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Paris-Saclay, un cluster qui nous veut du bien.

Le 27 avril 2020

Chercheurs, étudiants, startuppers, entrepreneurs, élus, associatifs,… Pas un jour ou presque sans qu’on ne découvre une nouvelle initiative d’acteurs de Paris-Saclay en vue de lutter contre le virus, d’aider le personnel soignant, de proposer des services par temps de confinement,… En voici un premier et très modeste tour d’horizon.

Au cours de ces dernières semaines, on n’aura jamais autant entendu parler de « cluster », en un sens qui, malheureusement suscite plutôt sidération et inquiétude. Espérons que ce ne soit pas au point d’en faire oublier ses autres significations, plus positives celles-là, que ce soit dans le champ musical ou de l’innovation technologique. Ce ne serait pas rendre justice à la créativité dont il peut faire preuve dans ce cas-ci (le cluster technologique), pour faire face à un défi comme la pandémie. En témoigne d’ailleurs le cluster de Paris-Saclay où on ne compte plus les initiatives individuelles ou collectives, d’établissements d’enseignements supérieur et de recherche, d’entrepreneurs, de startuppers, de collectivités,… Elles sont d’autant plus réconfortantes qu’elles illustrent chacune à leur manière que le « Monde d’après » est peut-être déjà là, en émergence. En voici plusieurs illustrations (naturellement, la liste ne prétend pas à l’exhaustivité).
Du côté des établissements d’enseignement supérieur, d’abord, citons la mobilisation de l’Université Paris-Saclay et de l’Institut Polytechnique de Paris. La première s’est engagée à mener des projets de recherche prioritaire sur le Covid-19, mais aussi à fournir du matériel de protections aux personnels de santé et aux laborantins. Pour cela, elle s’appuie sur les formidables ressources de ses FabLabs.

Des fablabs et makers à la pointe

A l’image de celui de CentraleSupélec, qui s’est lancé dans la fabrication de visières de protection sur le modèle CAO tchèque en open access (modèle constitué d’un serre-tête en plastique fabriqué sur imprimantes 3D, qui permet de fixer une feuille en plastique transparente au format A4 standard). Il a pour cela rejoint 3D4Care, un consortium d’universités franciliennes, qui s’est constitué en partenariat avec l’Inserm, pour fournir l’AP-HP en visières de protection. Entre 250-300 de ces dernières ont pu être ainsi livrées chaque jour, depuis début avril.

De son côté, l’IUT de Cachan, fort de ses spécialités industrielles articulées autour du Génie Électrique et Informatique Industrielle et du Génie Mécanique et Productique, a mis à disposition une quinzaine de petites d’imprimantes 3D et une grosse imprimante industrielle : les premières ont été installées chez les personnels tandis que la seconde est pilotée à distance. Une production de visières a pu ainsi démarrer.

En plus de visières conçues en impression 3D, le FabLab Digiscope a mobilisé, avec le concours de deux enseignants-chercheurs du LRI, ses découpes lasers pour en produire à partir de grandes feuilles de plastiques ayant des propriétés compatibles pour un usage médical (ce qui offre l’avantage d’assurer un gain de temps à l’usage car nécessitant moins d’étapes de désaffection). Confiées un groupe de couturières pour leur assemblages, les visières ont rejoint l’hôpital d’Arpajon.

Du côté de Polytechnique, X-Entrepreneurship et son équipe de prototypage (X-Fab) se sont associés au Laboratoire d’Hydrodynamique de l’X (LadHyx), au service de sécurité de l’Ecole (SPIS) et à Valéo (dont une équipe d’ingénieurs est présente au Drahi-X Novation Centrer) pour produire là encore du matériel de protection contre le Covid-19 à destination de personnels soignants. Plus de 1 400 visières ont ainsi été produites et distribuées, dont une partie à des Ehpad.

En matière de production de matériel, mentionnons également le Paris-Saclay Hardware Accelerator, qui a commencé à fournir le CHU de Can en visières conçues en impression 3D avant de se lancer dans une production plus massive à partir d’un moulage fourni par la Fédération française de plasturgie (pour en savoir plus, voir l’entretien que nous a accordé son directeur, Alain Moinat – mise en ligne à venir).

Naturellement, ces initiatives requièrent des matériaux. Pour leur financement, le réseau des Fondations & Mécénat de l’Université Paris-Saclay a uni ses efforts pour financer des FabLabs, en puisant 19 000 euros sur ses fonds propres. Il lance par ailleurs un appel aux dons auprès des particuliers et des entreprises.

