS à travers notamment les stages que nous pourrions offrir à ses étudiants, en ergonomie et ingénierie notamment, et de projets de recherche que nous pourrions développer avec l’Université Paris-Saclay. Les perspectives sont particulièrement favorables : rappelons que les JO se dérouleront pour partie ici. C’est dire la vitrine exceptionnelle dont nous bénéficierons pour donner à voir l’innovation qui se fait à Paris-Saclay dans le domaine des STAPS. C’est dire aussi si, moi-même j’ai bien l’intention de m’y impliquer encore, en cultivant cette position singulière que j’occupe, à cheval, si je puis dire, sur la recherche et l’innovation.

* Pour « Complexité, Innovation et Activités Motrices et Sportives ». Pour en savoir plus, cliquer ici.

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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