Au-delà des limites… avec joie et bienveillance.
A tout seigneur, tout honneur, c’est Assya Van Gysel, qui inaugure cette série d’entretiens réalisés sur le vil, avec des parties prenantes de cette édition 2016 de TEDx Saclay. Rendez-vous est déjà fixé pour l’an prochain.
– On vous a sentie à plusieurs reprises émue au cours de la soirée…
Comment ne pas l’être ! L’an passé, Jean-Guy Henckel [le fondateur du Réseau Cocagne] m’avait émue aux larmes, dès notre première rencontre. J’avoue que ce qu’a dit Thierry Marx sur la nécessité de se libérer de son passé a manqué de peu de m’en tirer d’autres. Mais comme j’anime la soirée, je veille à ne pas me laisser trop submerger par l’émotion.
– Qu’éprouve-t-on à l’issue de cette 2e édition de TEDx Saclay ?
De la joie, forcément. Comme j’en avais éprouvé tout au long de la préparation de cette 2e édition avec le reste de l’équipe. Malgré les inévitables couacs, c’est ce sentiment qui a toujours dominé. C’est extraordinaire quand on y pense ! Toute l’équipe était au diapason. Au cours de sa conférence, Pascal Ribon a parlé de la « gentillesse » et de l’ « empathie » en rappelant les résultats du projet Aristote de Google qui montrent que ce sont les clés de réussite des équipes les plus productives. C’est tout à fait juste. En tout cas, je peux le constater à l’échelle de celle de TEDx Saclay où chacun, qu’il soit bénévole, professionnel ou i-connecteur, a toujours manifesté de la bienveillance à l’égard des autres. Dans ces conditions, la joie est communicative. Or, il n’y a rien de tel pour surmonter les moindres difficultés qui se présentent.
– Est-ce à dire que le management qu’on enseigne dans de grandes écoles ne tiendrait qu’à des principes aussi élémentaires que la joie, la gentillesse, la bienveillance ?
Sans doute que des organisations ont besoin de principes plus élaborés. Mais à l’échelle d’une équipe ou même d’un individu, ce peut-être effectivement des facteurs de performance. Voyez Thierry Marx, qui a fait toute sa carrière avec le cœur. Or, travailler avec le cœur, cela peut être plus efficace qu’une attitude qui serait toute dans le calcul et le cérébral. Cela incline à aplanir les choses plutôt qu’à entrer dans le conflit. Ce qu’il a dit de la nécessité de se libérer de son passé me paraît aussi essentiel.
Cela étant dit, animer une équipe, cela peut s’apprendre aussi. Je me garderai donc d’opposer les autodidactes et les diplômés en management. On peut avoir fait des études poussées dans ce domaine et être un bon manager ! Au sein de notre équipe, nous comptons d’ailleurs une étudiante en master 2 à Télécom Ecole de Management, Clara Morlière [ qui nous a aussi accordé un entretien ]. Je vous prie de croire qu’elle est particulièrement efficace en plus d’être attentive aux autres. C’est elle qui a su organiser la retransmission du TEDx Saclay au sein de son école.
– Un mot sur les intervenants : une douzaine, au total, tous plus différents les uns et les autres, et que vous avez réunis en prenant le risque d’un programme très éclectique…
Oui, cette année, comme d’ailleurs l’an passé, les intervenants étaient très différents aussi bien au regard de leur parcours, de leur témoignage que de leur âge. Et c’est précisément en cela que TEDx Saclay m’intéresse : on peut y rencontrer des personnes très variées, qu’on n’a pas l’habitude d’entendre dans son univers professionnel. D’autant que, cette année, nous avons aussi pris le risque de sélectionner des intervenants sur la base d’appels à idées auprès de doctorants et d’étudiants, donc de personnes a priori moins chevronnées. Eh bien, force est de constater que les quatre lauréats ont tous été à la hauteur ! Certes, Pauline Maisonnasse avait l’expérience du concours « Ma thèse en 180 secondes », qu’elle a remporté à Paris-Saclay. Mais TEDx, c’est un autre défi, et pas seulement parce que l’intervention dure quatre fois plus longtemps (12 minutes), il s’agit de convaincre de l’intérêt d’une idée ou d’une innovation. Ce que Pauline est parvenue à faire, avec, en plus, beaucoup d’humour. Pour les trois autres sélectionnés – Olivier Beaude, Pierre Barral et Andrei Klochko, c’était une première. Vous avez pu mesurer le chemin qu’ils ont parcouru depuis les appels à idées (pour lesquels ils ne disposaient, là encore, que de trois minutes). Leur performance, car c’en est une, m’a fait beaucoup plaisir.
