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A la découverte des sons de la communication animale.

Le 24 septembre 2018

Suite de nos échos à l’inauguration de la Maison d’Initiation et de Sensibilisation aux Sciences (MISS), qui s’est déroulée le 12 juillet 2018, à travers le témoignage de Coralie Caron, qui poursuit une thèse en biochimie à l’Institut Curie, de la Faculté des sciences d’Orsay.

– Si vous deviez présenter, pour commencer, cet atelier sur la « communication animale »…

Cet atelier, qui s’adresse à des élèves, du CE2 jusqu’à la 6e, s’organise en deux temps. Le matin, ils découvrent la notion d’onde sonore et ses caractéristiques – l’amplitude, la fréquence et la durée. Autant de caractéristiques que nous leur donnons à voir, littéralement, en visualisant le son au travers d’une cuve à ondes. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une cuve remplie d’eau, permettant de visualiser sur un de ses côtés, des ondes sonores sous la forme des cercles concentriques produits par les vibrations d’une aiguille placée au dessus. Vibrations dont on peut faire varier l’amplitude et la fréquence. Toujours durant cette première séquence, nous projetons ensuite une vidéo qui traite, cette fois, de la manière dont nous percevons le son. En l’occurrence, il arrive au niveau de nos osselets, lesquels vibrent, les vibrations ainsi produites se transformant en impulsions nerveuses transmises au cerveau.
L’après-midi, nous les emmenons à la serre du campus d’Orsay pour y enregistrer des sons produits par différents animaux. Puis retour ici, au premier étage de la MISS, pour traiter ces sons sur ordinateur, au moyen d’Audacity, un logiciel d’enregistrement en format numérique et d’édition sous différents autres formats, et d’un manuel de référence, de façon à identifier les animaux dont ils auront ainsi enregistré les sons.

– Au passage, votre atelier illustre bien une des vocations de la MISS, à savoir : exploiter les ressources de l’environnement où elle se situe, en l’occurrence le campus d’Orsay, et travailler ainsi en interaction avec ses chercheurs…

Exactement ! Et si on propose cet atelier-ci sur la communication animale, c’est qu’il se trouve ici, sur le campus d’Orsay, des spécialistes de la question, en mesure de nous apporter une aide précieuse.

– J’ai visité un autre atelier qui traite aussi du son à travers la musique [voir l’entretien avec Ludmilla Guduff]. Interagissez-vous avec lui et d’autres encore ?

Bien sûr, entre animateurs, nous échangeons d’autant que deux ateliers, c’est le cas du mien et de celui que vous évoquez, peuvent être amenés à traiter de mêmes notions. Mais au cours d’une journée, une même classe n’en suit qu’un seul car il y a déjà suffisamment à faire pour devenir un apprenti chercheur !

– Comment réagissent les enfants à cette démarche expérimentale ?

Ils sont étonnés, surpris, enthousiastes ! Tout sauf avares de questions !

– Comment faites-vous pour gérer une « classe » si peu ordinaire, où les enfants ont tout loisir de poser leurs questions…

Douter, s’interroger, se poser des questions, cela fait partie intégrante de la démarche du chercheur. Les enfants ont donc le droit d’en poser, quelles qu’elles soient : il n’y en a pas qui seraient a priori mauvaises. S’il le faut, nous leur apportons des éléments de réponse, mais en tâchant de les laisser interagir entre eux. Souvent la réponse vient d’eux-mêmes et c’est précisément le but recherché.

– Dans un entretien qu’il nous a accordé, le chercheur Pierre Joliot, 86 ans et toujours en activité, explique que la recherche ne vaut d’être poursuivie que si on l’appréhende aussi comme un jeu… [ pour y accéder, cliquer ici]. Est-ce dans cet état d’esprit que vous envisagez votre atelier ?

Comme vous le constatez, nous avons reconstitué l’esprit d’un laboratoire, avec tout le sérieux que cela suggère. Mais, oui, effectivement, il y a dans la recherche une dimension ludique, qu’il est important d’entretenir. Tout est affaire d’équilibre. L’exercice de visualisation que nous faisons au moyen de la cuve à ondes plaît beaucoup aux enfants. Pour autant, nous ne renonçons pas à un certain niveau d’exigence. Il n’y a pas un temps pour les travaux pratiques puis un temps pour la réflexion théorique. Nous faisons constamment des allers et retours entre les deux, avec le double souci que les enfants puissent se représenter concrètement les choses, tout en leur faisant découvrir des notions abstraites. Et c’est en cela que l’exercice devient stimulant.

– Quel mot utiliseriez-vous pour caractériser votre démarche ? J’ai l’impression que c’est bien plus que de la vulgarisation…

En effet, c’est bien plus que cela. Les notions que nous utilisons (fréquence, amplitude,…) sont ni plus ni moins celles utilisées par les chercheurs. Nous ne cherchons pas à utiliser des mots qui « parleraient » plus aux élèves. Pour paraître abstraits, ceux de la science ont un côté magique, qui plaît d’ailleurs aux plus jeunes. Peu importe qu’ils n’en aient jamais entendu parler. C’est justement l’occasion de les découvrir et de se les approprier !
En revanche, je me retrouve dans la notion de médiation. Nous cherchons à faire découvrir la démarche scientifique, une démarche qui procède à partir d’expérimentations et d’hypothèses. Le rôle du médiateur consiste alors à aider les élèves à manipuler les instruments mis à disposition et à interagir entre eux. Car la recherche, c’est aussi une démarche collective.

– Qu’est-ce qui vous a motivée à participer aux ateliers de la MISS ?

Je suis en 2e année de thèse de doctorat, en biochimie, à l’Institut Curie du campus d’Orsay. Ce qui m’a motivée, c’est d’abord l’opportunité de faire découvrir la science et la manière dont on la pratique. Pour beaucoup d’élèves, elle reste encore un univers méconnu ou qui paraît inaccessible. A commencer pour les filles. Les ateliers de la MISS me donnent l’occasion de les convaincre que la science n’est pas réservée qu’aux garçons, qu’elles aussi peuvent faire des études scientifiques. Tout comme moi.

A lire aussi les entretiens avec Camille Baida, médiatrice de l’association ArkéoMédia (pour y accéder, cliquer ici) ; Ludmilla Guduff, doctorante en chimie analytique, à l’Institut de chimie des substances naturelles, le pôle chimie du campus CNRS de Gif-sur-Yvette (cliquer ici) ; Mélanie Guenais, enseignante-chercheuse du département de mathématiques d’Orsay (cliquer ici) et Raphaëlle Momal, doctorante en mathématiques appliquées, d’AgroParisTech/Inra (cliquer ici).

Publié dans :

Sylvain Allemand
Sylvain Allemand

Journaliste

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