Du côté des universités et facultés, signalons encore : la Faculté de pharmacie de Paris-Saclay, qui s’est engagée dans la production de solutions hydroalcooliques ; l’Université de Versailles Saint-Quentin, qui a fait don de matériel aux hôpitaux de Versailles (charlottes, sur-chaussures, blouses jetables, boites de gants en latex…) ; la faculté de médecine Paris-Saclay, à Kremlin-Bicêtre, qui, dès le 16 mars, mettait en place une cellule de crise réunissant Doyen et les enseignants de la faculté, des représentants des hôpitaux Paris-Saclay et les représentants des étudiants. Qu’ils aient à peine commencé leurs études ou bien qu’ils aient quasiment écumé tous les services du CHU ou des hôpitaux conventionnés, ces derniers participent à la gestion de la crise sanitaire, les uns au Samu, les autres comme infirmiers ou aide-soignants…

L’apport des SHS

D’autres académiques répondent présent. Ainsi de l’ancien directeur de la MSH Paris-Saclay, André Torre, qui a contribué à la mise en place d’une plateforme, CORTE Covid-19, destinée à permettre aux chercheurs de contribuer à éclairer la pandémie sous l’angle de ses enjeux territoriaux ou spatiaux. Il nous en dit plus dans l’entretien qu’il nous a accordé (pour y accéder, cliquer ici), en témoignant de son expérience de « chercheur confiné mais engagé ».
Du côté de la recherche plus prospective, signalons l’initiative annoncée à la mi avril par l’Institut de la ville en mouvement (IVM, rattaché à l’ITE Vedecom) : la mise en place, en réseau avec les chercheurs et experts partenaires, d’une plateforme internationale d’observation et d’échanges pour « repérer, dans cette situation exceptionnelle de pandémie mondiale, l’émergence de pratiques, de comportements pour contribuer à imaginer et à développer des solutions innovantes. » Dans le droit fil de sa vocation (explorer des thématiques de mobilité ignorées ou laissées de côté par la recherche et l’action publique), et partant de l’hypothèse que des initiatives ou évolutions « laisseront des traces durables ou constitueront des accélérateurs des transformations déjà en gestation », l’IVM se fixe pour objectif, avec cette plateforme, de produire de la connaissance sur ce qui est en train de changer et sur ce qui pourrait être pérennisé, dans l’utilisation de technologies nouvelles, dans le développement de nouveaux usages. Les observations porteront plus particulièrement sur : 1) Les lieux et les temps du mouvement, la rue, les parkings, les passages, les hubs, les oasis urbaines ; 2) « Les transformations des civilités urbaines en mobilité » ; 3) Les activités mobiles dans le cadre du projet Hyperlieux Mobiles ; 4) Les métiers du mouvement & les métiers immobiles – mais mobiles à distance ; etc. De manière transversale, il portera aussi une attention particulière aux phénomènes d’exclusion sociale que la crise vient aggraver ou mettre davantage en lumière.

 Les entrepreneurs aussi

Grands comptes, start-up, PME, TPE,… les entreprises ne sont pas en reste : beaucoup ont adapté leur système productif pour produire du matériel ou mis à disposition des services aux personnels soignants. Citons : Air Liquide, Valéo et PSA, qui ont ainsi mis leurs savoir-faire en commun pour fabriquer des respirateurs – une initiative qui a eu un retentissement au plan national. Du côté des start-up : Zoov met ses vélos en libre service ; Magic LEMP, hébergée par WIPSE, le réseau de pépinières de Paris-Saclay, propose une solution innovante pour venir en aide aux médecins et aux hôpitaux de France,…

Signalons encore dans le secteur de la production alimentaire :

– Terre & Cité, qui se fait l’écho des producteurs locaux se mobilisant pour assurer des approvisionnements en circuits courts. Nous vous invitons à consulter le site  de Terre & Cité ou à en suivre le fil sur twitter (@TerreCit) ;

– La Ferme de Viltain, qui a ouvert son magasin aux producteurs locaux de la ZPNAF tandis que son équipe se mobilise pour accueillir ses clients en sécurité.

Quel impact aura la pandémie sur l’écosystème ? C’est ce à quoi s’engage de répondre la Dirrecte à partir d’une « évaluation des impacts économiques de la crise Covid-19 sur l’écosystème de Paris-Saclay ». En attendant d’en connaître les résultats, Paris-Saclay Le Média continuera à rendre compte des initiatives du cluster, à travers des entretiens et/ou  de son compte twitter – à travers une double série de tweets : « La recherche répond présent » et « Le monde d’après est déjà-là » (pour nous suivre : @SylvainAllemand).

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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