Paléoclimatologue, directeur de recherches au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE), Valérie Masson-Delmotte est co-présidente du groupe de travail n°1 du GIEC, qui porte sur les bases physiques du climat. Elle a bien voulu nous rappeler les enjeux de la COP21 et la contribution de Paris-Saclay à la recherche sur le réchauffement climatique et ses différents enjeux.
– Si vous deviez résumer l’état des connaissances sur le réchauffement climatique…
Ce réchauffement climatique est dû à un déséquilibre des échanges de rayonnement entre la terre et l’espace et ce déséquilibre est lui-même imputable aux rejets de gaz à effet de serre produits par les activités humaines. Cela a été bien établi par les recherches menées depuis maintenant une quarantaine d’années. Les efforts de recherche sont croissants pour observer, comprendre les processus, améliorer la modélisation du climat. Des équipes se mobilisent pour établir des scénarios d’évolution possible de nos émissions de gaz à effet de serre, du point de vue économique, d’une part, et vis-à-vis des conséquences sur le climat, d’autre part. D’autres équipes portent leur attention sur les impacts observés et attendus du changement climatique pour les écosystèmes ou pour les activités humaines, dans les différentes régions et les différents secteurs d’activité, en intégrant les dimensions économiques, les enjeux de santé publique, etc., à court et moyen termes.
Autant de travaux qui forment le socle scientifique sur lequel s’appuie le GIEC (le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) pour produire, à intervalles réguliers, une évaluation critique de l’état des connaissances. Le GIEC mobilise des centaines de scientifiques, bénévoles et volontaires, pour rédiger ses rapports, et des milliers de relecteurs. Son 5e rapport (2013-2014) indique que plus le réchauffement sera important et rapide, plus cela renforcera les risques existants. Cette situation pourrait dépasser nos capacités d’adaptation et nous exposer à des risques d’impacts graves, généralisés et potentiellement irréversibles. Or, un réchauffement climatique non maîtrisé est un frein au développement et un facteur d’insécurité. Il souligne aussi que c’est le cumul des rejets de gaz à effet de serre passés, présents et futur qui déterminera l’ampleur du réchauffement à venir. Voilà pour l’espace des problèmes.
Mais il existe aussi un espace des solutions. C’est ce que s’emploient à montrer des spécialistes de différents domaines (l’agriculture, la forêt, les transports, l’énergie, le bâtiment, les outils économiques, les nouvelles technologies…). Leurs travaux indiquent qu’il est possible de poursuivre un développement plus « inclusif », c’est-à-dire à même de faire sortir les populations les plus pauvres de la pauvreté, tout en ayant un mode de développement sobre en termes d’émissions de carbone. Ces travaux sont aussi évalués par le GIEC. Leurs résumés sont adressés aux décideurs des trois groupes de travail (bases physiques ; impacts, adaptation et vulnérabilité ; atténuation) pour être ensuite approuvés par les représentants des différents gouvernements. Cette transmission de l’état des connaissances permet donc d’informer les négociateurs de la COP21, tout en séparant l’évaluation des connaissances scientifiques des choix politiques.
– Ces travaux ont-ils un écho suffisant ?
Oui, les solutions préconisées entrent progressivement dans l’agenda de l’action politique et ce, depuis longtemps. Pour preuve la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (CCNUC), mise en place en 1992 suite à la conférence de Rio et au premier rapport du GIEC rendu en 1990. A quoi s’ajoutent les Conférences dites des parties (COP), organisées chaque année, depuis 1994. Celle de Paris est donc la 21e.
Une réflexion sans précédent, il convient de le souligner, est désormais engagée entre les différents pays sur le principe d’une politique concertée autour de l’enjeu climatique. C’est une illustration de la prise de conscience de l’existence de « biens communs », qui s’était déjà manifestée à travers le traitement d’autres enjeux – la couche d’ozone, les pluies acides, l’épuisement des ressources halieutiques – avec plus ou moins de difficulté, selon que le nombre des domaines d’activité concernés par les mesures à prendre était grand ou pas.
Concernant le climat, les négociations internationales ont débouché, dès 1997, sur la signature du Protocole de Kyoto avec une distinction entre les pays riches (qui avaient pour objectif de limiter leurs rejets de gaz à effet de serre de 5% en 2012 par rapport à 1990) et les pays en développement, les premiers étant jugés historiquement responsables. Sauf que ce protocole n’a pas été ratifié par le premier pollueur de l’époque, les Etats-Unis, et que d’autres pays industrialisés (le Canada, le Japon…) n’ont pas respecté leurs engagements. Le protocole, prolongé jusqu’en 2020, a donc été réduit comme une peau de chagrin : il ne concerne plus que des pays représentant 15% des émissions mondiales de CO2. Cependant, les pays qui ont mis en œuvre ce protocole ont dépassé les objectifs initiaux qu’ils s’étaient fixés en parvenant à 20% de réduction de leurs émissions, entre 1990 et 2012. Pour des raisons qui, reconnaissons-le toutefois, ne découlent pas des seules politiques de lutte contre le réchauffement climatique, mais de la désindustrialisation, des délocalisations industrielles ou de la crise économique.
