Le 27 novembre 2015, se tient la deuxième édition de l’ESS Initiatives, le salon de l’ESS et de l’entrepreneuriat social. Caroline Cailleau, directrice du PôleS NOE, à l’initiative de l’événement, nous en dit plus.
– A quel besoin la création de ce salon a-t-elle répondu ?
Sa création est partie d’un constat : il existait, sur le territoire de Nord-Ouest Essonne, des initiatives partageant des valeurs de l’ESS et de l’entrepreneuriat social, mais elles étaient isolées et peu visibles. Tout naturellement, nous avons eu envie de permettre à ceux qui les portent de se rencontrer et de mieux se faire connaître avec l’idée aussi de susciter des projets communs. Le titre de la première édition disait bien cette intention : « L’ESS s’expose ». D’emblée, nous avons fait le choix d’un salon professionnel plutôt que d’un forum comme il en existe déjà. Ce choix n’est pas anodin : il exprime notre souhait de valoriser des structures qui ne recourent pas uniquement au bénévolat, mais créent des emplois salariés et se professionnalisent. Notre salon s’adresse aussi aux entreprises classiques du territoire, qui, sans relever de l’ESS ou de l’entrepreneuriat social, aspirent à travailler avec ces structures pour bénéficier de leurs services. Car, dans notre esprit, les unes et les autres ne s’opposent pas, mais sont complémentaires. D’ailleurs, si des structures de l’ESS et de l’entrepreneuriat social optent pour un statut associatif, d’autres font le choix d’un statut de société. Outre les valeurs de solidarité, elles se retrouvent aussi dans ce souci de contribuer au développement économique du territoire en privilégiant une logique de proximité et de lien social.
– Quels changements majeurs avez-vous introduits par rapport à l’édition précédente ?
Comme l’an passé, nous organisons notre salon en novembre, en nous inscrivant dans la programmation nationale du « Mois de l’ESS ». Mais cette année, nous avons choisi d’organiser l’événement sur un seul jour au lieu de deux et un vendredi plutôt qu’un samedi, de façon à permettre aux salariés d’entreprises privées d’y participer. Car, encore une fois, nous n’avons pas vocation à rester dans un entre soi, mais, au contraire, à jeter des passerelles entre des structures de l’ESS et de l’entrepreneuriat social, d’une part, et des entreprises du secteur marchand classique, d’autre part, sans oublier, bien sûr, les acteurs publics dont les collectivités locales.
– Et concernant le format, quoi de nouveau ?
Lui ne change pas car, manifestement, il avait beaucoup plu. Il y aura donc de nouveau, en parallèle aux stands, deux tables rondes avec une demi douzaine d’intervenants à chacune d’elles, qui, en plus de témoigner, de ce qu’ils font, seront invités à réfléchir aux possibilités de se rapprocher et de faire du territoire du Nord-Ouest Essonne, un vrai lieu d’expérimentation et de développement de l’ESS et de l’entrepreneuriat social. Comme l’an passé, on y entendra ainsi des acteurs très divers : de l’insertion par l’activité économique, des services pour aidants, du recyclage de déchet, du domaine agricole ou du maraîchage, sans oublier, bien sûr, des acteurs du département ayant vocation à accompagner les structures de l’ESS, des entrepreneuriaux sociaux, mais aussi des TPE, dans leur développement sur le territoire. Cette année, nous accueillons également le club FACE (Fondation Agir Contre l’Exclusion) de Palaiseau, qui regroupe des entreprises qui s’engagent localement contre les exclusions. Interviendront aussi des personnes extérieures au territoire : en l’occurrence, des chercheurs de l’Institut Jean-Baptiste Godin, un centre de transfert en pratiques solidaires et innovation sociale, situé à Amiens.
– A vous entendre, votre salon se veut être un lieu propice de rencontre entre des acteurs qui se méconnaissent. Ne faudrait-il pas justement envisager un lieu pérenne ?
Si. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons sollicité, parmi les intervenants, Ronan James, le responsable du PROTO204 qui s’est imposé, sur le Plateau de Saclay, comme un tiers lieu collaboratif entre des diverses communautés (étudiants, startuppers, associatifs, etc.). On pourrait en imaginer d’autres, à différents endroits du territoire, qui hébergeraient plus spécifiquement des entrepreneurs sociaux avec des espaces de coworking, comme cela se fait maintenant. Pour nous, c’est assurément une des pistes à creuser si on veut développer l’ESS et plus largement de l’entrepreneuriat social, en Nord-Ouest Essonne.
– Est-ce à dire que, non seulement l’ESS a sa place dans l’écosystème de Paris-Saclay, dont relève le Nord-Ouest Essonne, mais encore que ce territoire peut aider à son renouvellement, par la création, justement, de ce genre de lieux ?
Oui, Paris-Saclay offre assurément des perspectives intéressantes, mais pas seulement par la création de tels lieux. Paris-Saclay, c’est aussi et peut-être d’abord la présence d’étudiants de plus en plus nombreux à vouloir se lancer dans l’entrepreneuriat social. On parle de génération Y, en quête de sens, exprimant des besoins nouveaux en termes de mode de vie, mais aussi de travail. Cette génération semble bien présente sur le Plateau de Saclay. Charge donc aux acteurs de l’ESS de saisir cette opportunité, d’aller à la rencontre de ces nouveaux entrepreneurs, jeunes et motivés. De plus en plus de start-up voient le jour sur le territoire et ne demandent qu’à y rester pour peu qu’on leur donne des moyens de s’y développer. Malheureusement, la tentation reste grande de repartir sur Paris. Or, il y a ici des besoins de services innovants, ne serait-ce que pour répondre aux enjeux de mobilité ou au vieillissement. Faisons donc en sorte de leur donner envie de rester. Si les entrepreneurs issus d’école d’ingénieurs ou de filière scientifique peuvent apporter des compétences au plan technologique, les acteurs de l’ESS et de l’entrepreneuriat social peuvent apporter leur connaissance du territoire et des besoins de ses populations, pour définir une offre adaptée et, ce faisant, promouvoir une innovation tout à la fois technologique et sociale.
– Avez-vous songé à annuler ce salon compte tenu des événements du 13 novembre dernier ou, au contraire, avez-vous considéré que c’était un motif de plus de donner à voir des projets innovants qui dessinent des solutions d’avenir ?
Bien sûr, la perspective d’une annulation, ne serait-ce que sous le coup d’une décision préfectorale, m’a traversé l’esprit. Naturellement, je l’aurais comprise, mais pas sans éprouver un peu de regret. Au vu du nombre de personnes qui ont accepté d’y participer, et de l’enthousiasme qu’elles ont manifesté à cette idée, je pense que ç’aurait été un gâchis de ne pas pouvoir terminer le mois de novembre sur une note positive. Certes, porté par une association – PôleS NOE -, notre salon reste quelque chose de bien modeste. Mais, petit à petit, nous creusons un sillon. Des acteurs très divers et tous plus passionnants les uns que les autres nous suivent depuis la première édition, en manifestant un réel souci de se rapprocher, de travailler ensemble pour mieux « embellir » le territoire. Un message de solidarité qui n’en prend que plus de force dans les circonstances actuelles.
Pour en savoir plus sur ce salon, cliquer ici.
En illustration, des supports de la démarche prospective « Faire Ensemble 2020 » animée par la Fonda et à laquelle participe le PôleS Noe. Pour en savoir plus, cliquer ici.
Journaliste
En savoir plus