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De la bonbonne de gaz à zagatub.

Le 22 octobre 2018

Suite de nos échos au 3e anniversaire du WAI Massy-Saclay, à travers l’entretien avec Emmanuel Mannooretonil, le directeur Développement nouveaux business de Butagaz, qui participait à une table ronde sur le thème des cleantech.

– Butagaz est une entreprise connue du grand public. Mais on ne l’attend pas nécessairement dans une table ronde dédiée aux cleantech…

Butagaz est une entreprise historique du marché de l’énergie en France. Elle a été fondée en 1932. Mais, déjà à l’époque, elle proposait une innovation technologique (les bouteilles de gaz), importée des Etats-Unis par des ingénieurs français, qui y avaient été en voyage d’étude. Cette innovation a contribué à améliorer le confort en remplaçant, dans les cuisines de nos aïeux, le charbon par une énergie plus propre.
Force est néanmoins de reconnaître qu’aujourd’hui nous apparaissons plus comme une entreprise traditionnelle, qui fournit principalement de l’énergie fossile. Cela étant dit, depuis plus d’un an, l’entreprise a été engagée dans une transformation : si nous continuons à vendre du gaz en bouteille et en citerne, nous proposons aussi du gaz naturel et de l’électricité, ainsi qu’une forme d’énergie renouvelable au travers de granulés de bois. Nous avons l’ambition de continuer à renforcer ainsi nos capacités à répondre aux besoins énergétiques des Français. Lesquels, c’est important de le souligner, évoluent sous l’effet de la législation, mais aussi de nouvelles exigences, en l’occurrence : pouvoir consommer à la fois moins, pour économiser, et mieux, pour réduire l’impact environnemental de leur consommation d’énergie.

Icono Butagaz zagatub factory– Une transformation de l’entreprise, qui, comme vous l’indiquiez au cours de la table ronde, s’est traduite aussi par un rapprochement avec le monde des startuppers – un autre motif, d’ailleurs, justifiant votre présence ici…

En effet, nous avons lancé il y a trois ans de cela un programme d’accélération de start-up, appelé Zagatub… Soit Butagaz, lu à l’envers ! C’est désormais le nom donné à l’ensemble de notre démarche d’innovation. Butagaz étant une entreprise de taille moyenne, nous ne disposons pas d’un gros centre de R&D. Un handicap dont nous avons su faire un motif de développement d’une culture partenariale : de longue date, nous travaillons avec d’autres entreprises, petites ou grandes, qui s’intéressent aux mêmes problématiques que nous. Si nouveauté il y a, elle réside, donc, dans cet élargissement au monde des start-up et académique, dans une logique d’open innovation. Ceci se traduit par des innovations très concrètes : un distributeur de bouteilles de gaz connecté « Butagaz 24/24 » avec la start-up The Keys, un service de cookie vocal pour améliorer notre expérience client avec Allo-media, des services de pédagogie autour de la consommation d’électricité avec Wivaldy… J’ajoute que nous sommes partenaires de Wilco, l’accélérateur de start-up de la Région Ile-de-France, et participons à des jurys de sélection, ce qui nous permet de découvrir des projets innovants, en rupture par rapport à ceux que nous développons en interne – un moyen efficace d’inspiration des grandes tendances d’innovation, et une source complémentaire de projets d’innovation incrémentale dans nos métiers..

– En sens inverse, que proposez-vous aux start-up avec lesquelles vous collaborez ?

Avant tout, une opportunité concrète d’accélérer leurs chiffre d’affaires en collaborant avec une entreprise à circuits de décisions courts, portés par un comité de direction convaincu des vertus de la démarche. Cela se traduit notamment par une opportunité d’adapter et tester leurs solutions sur nos marchés, de la mise à disposition d’expertise interne et d’un mentor pour le faire, de la visibilité interne et auprès de nos partenaires, et des actions de commercialisation de leurs produits. En revanche, nous n’avons pas principalement vocation à être un financeur et préférons nous associer à des acteurs dont c’est le métier, comme BNP Paribas et ses fonds d’investissement partenaires.

– Comment s’est faite la connexion avec le WAI Massy-Saclay ?

Par notre démarche ouverte d’échange autour de l’innovation justement, avec Wilco, donc, mais également au travers de nos réflexions sur le thème de la transition énergétique et de son financement. Je pense en particulier à Franck Maistre, Directeur du WAI Massy-Saclay, avec qui nous échangeons régulièrement, ou à Yann Lagalaye, en charge chez BNP Paribas des investissements dans la transition énergétique, et qui a participé à la table ronde. Je connaissais également Paul Foucher, du CleanTech Open France, dont nous sommes partenaires, comme BNP Paribas d’ailleurs – nous participons à la sélection de start-up qui candidatent à ce concours.

– Quel regard posez-vous sur l’écosystème Paris-Saclay dans lequel s’inscrit le WAI Massy-Saclay ?

Autant le reconnaître : nous n’y prêtions pas encore toute l’attention qu’il mérite. Rappelons que le siège de Butagaz est à Levallois, et donc à l’extérieur de l’écosystème. Avec nos sites de stockage et d’emplissage de bouteilles de gaz, nos terminaux d’importation et nos moyens logistiques, nous sommes assurément une entreprise industrielle. Mais nous sommes aussi une entreprise fortement orientée par le marketing. Sans négliger ces forces, nous ne devons pas perdre de vue les enjeux d’avenir qui obligent à recourir à de l’expertise scientifique et technologique, et à nous ouvrir à des champs de compétences que nous ne maîtrisons pas forcément aujourd’hui, mais qui seront critiques pour notre compétitivité de demain. C’est tout l’enjeu de notre travail auprès de start-up et de notre rapprochement avec l’écosystème de Paris-Saclay, et qui nous incline à accorder davantage d’attention à des projets qui exigeront plus de temps de maturation, parce que consistant à valoriser des travaux issus de laboratoires. Mais au moins cela sera-t-il le gage d’innovations plus porteuses d’avenir pour notre compétitivité.

– Doit-on comprendre que vous porterez donc plus d’attention à cet écosystème ?

Oui, très certainement. Il s’agit quand même d’un des plus grands clusters de France et même d’Europe !

– C’est aussi un creuset de réflexion sur l’industrie du futur…

Oui. Etant entendu que sur ce sujet comme sur bien d’autres, nous avons besoin de l’expertise de chercheurs, y compris en sciences sociales et humaines (SHS). Car on gagne toujours à se confronter à des personnes qui viennent d’un tout autre domaine que le sien. Ce qu’a bien illustré PhD Talent, cette start-up qui propose de décloisonner le monde des doctorants et celui de l’entreprise, en couvrant un large spectre de disciplines, des sciences dites dures jusqu’aux SHS, justement. L’ingénieur de formation que je suis (je suis diplômé de l’Ecole des mines) peut d’ailleurs témoigner de l’intérêt de cette ouverture disciplinaire : j’ai la chance d’être marié à une docteur en littérature.

A lire aussi les entretiens avec Franck Maistre, directeur du WAI Massy-Saclay (pour y accéder, cliquer ici) et Dianée Baricault, directrice de BodyWork Concept, qui propose notamment des séances de gymnastique de santé en entreprise, pour y prévenir les risques de troubles musculo-squelettiques (cliquer ici).

 

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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