Entretien avec Pierre Riou, Directeur du projet URBA(IA)
Un jumeau numérique du territoire Paris-Saclay, intégrant les paramètres environnementaux et les documents d’urbanisme, pour proposer des scénarios intelligents à même d’anticiper l’impact écologique des évolutions des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) et des projets urbains. Telle est l’ambition du projet URBA(IA) porté par l’agglomération de Paris-Saclay avec cinq partenaires publics et privés. Directeur de ce programme novateur, Pierre Riou nous en dit plus.
- Si vous deviez pour commencer « pitcher » URBA(IA) ?
Pierre Riou : URBA(IA) est une plateforme innovante de planification urbanistique destinée aux élus et services de l’agglomération Paris-Saclay et de ses communes, pour les aider à faire évoluer le Plan local d’urbanisme intercommunal en respectant à la fois une réglementation de plus en plus complexe et des enjeux parfois contradictoires entre ceux du développement économique et ceux de la transition écologique. Concrètement, ce jumeau numérique du territoire va permettre de comprendre la situation actuelle au plan environnemental – les contraintes liées l’imperméabilisation des sols, aux îlots de chaleur, aux pollutions atmosphériques ou sonores -, de façon à définir des scénarios d’évolution en terme d’aménagement et en terme d’urbanisme, l’objectif étant de prendre des décisions éclairées en prenant en considération l’ensemble des critères, en amont.
- Comme les deux dernières lettres l’indiquent, l’outil s’appuie sur les ressources de l’IA…
P.R.: En effet. C’est dire si c’est un outil innovant. Il l’est aussi au plan méthodologique au sens où il permet de mettre les utilisateurs au centre de la démarche, en donnant les moyens d’éclairer leur décision, et certainement pas de se substituer à eux. Ce n’est pas tout : nous avons conçu cet outil à la fois pour un usage frugal, pour garantir des décisions explicables, même plusieurs années après qu’elles ont été prises ; enfin, pour être réplicables, d’une manière aussi souple que possible, sur d’autres territoires, d’autres communes ou agglomérations. En cela, URBA(IA) s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale de l’IA ainsi que dans la logique de frugalité poussée par Ecolab, le laboratoire d’innovation du Ministère de la Transition écologique.
- Quand vous dites « nous », c’est l’agglomération, mais aussi un consortium…
P.R.: En effet, URBA(IA) associe pas moins de six partenaires, les uns publics – l’Institut Paris Région et CentraleSupélec -, les autres privés – Dassault Systèmes, numéro 1 français dans la conception de jumeaux numériques ; NamR et One Click LCA, deux start-up spécialisées respectivement dans l’anticipation d’îlots de chaleur urbains et dans l’optimisation du bâti foncier au regard de la réglementation du PLU. Chacun de ces partenaires a apporté une ou des briques spécifiques pour concevoir un outil qui réponde aux besoins métiers des services de l’agglomération, en s’interconnectant et en adoptant une méthodologie qui, comme je l’ai dit, prend en considération à la fois les contraintes environnementales, réglementaires, et la triple exigence de frugalité, d’explicabilité et de réplicabilité.
Ajoutons que le projet bénéficie d’un accompagnement financier de l’État de 3,1M€ euros (pour un coût total du projet de 4,99M€), une somme allouée dans le cadre du programme France 2030 « Démonstrateurs d’Intelligence Artificielle frugale au service de la transition écologique des Territoires » (DIAT) opéré par la Banque des Territoires.
- On vous sent très engagé dans ce projet. Qu’est-ce qui vous a prédisposé à le porter au sein de l’agglomération Paris-Saclay ?
P.R.: Avant de rejoindre l’agglomération, j’ai eu plusieurs années d’expérience dans le privé, à la fois dans des start-up et dans de grands groupes. Depuis une quinzaine d’années, je me suis investi dans l’IA. J’ai notamment été impliqué dans le pilotage du référentiel général pour l’IA frugale conçu avec l’Ecolab et l’Afnor. Des sujets qui m’intéressent particulièrement. À quoi s’ajoute une sensibilité aux enjeux environnementaux – j’ai travaillé pour une structure qui établissait des bilans carbone. En marge de la direction d’URBA(IA), je forme et sensibilise aux enjeux environnementaux et climatiques, ainsi qu’à ceux du numérique et de l’IA, et je suis administrateur de l’ADIV, une association de défense de l’environnement.
Journaliste
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