Des machines électriques innovantes pour véhicules décarbonés.
Suite de nos échos à la journée de mobilité@VEDECOM, qui s’est déroulée le 11 avril 2019, à travers, cette fois, le témoignage de Sid Ali Randi, un ingénieur conçoit avec ses équipes des machines électriques innovantes pour les besoins du véhicule décarboné.
– Si vous deviez vous présenter ?
J’ai 45 ans. Je suis ingénieur machines électriques chez Renault, détaché au sein de l’ITE VEDECOM depuis maintenant un an. Je m’occupe de la conception et de la réalisation de machines électriques innovantes pour les besoins des différents partenaires de l’ITE – des constructeurs automobiles aussi bien que des fournisseurs – qui travaillent sur le véhicule décarboné.
– Quels sont les principaux enjeux dans ce domaine de recherche ?
Les enjeux sont majeurs. Au sein de l’ITE, trois axes stratégiques ont été définis pour y répondre. Le premier est de concevoir des machines électriques à bas coût. Le deuxième est de réduire leur dépendance par rapport aux matériaux en terres rares, notamment le dysprosium, le cérium et le néodyme. Quant au 3e axe stratégique, il vise à améliorer les rendements : il s’agit donc de concevoir des machines électriques qui en aient les plus élevés possibles, de façon à réduire le coût des applications électriques et hybrides.
– Pour cela, vous disposez, comme nous avons pu le voir au cours de la visite de l’atelier, d’une large palette d’équipements, vous donnant la possibilité de prototyper sur place…
Effectivement. Nous ne nous limitons pas à des études sur le papier. Notre objectif est de concevoir des composants technologiques et de les développer jusqu’à maturité et de faire ainsi la démonstration de la faisabilité – ce qu’on appelle le proof of concept. Nous sommes équipés pour réaliser le prototype d’une machine, de la découpe de tôle laser à l’assemblage de tôles en passant par le bobinage, l’imprégnation, la cartérisation et les tests. Toute la chaîne de conception est ainsi mobilisable ici-même, au sein de l’ITE. J’ajoute que la conception des machines peut se faire selon une approche optimale – nous disposons de toute une gamme d’outils numériques, qui nous permettent d’en réaliser en prenant en compte le fait qu’elles sont destinées à des processus industriels. Cela se traduit aussi par une intégration forte des différentes équipes, avec une approche multi-physique – en magnétisme, en thermique, en électricité, en vibro-acoustique, en mécanique,… – et systémique – nous prenons en compte l’environnement dans lequel la machine va être amenée à évoluer, mais aussi les composants avec lesquels elle va être en interaction [en illustration : le stator bobiné d’une machine à commutation de flux – une solution pour réduire la quantité d’aimants].
– C’est dire si votre équipe est pluridisciplinaire…
Exactement. Notre équipe compte des mécaniciens, des thermiciens, des électro-magnéticiens et bien d’autres compétences encore. Leur intégration au sein d’une même équipe leur permet d’être en interaction forte et rapide.
– Une équipe pluridisciplinaire, donc, qui se trouve être aussi en proximité immédiate avec les autres équipes projets. Est-ce à dire que vous interagissez avec elles, pour trouver des réponses aux problématiques que vous rencontrez ?
Nos machines vont être connectées avec un onduleur, une batterie, un réducteur… Forcément, nous sommes donc amenés à interagir avec les équipes qui travaillent sur ce genre d’équipements. Nous sommes aussi en interaction avec les équipes qui travaillent sur l’électronique de puissance, le contrôle machine, etc. Il nous arrive même de mener des projets en commun pour développer une nouvelle commande, un nouvel onduleur, par exemple. Il y a donc des échanges constants et permanents [en illustration : le même rotor que plus haut, avec les autres pièces mécaniques de la machine].
– Aussi bien formels qu’informels, propices à la découverte fortuite d’une solution ou d’une réponse à une problématique ? Est-ce ainsi que cela se passe au quotidien ?
Cela se passe bien mieux que cela ! Car l’avantage de VEDECOM, c’est la très bonne ambiance de travail qui y règne – les équipes s’entendent bien et n’hésitent pas à échanger, à s’entraider dans un esprit de solidarité et collaboratif. Forcément, cela entretient une émulation générale et donne le sentiment à chacun d’être tiré vers le haut, de pouvoir donner le meilleur de lui-même ou, si vous m’autorisez à user d’une métaphore liée au moteur électrique, d’être à son rendement optimal !
– (Rire) Mais à quoi cela tient-il ? Au fait que vous travaillez sur des défis majeurs ? Ou à la configuration même de ce mobiLAB, qui facilite la circulation ?
Aux deux ! Mais j’insisterai sur la configuration de mobiLAB et la proximité physique entre les différentes équipes qu’elle permet. Cela tient cependant sans doute aussi à la manière dont la direction des Ressources Humaines a procédé aux recrutements en mettant l’accent sur l’aptitude des personnes à travailler collectivement, de manière harmonieuse. Cette dimension humaine est aussi importante que les qualifications attachées au diplôme. Il faut que les personnes aient du goût dans ce qu’elles font et aient envie de le partager, pour que cela marche !
– Même quand il s’agit de concevoir et réaliser des machines électriques ?
Même quand il s’agit de concevoir et réaliser des machines électriques ! Etant entendu qu’ici, ces machines ont vocation à être innovantes. Ce qui suppose de l’intelligence collective et, donc, d’avancer ensemble.
A lire aussi les entretiens avec :
– Philippe Watteau, directeur de l’ITE VEDECOM (pour y accéder, cliquer ici) ;
– Véronique Berthault et Frédéric Chaurang, en charge respectivement, au sein de la direction de la stratégie, de l’innovation et du développement du groupe RATP, du programme du VA et de sa coordination technique (cliquer ici).
Journaliste
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