Le protocole de Kyoto manifestait la reconnaissance de l’existence d’une instance internationale à même de fixer des objectifs aux pays signataires. Mais si les pays de l’Union européenne ont l’habitude de fonctionner ainsi, ce n’est pas le cas des autres, à commencer par les grandes puissances classiques ou émergentes : Etats-Unis, Chine, Russie, Inde, Brésil… Certains pays développés n’ont pas respecté leurs objectifs (comme le Canada, l’Australie ou le Japon). La COP de Copenhague, qui s’est tenue en 2009, a bien mis en évidence les limites de cette approche de « partage du fardeau ». Elle a néanmoins inscrit un objectif dans les traités internationaux, la limitation du réchauffement à 2° au plus par rapport au XIXe siècle. Il s’agit d’un objectif clair, permettant de limiter les conséquences négatives du réchauffement ou de rester dans la gamme des capacités d’adaptation, et atteignable d’après les scénarios économiques. Il n’en reste pas moins le résultat d’un choix politique et non une prescription scientifique, un choix d’ailleurs contesté par les pays les plus vulnérables.
– Que s’est-il passé depuis ?
La conférence de Copenhague a également acté la mise en place d’un autre mode de négociation sur la base, cette fois, d’engagements volontaires, pays par pays. Ces engagements ont été recueillis par le Groupe de travail sur la Plateforme de Durban pour une action renforcée. On disposait ainsi, avant même la conférence de Paris, de 176 contributions nationales dont celle de l’Union européenne, qui vaut pour les 28 Etats-membres. En tout, cela représente 95% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ces contributions sont intéressantes dans la mesure où, non seulement, elles décrivent des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, à l’horizon de 2020-30, mais encore une stratégie pour y parvenir. Chaque pays, compte tenu de ses spécificités, a ainsi la possibilité de mettre l’accent sur l’énergie, les transports, l’industrie, le bâtiment, l’agriculture et/ou la forêt, et la plupart d’entre eux ont également décrit une stratégie d’adaptation. On voit bien comment l’approche scientifique du climat entre dans une vision du développement, que ce soit dans les pays industrialisés, émergents ou même les moins avancés.
– Encore, un mot sur le 5e rapport, à la rédaction duquel vous avez participé. Pouvez-vous témoigner de la manière dont cela se passe ?
Je peux en effet témoigner en tant que coordinatrice du chapitre sur les climats passés et auteur du résumé technique et du résumé pour décideurs. Sur la base d’une analyse critique des publications scientifiques, nous avons évalué ce qui est robuste, ce qui émerge entre un rapport et le suivant, ce qui est incertain, ou encore ce qui est encore l’objet de controverses scientifiques. Le travail de fond construit dans un document épais est ensuite distillé sous forme de résumés exécutifs. Tout cet ensemble passe par un processus de relecture en plusieurs étapes par la communauté scientifique. Le résumé pour décideurs d’une vingtaine de pages est, enfin, approuvé au mot près par les représentants de chaque gouvernement dans une session plénière du GIEC (qui regroupe donc à la fois les membres du bureau, les coordinateurs de chapitres et les représentants des pays). C’est un endroit où s’expriment les attentes différentes des représentants des pays, avec parfois le souhait d’aider les chercheurs à exprimer plus clairement leurs conclusions, mais aussi le souhait de trouver dans ce résumé les informations pertinentes pour chaque pays, ou enfin la volonté d’atténuer certaines conclusions trop contraires aux intérêts propres des pays. Les modifications se font sur la base du rapport scientifique complet, et avec le dernier mot aux scientifiques auteurs, mais avec une recherche de consensus. C’est dire la difficulté de la tâche. Cette approbation des résumés par les gouvernements permet cependant d’en faire un socle commun, à même d’éclairer les choix des décideurs politiques. Cela permet également de séparer l’état des lieux scientifique des négociations politiques.
– Venons-en à la COP21. Quel en est l’enjeu ?
Cette conférence débute avec, sur la table des négociations, un document de travail de plusieurs dizaines de pages, qui est le résultat des concertations menées largement en amont de la conférence. La diplomatie française a aussi, avec efficacité, je tiens à le souligner, préparé la conférence en amont, en facilitant les échanges préparatoires. Sous l’impulsion qui devait être donnée par les chefs de gouvernement à l’inauguration de la COP21, les deux semaines à venir seront consacrées à la finalisation de l’accord et, donc, à des choix importants de formulation, avec, bien sûr, des implications très différentes selon les termes de cet accord.