– Preuve que TEDx Saclay donne sa chance à tout le monde…
Oui. TEDx Saclay n’est pas destiné qu’aux personnalités déjà connues. Et même si elle se déroule dans un écosystème à forte densité de diplômés, elle reste ouverte à quiconque est passionné par un sujet ou dont le parcours de vie est passionnant. Pas besoin donc d’être un conférencier chevronné. Dès lors qu’on parle avec son cœur – on y revient – le message passe et ne manque pas d’émouvoir. Sur un sujet comme le vote par tirage au sort (le sujet traité par Pierre Barral), comme sur d’autres, le réflexe est de solliciter un conférencier reconnu. Pourtant, il y a des personnes, au sein même du territoire de Paris-Saclay ou d’ailleurs, qui sont à même d’en parler avec brio, en captant l’attention du public. Certes, il y a un gros travail de préparation en amont. Mais, justement, les candidats sont prêts à le consentir, en y consacrant le temps nécessaire.
– Pouvez-vous rappeler en quoi consiste justement cette préparation ?
D’abord, je prends le temps de rencontrer chaque intervenant pressenti comme chaque candidat à nos appels à idées. Ensuite, je sollicite Ideas on Stage, pour les coacher à travers trois séances d’une heure et une répétition générale qui a lieu le matin du jour J. On peut ainsi mesurer le chemin parcouru depuis la toute première présentation. Personnellement, je suis à chaque fois bluffée.
– On peut donc aussi parler d’un « effet TEDx Saclay »…
Oui, indéniablement. TEDx Saclay a beau reposer sur un cahier des charges assez strict, c’est aussi une question d’ambiance, qui contribue à donner envie d’agir. Car, pour ma part, je ne voudrais pas que cela se résume à une discussion de salon. L’enjeu est bien de partager des idées qui nous aident à transformer le monde sinon déjà soi-même, en nous convaincant qu’on peut agir, qu’on peut réaliser ses rêves, même les plus fous, pour peu qu’on aille… au-delà des limites qu’on s’impose !.
– Justement, quels ont été les effets de la première édition. Y-a-t-il eu des suites ?
Il y a d’abord, une audience encore plus importante. Le concours de l’EDF Lab – dont je tiens à remercier l’équipe, qui nous a réservé un accueil formidable – nous a permis d’accueillir plus de 500 personnes. Auxquelles s’ajoutent toutes celles qui ont assisté depuis l’un des quinze autres lieux partenaires, dont l’Aquarelle, une brasserie de la ville d’Orsay. Preuve au passage qu’on peut y retransmettre autre chose que des matchs de foot !
– Finalement, « au-delà des limites » serait une bonne manière de définir TEDx Saclay…
C’est vrai ! Participer à TEDx saclay m’a appris à dépasser mes limites et changer mon regard sur bien des sujets. Voyez la conférence de Sylvain Dupuis, comme elle nous ouvre les yeux sur les Tziganes et la richesse de leur culture. Moi-même était à mille lieues de penser qu’elle pouvait autant nous parler. « Au-delà des limites », ce n’est donc pas seulement une incitation à toujours plus de performance, c’est aussi une invite à bousculer les idées reçues et des croyances, qui nous empêchent d’agir, d’aller à la rencontre d’autrui.
– Comme vous l’avez annoncé dès l’issue de la conférence, il y aura donc une suite…
Oui. Tout est d’ailleurs déjà arrêté : la date (Jeudi 30 novembre 2017), le lieu (l’amphithéâtre de 1 000 places de la nouvelle école de CentraleSupélec, qui ouvrira en mars-avril prochain) et le thème (« Au service du vivant »).
– Comment s’est imposé le choix de ce thème ?
Tout naturellement car c’est quelque chose que je vis au quotidien ! Et qui résume bien aussi la vocation de TEDx Saclay.
– Et le choix du lieu ?
L’idée nous a été soufflée par un membre de notre équipe qui se trouve être Centralien. Initialement, il ne s’agissait que d’y retransmettre l’événement. Finalement, l’école y a vu l’opportunité de marquer son arrivée sur le campus de Paris-Saclay. C’est ce qui avait d’ailleurs motivé la proposition d’EDF Lab, de nous accueillir cette année [le nouveau centre de R&D d’EDF sur le Plateau de Saclay a été inauguré cette année]. Preuve, au passage, que TEDx Saclay est emblématique de Paris-Saclay…
– On ne peut clore cet entretien sans parler de…
… Synchronicité ? (rire). Voici la dernière illustration en date : nous étions à la recherche d’un PMO (Project Manager Officer) pour renforcer l’équipe. Or, ce soir, une femme s’est approchée de moi, pour proposer de nous prêter mains fortes. Et elle se trouve être chef de projet !
A lire aussi notre compte rendu de l’événement (pour y accéder, cliquer ici) et les entretiens avec : Olivier Beaude (cliquer ici), Sylvain Dupuis (cliquer ici), Sarah Fdili Alaoui (cliquer ici), Pauline Maisonnasse (cliquer ici), Clara Morlière (à venir) et Pascale Ribon (cliquer ici).
Journaliste
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