Le 6 février 2020, le Deeptech Tour de BPI France faisait escale sur le Plateau de Saclay, le temps de la remise des prix i-PhD, de débats et d’ateliers. En voici un premier écho à travers le témoignage d’Anaïs Barut, la marraine de l’événement, co-fondatrice et présidente de DAMAE Medical, une start-up emblématique de l’écosystème, qui propose un diagnostic des tumeurs cutanées par imagerie optique et, donc, sans biopsie. Et dont elle nous donne ici des nouvelles.
– Où en est DAMAE Medical ?
DAMAE Medical continue à se développer ! Au plan technologique, nous avons ajouté une modalité d’imagerie en 3D, qui nous permet de cibler plus de marchés dans le diagnostic des cancers de la peau. En plus du diagnostic, nous avons élargi le champ d’application de notre appareil au stade de l’intervention chirurgicale (il permet de s’assurer que les cellules cancéreuses sont bel et bien enlevées). Nous avons déjà équipé six hôpitaux en 2019, dans cinq pays européens différents : outre la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et l’Espagne. Nous avons par ailleurs investi le marché dermo-cosmétique. Concrètement, cette activité consiste à associer notre appareil à une suite logicielle pour quantifier les microstructures que notre technique d’imagerie optique permet de visualiser : les cellules, la matrice de fibres de collagène, les vaisseaux sanguins, etc.
– Est-ce que ce développement se traduit par un éloignement de l’écosystème de Paris-Saclay ?
Non, loin de là. La preuve : j’ai été choisie par les entrepreneurs de la Communauté French Tech – Paris Saclay pour être la marraine du Deeptech Tour que BPI France y organise. Arnaud Dubois, cofondateur de DAMAE Medical est toujours enseignant-chercheur à l’Institut d’Optique Graduate School. Nous allons d’ailleurs commencer une collaboration avec le Laboratoire Charles Fabry, une Unité Mixte de Recherche entre cette école et le CNRS, en partenariat avec l’Université Paris-Saclay. Cette collaboration nous permettra de lancer encore plus de projets de recherche susceptibles de répondre à des besoins du marché du diagnostic des cancers de la peau. Un nouvel élan, qui est loin de nous éloigner du Plateau de Saclay, quand bien même avons-nous fait le choix de nous installer à Paris même.
– En tant que marraine de l’événement, que retenez-vous de ce que vous avez vu et entendu au cours de ce Deeptech Tour, qui se poursuit à travers des ateliers ?
On a pu voir que, non seulement, de plus en plus de start-up se créent ici comme dans d’autres écosystèmes [la majorité des lauréats de l’i-PhD viennent de toute la France], mais encore que beaucoup d’entre elles sont parvenues à un stade mature. Elles comptent déjà plusieurs années d’existence et ont fait la preuve de leur viabilité. Certaines ont beau être encore en phase d’amorçage, dépendre de financements privés ou publics, elles ont un vrai problem solution fit. Plusieurs parviennent même à créer des emplois, à s’internationaliser. Le fait qu’on m’ait choisie comme marraine me réjouit d’autant plus qu’à travers moi, on a voulu illustrer le fait que des start-up, ce peut être des sociétés mures et ayant su apporter la démonstration de leur pérennité, même si, bien évidemment, rien n’est acquis ! Au-delà des start-up, c’est tout un écosystème qui a été mis en valeur, celui de Paris-Saclay, on y revient, et ses diverses institutions qui contribuent largement, par leur accompagnement, à l’éclosion de nouveaux projets innovants. Je peux en témoigner, moi, qui ai bénéficié du soutien de plusieurs de ses acteurs, à commencer par l’Institut d’Optique et sa filière FIE, dont je suis issue. Si, maintenant, nous pouvons rendre un peu de ce qui nous a été donné, en partageant notre expérience, nous en sommes bien sûr ravis.
– Sans être donneurs de leçons… Je dis cela tant j’ai été frappé par la modestie avec laquelle vous êtes intervenue au cours de l’événement…
On peut d’autant moins prétendre donner des leçons que l’écosystème de Paris-Saclay, pour ne s’en tenir qu’à lui, compte des secteurs d’activités très variés : la santé, mais aussi l’aéronautique, l’énergie, etc. Je doute que mes conseils, si j’en ai a donné, puissent concerner d’autres start-up que la Medtech. D’ailleurs, peut-être gagnerait-on à identifier une ou des personnes ressources, des mentors en somme, pour chaque grand secteur d’activité. Mais, c’est précisément ce à quoi s’emploie la Communauté French Tech – Paris Saclay.
A lire aussi l’entretien avec Mariam Ezzedine, une post-doc de l’Ecole polytechnique, lauréate de l’i-PhD, qui porte un projet de recherche et de création d’entreprise sur des batteries Li-ion de nouvelle génération (pour y accéder, cliquer ici).
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