Précisons que ce document de travail recouvre des choses très différentes tant au regard des objectifs que des niveaux d’ambition, ou encore du rythme de révision des engagements et des outils de vérification. L’enjeu de la COP 21 est au final de définir l’instrument dont la communauté internationale va se doter de façon à faire monter le niveau d’ambition dans le temps.
– Quel serait l’objectif raisonnable à atteindre ?
Si l’on veut stabiliser le réchauffement climatique, il faut, du fait de l’inertie du système, qu’au lieu d’augmenter année après année, nos émissions de gaz à effet de serre se stabilisent le plus rapidement possible puis diminuent fortement pour parvenir à 0 émission à la fin du siècle. Seules ces trajectoires sont compatibles avec une stabilisation du réchauffement climatique à moins de 2° de la température moyenne à la surface de la Terre. Pour l’heure, les contributions volontaires mises sur la table à horizon 2025 ou 2030 ne sont pas dans une trajectoire compatible avec cet objectif. Elles sont entre une logique de stabilisation et une logique de laisser-faire, ce qui est déjà une inflexion significative. Mais, bien sûr, les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 (début du cadre de l’accord) et après 2030 seront également importantes vis-à-vis des implications pour l’évolution à long terme du climat.
– A vous entendre, on perçoit un optimisme quant à la capacité des Etats et autres parties prenantes à intégrer l’état des connaissances scientifiques, même si cela prend du temps…
Oui. En tant que scientifique, je conçois que le temps de l’action publique n’est pas celui de la recherche scientifique, que les Etats doivent composer avec des intérêts contradictoires. Maintenant, ce que j’attends des engagements volontaires, c’est qu’ils soient réalisables, que ce ne soit pas des promesses qui ne soient pas tenues. Certes, les engagements volontaires actuels manifestent une certaine frilosité, mais au moins sont-ils clairement atteignables. Je suis donc ni pessimiste ni optimiste. Je dirais juste qu’il y a manifestement une prise de conscience élargie. Reste tout l’enjeu d’élargir l’engagement des Etats avec celui des collectivités régionales, des grandes villes, des accords de branches dans différents secteurs d’activité, mais aussi de l’évolution des modes de vie et des investissements ou des outils économiques… Autrement dit, les actions doivent se décliner dans la durée. Ce qui importe, c’est de rester lucide sur les défis à surmonter et le temps que cela prendra. A l’évidence, les Etats ont perdu du temps, mais il est possible et d’autant plus urgent d’agir.
– Mais comment la scientifique que vous êtes vit-elle ce décalage entre l’urgence de la situation mise en lumière par les connaissances scientifiques et ce temps plus long de l’action ?
Je ne poserai pas le problème ainsi. Ce qui importe, c’est de distinguer, d’une part, l’espace des problèmes liés à un changement climatique non maîtrisé, d’autre part, l’espace des solutions et ce, dans tous les secteurs, que la communauté scientifique et donc le GIEC s’emploient à identifier. Peut-être que ce qui manque au niveau de l’analyse, c’est l’espace des freins : pourquoi a-t-on perdu autant de temps ? Pourquoi des solutions ne se déploient pas plus rapidement alors qu’elles existent ? Il y aurait un travail à faire, qui pourrait mobiliser bien au-delà de la science du climat, jusque et y compris les sciences sociales et humaines, pour une juste compréhension des jeux d’acteurs et des blocages.
– A quel titre participez-vous à la COP 21 ?
Je suis accréditée comme co-présidente du groupe de travail numéro 1 du GIEC (« observateur » des Nations Unies), mais sans prendre part aux négociations et ce, au nom de ce principe d’une division du travail entre le scientifique et le politique. J’ajoute que j’ai été élue à cette fonction par les représentants des différents gouvernements. Je ne fais donc évidemment pas partie de l’équipe de négociation française.
Un dialogue existe cependant entre scientifiques et politiques, sur les questions climatiques, qui est rendu possible, justement, par le GIEC. Le dialogue porte initialement sur le choix des thématiques de rapports spéciaux, sur la structure des rapports complets, pour répondre aux questions des décideurs politiques, et cet échange se poursuit également au fil des étapes de relecture du rapport et d’approbation. C’est un dialogue délicat, comme vous l’imaginez, mais qui n’en débouche pas moins sur des résultats intéressants tant pour l’analyse de l’état des connaissances (qui peut stimuler la recherche) que pour l’action publique.
– En quoi est-il intéressant pour la scientifique que vous êtes : on ne dialogue pas avec des politiques comme on le fait avec ses pairs…
J’ai pu prendre la mesure de l’importance des rapports du GIEC pour les pays en développement, d’abord, et en particulier les moins avancés, qui ne disposent pas des mêmes ressources en sciences du climat. Pour eux, les rapports du GIEC sont une source d’information majeure sur laquelle ils s’appuient pour définir leur politique publique.
En dehors de mon champ de recherche, les climats passés, j’ai pris aussi la mesure du caractère sensible, politiquement parlant, de bien des sujets depuis les conséquences à court et long termes de différentes amplitudes de réchauffement climatique, les enjeux de l’adaptation, l’importance de l’évaluation des impacts du changement climatique, ou les trajectoires de développement – ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas. Ces questions demandent de nous interroger, comme scientifiques, sur les limites de nos connaissances, et sur la manière de transmettre le degré de confiance dans nos résultats. La question de la communication des conclusions du GIEC est importante, car les rapports sont aujourd’hui rédigés pour des scientifiques et sont très difficiles à lire pour la plupart des individus. Récemment, certains ont proposé d’y inclure un résumé pour les citoyens du monde…
– En sens inverse, quelle importance revêt la COP21 pour le GIEC et les scientifiques plus généralement ?
Une question porte sur l’évaluation des implications des engagements volontaires des différents pays. Les méthodologies utilisées par différents centres de recherche, par le secrétariat de la Convention Climat ou par certaines ONG sont différentes et ne débouchent donc pas sur des résultats identiques. Hervé le Treut et Olivier Boucher [respectivement directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace et directeur de recherche CNRS] ont travaillé avec une équipe pluridisciplinaire sur ces aspects, et leur analyse montre l’importance d’évaluer ces méthodologies afin de permettre les comparaisons. C’est là que le GIEC pourrait intervenir si on le lui demande. Car, encore une fois, le GIEC n’a pas vocation à produire de nouvelles connaissances, mais à éclairer l’état des connaissances ou de méthodologies existantes.
Enfin, la COP21 est pour nous, scientifiques, un moment d’échanges aussi bien sur l’état des connaissances que sur les attentes des politiques et de la société civile sur un certain nombre de sujets. C’est aussi un moment où les médias focalisent une attention sur les enjeux du changement climatique.
– Dans quelle mesure le Plateau de Saclay est-il mobilisé dans la recherche sur le changement climatique et/ou ses impacts ?
Plusieurs équipes de recherche du Plateau de Saclay sont impliquées dans les travaux et les études sur le réchauffement climatique et ses effets. Elles sont en partie fédérées à travers l’Institut Pierre Simon Laplace. Les champs couverts sont nombreux : ils vont des climats passés à l’observation du changement climatique, à travers, notamment l’étude de processus liés aux nuages, le suivi de la concentration en gaz à effet de serre, le développement de modèles de climat et leur utilisation pour les climats passés, présents et futurs, etc. Voilà pour les sciences du climat. A quoi s’ajoutent des études sur les écosystèmes et les services que ceux-ci nous rendent ; les politiques d’adaptation ; les outils d’une économie décarbonée. Le LabEx BASC joue un rôle structurant sur les aspects climat / agriculture / biodiversité, par exemple. Ajoutons encore des travaux visant à anticiper l’impact du réchauffement, à travers l’étude, en particulier, d’événements extrêmes, comme les vagues de chaleur ou les fortes précipitations, et leurs effets au regard du confort thermique ou de la biodiversité. Les liens entre climat et énergie sont abordés de manière croisée également. J’ajoute un champ qui commence à être exploré : les conséquences du réchauffement climatique sur l’eau. Soit des tensions accrues sur son usage, des risques de sècheresse plus prononcée durant les mois d’été ou encore la nécessité d’une gestion des écoulements produits par une pluviométrie plus intense. Un sujet sensible dans les vallées y compris du territoire francilien. La région de Paris-Saclay en particulier est confrontée à la problématique des vulnérabilités en zones argileuses avec les risques de retrait/gonflement des sols.
– Autant de problématiques explorées par des chercheurs…
Non seulement explorées mais aussi enseignées aux étudiants et progressivement, intégrées dans les politiques locales et par les aménageurs. Au-delà de l’apport au plan de la recherche, Paris-Saclay est aussi un laboratoire d’expérimentations d’un développement responsable à travers des bâtiments et des transports plus performants, moins émetteurs de gaz à effet de serre. Rappelons qu’il a aussi vocation à être un Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV), produisant plus d’énergie qu’il n’en consomme. Les données acquises au travers de ces expérimentations pourront être utiles à la recherche.
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